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Du «cash» pour faire libérer les otages Par Madiambal Diagne

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Le chef rebelle César Atoute Badiate vient de relâcher les neuf démineurs qui avaient été pris en otage. Le Sénégal aurait consenti à renoncer au déminage d’une zone délimitée par le chef rebelle. Ce qui constituerait une concession grave qu’une partie, aussi infime soit-elle du territoire national, échapperait ainsi à la souveraineté nationale ! Mais il s’y ajoute qu’il avait beaucoup été question d’argent dans les tractations pour la libération des otages. Personne ne l’avouera certainement, mais de l’argent avait été donné dès les premiers contacts avec César Atoute Badiate dans le cadre des négociations en vue de la libération des otages.

En effet, sous le prétexte d’entretenir les otages retenus par les rebelles à Kassolole, les émissaires de l’Etat du Sénégal avaient donné discrètement à César Atoute Badiate, en mains propres, de l’argent dont le montant reste encore inconnu, pour des vivres et des soins médicaux que nécessiterait le confort des otages qui, d’après le chef rebelle, ne se satisfaisaient pas de la nourriture qui leur était servie. On peut bien s’imaginer que la nourriture et les médicaments payés avec cet argent n’auront pas été servis qu’aux seuls otages. On retombe ainsi dans les travers tant décriés, depuis l’ère du Président Abdou Diouf, que de fortes sommes d’argent continuent de circuler ainsi dans le maquis et que même l’Etat du Sénégal s’engageait, jusque dans un passé récent, à pourvoir au ravitaillement des rebelles en cantonnement. N’est-ce pas Farba Senghor qui se vantait du temps du Président Abdoulaye Wade d’acheter des vivres et autres condiments et denrées pour les rebelles du Mfdc ? Il faut dire que devant l’incapacité de son Armée à faire libérer les otages, le Président Macky Sall s’était senti obligé de trouver des voies et moyens propres, aidé par les autorités de Bissau, pour sortir du guêpier, ces concitoyens qui étaient en mission humanitaire de déminage. Il semble en avoir désormais tiré la leçon d’interdire le déminage humanitaire pour ne plus risquer la sécurité de civils. Le Chef de l’Etat n’en est pas à sa première mauvaise expérience du genre car, durant une année, des militaires sénégalais avaient été détenus par des factions armées proches du chef de guerre Salif Sadio ; sans que l’Armée nationale ne réussît à mettre en place une opération de sauvetage de ses hommes pris en otage. Il aura fallu recourir à la facilitation de la Gambie pour faire libérer les militaires pris en otage. Il se supputait que de l’argent avait été donné au passage. C’est peut-être cela qui avait incité l’autre chef rebelle César Atoute Badiate à mettre la main sur des démineurs afin d’avoir lui aussi une certaine part de rançon. On ne le dira jamais assez, la pratique de paiement de rançon, sous quelque forme que ce soit et sous tous les cieux, encourage les opérations de prise d’otages.
Le 8 février 2013, Vicki Huddleston avait révélé sur la chaîne française iTélé que la France avait versé 17 millions de dollars à Aqmi pour faire libérer ses otages enlevés en septembre 2010 sur le site minier d’Arlit au nord du Niger. Vicki Huddleston est une grande diplomate américaine. Elle avait servi comme ambassadrice de son pays au Mali avant que l’administration Obama ne la nommât de 2009 à 2011, vice-ministre de la défense chargée des Affaires africaines. Elle sait donc de quoi elle parle, surtout qu’en dépit des dénégations embarrassées du gouvernement de Nicolas Sarkozy, tout le monde avait l’intime conviction qu’entre l’Etat français et Areva, quelqu’un avait payé au chef des preneurs d’otage le terroriste Mocktar Ben Mocktar. Mme Huddleston, aujourd’hui à la retraite, et qui n’est plus liée par l’obligation de réserve, savourait sa révélation, car comme l’administration Obama, elle a toujours refusé le principe de paiement de rançon aux preneurs d’otages. Les sommes d’argent versées aux terroristes leur permettent de s’équiper et de se doter de moyens pour davantage faire mal. Le Président François Hollande disait aux familles des otages français encore détenus au Sahel que si d’autres n’avaient pas payé des rançons, peut-être que leurs proches ne seraient pas retenus en otages.  Mais les révélations de Mme Huddleston, ont un autre mérite. Elles jettent la lumière sur les responsabilités des gouvernements africains. En effet, Mme Huddleston affirmait que la rançon payée avait transité entre les mains du gouvernement malien, qui s’était chargé de la remettre aux preneurs d’otages.  «Les rançons, comme toutes les rançons, ont été payées indirectement. Elles ont terminé entre les mains du gouvernement malien et ensuite elles sont retournées, du moins en partie, aux salafistes», a-t-elle précisé. On se demande alors la responsabilité du chef de l’Etat malien Amadou Toumani Touré dans toutes ces histoires, lui qui se la coule douce à Dakar. Dans cet imbroglio, on retrouve Ahmad Chaafi, cet occulte conseiller du Président burkinabè Blaise Compaoré, et dont le nom est cité dans tous les mauvais coups politiques, militaires et terroristes qui ont pour théâtre la zone du Sahel. Dire que c’est cet homme qui avait provoqué une crise diplomatique entre le Sénégal et la Mauritanie aux premières semaines de l’arrivée au pouvoir du Président Macky Sall. La Mauritanie, demandait au Sénégal de lui livrer son ressortissant, Ahmed Chaafi, poursuivi dans son pays pour une affaire de tentative de coup d’Etat. Le Président Macky Sall refusa net et la presse avait affirmé que le chef de l’Etat sénégalais avait poussé la défiance jusqu’à faire dormir dans son propre domicile privé, l’homme recherché qui se trouvait être son ami et qui aurait été à Dakar pour une mission officielle du Burkina Faso.
lequotidien.sn

2 Commentaires

  1. Que Madiambale ferme sa gueule…il a toupet de parler des pratiques malsaines qu’on combattait sous Wade! Et pourtant l’amnistie fiscale qu’il vient de bénéficier, lui et ses pairs, auprès de l’Etat était aussi dénoncée! Alors, faut pas nous prendre pour des couillons! Le Sénégal est infesté de détestables personnes, et Madiambale et césar Atoute en font partie!

  2. Dans n’importe quels autres pays de droit démocratique, les journalistes et les hommes politiques responsables auraient demandé qu’une enquête parlementaire soit diligentée pour en savoir plus afin d’édifier les citoyens.
    A ce tari, rien n’empêcheraient , que d’autres groupes de simples bandits de grands chemins, voire d’autres factions rebelles fassent d’autres otages pour arrondir leurs fins de mois pour les prochaines fêtes de Korité et de Tabaski! Plus ça va, plus j’ai l’impression que ce gouvernement nous surprend dans le mauvais sens, alors que des solutions existent pour résoudre définitivement ce problème. Mais encore, faudrait avoir le courage !

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