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Du contre-pouvoir par Bosse Ndoye

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Du contre-pouvoir
Ces derniers temps, il s’est passé dans le monde plusieurs événements dont devraient s’inspirer nos concitoyens (surtout nos dirigeants) et institutions afin de consolider notre jeune démocratie et d’améliorer la justice sociale parfois chancelante dans le pays. Aux États-Unis, l’annulation par la cour d’appel du décret présidentiel discriminatoire envers les immigrants provenant de certains pays musulmans rappelle qu’il est ô combien important et nécessaire d’avoir des contre-pouvoirs dans un pays pour le fonctionnement en toute indépendance de ses différentes institutions. Pour autant, dans la vie politique d’une nation démocratique, cette étape n’est pas atteinte fortuitement. Au contraire, elle est la conséquence logique d’une séparation effective et claire des différents pouvoirs traditionnels : le législatif, le judiciaire et l’exécutif. Mais au Sénégal l’« étanchéité » entre ceux-ci n’est pas tout toujours marquée, car l’exécutif, par son omniprésence et sa toute-puissance, étouffe souvent les autres pouvoirs. Ce qui fausse leur rôle, nuit à leurs compétences et entraine la méfiance des populations à leur égard. C’est ce qui est malheureusement en train d’arriver à notre justice. Beaucoup de nos compatriotes ont perdu confiance en elle parce qu’ils la jugent partiale et la considèrent surtout comme étant au service du pouvoir, des riches et des célébrités. Ce qui n’est pas tout à fait faux puisque les exemples peuvent être légion pour le prouver.
Du bon usage des médias
En France, le travail remarquable effectué encore une fois par certains journalistes du Canard Enchainé et de Médiapart…dans ce qui pourrait être nommé l’affaire François Fillon – candidat du Parti des Républicains dont le chemin menant à l’Élysée pour présider aux destinées des Français, maintenant compromis, semblait pourtant déjà tracé pour les prochaines élections présidentielles -, montre que le journalisme, s’il est exercé par des professionnels consciencieux peut toujours rester ce quatrième pouvoir dont on l’a toujours affublé; donc un véritable contre-pouvoir. Ce qui est loin d’être le cas au Sénégal, où le niveau de nombreux journalistes ou prétendus tels laisse à désirer et l’absence de rigueur dans leurs analyses et leur parti pris faussent souvent leur travail. Pire, plusieurs d’entre eux se rangent toujours du côté du pouvoir et n’hésitent pas à le flagorner afin de bénéficier des privilèges qu’il peut leur procurer.
De l’engagement citoyen et du bon usage des nouvelles technologies
Un engagement citoyen peut jouer aussi ce rôle de contre-pouvoir. Beaucoup de personnes l’ont démontré récemment aux États-Unis et dans maints autres pays dans le monde pour faire reculer des autorités politiques ayant essayé d’outrepasser leurs prérogatives et/ou de se tailler des lois à leur mesure afin de s’éterniser au pouvoir ou de régner en toute impunité. C’est ce qui s’est passé en Roumanie, où la population a manifesté massivement dans les rues pour obliger le gouvernement de retirer un décret dont l’objectif était de faire échapper la classe politique dirigeante à la justice pour certains actes commis lors de l’exercice de leurs fonctions. En France, le maire d’Aulnay-Sous-Bois et nombre d’habitants de sa localité se sont levés pour faire sanctionner quatre dépositaires de l’autorité publique (policiers) qui se croyaient intouchables et au-dessus de la loi. Le film de leurs actes odieux commis sur un jeune homme de vingt-deux ans et la mobilisation citoyenne ont en autres conduit à leur mise en examen : un pour viol et les trois pour violences en réunion. Ce qui prouve encore une fois que, de nos jours, les nouvelles technologies ont changé la donne grâce à leur capacité à fédérer les forces vivantes d’un pays et la possibilité qu’elles leur donnent pour dénoncer les abus de pouvoir de n’importe quelle autorité à un niveau plus étendu. De ce point de vue, les opinions publiques conscientes de leurs forces peuvent constituer un redoutable contre-pouvoir.
De la nécessité des garde-fous pour contrer les dérives humaines
Un équilibre est nécessaire à toute chose pour son bon fonctionnement. Encore plus à des institutions étatiques ne serait-ce que pour maintenir la stabilité politique, la paix et la justice sociales qui sont nécessaires au vivre-ensemble dans un pays. Dès lors nous devons avoir à l’esprit cette pensée toujours d’actualité de Montesquieu : « (…) C’est une expérience éternelle, que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites (…) Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. » Et le coran de nous dire à la sourate 2 au verset 251: « Et si Allah ne neutralisait pas une partie des hommes par une autre, la terre serait certainement corrompue… »
BOSSE NDOYE
Montréal
[email protected]
Auteur de : L’énigmatique clé sur l’immigration; Une amitié, deux trajectoires; La rançon de la facilité.

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