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Du développement à l’émergence : même appât, même péché de la gouvernance africaine

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L’Afrique est engluée dans le marasme économique sans toutefois oser s’émanciper des goulots d’étranglement. Les institutions financières internationales font croire que la productivité est la mesure du progrès social et, que c’est à leur image que les africains parviendront au salut et à la béatitude. Nous y croyons tels des automates au point de nous projeter euphoriques dans l’émergence et dans la mondialisation des critères d’éclat. Que nenni! « L’occident n’a théorisé l’universel que pour se prévaloir d’une supériorité particulière ».

Nous ne sommes pas en retard, nous avons naïvement emprunté le mauvais chemin, la voie décadente déjà expérimentée par sorcier blanc, pâle de désillusions. Cette voie mène à l’accaparement de l’intérêt général par la caste oligarchique des finances. Voilà que notre avenir tient à une meilleure organisation de la sobriété, à la mise sur pied d’institutions qui naitront de nous-mêmes, c’est-à-dire conformes et enveloppantes. L’Afrique n’a pas d’autre choix que d’outrepasser l’unité et l’intérêt des plus puissants pour se concentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire sur la douce finalité de son équilibre et de sa sérénité habituelle.

Sur ordre des maitres-penseurs, nous nous démenons comme des diables pour rattraper le gap énergétique en misant sur la croissance, hypothétique production de richesses. Quelle aberration que d’ambitionner par exemple l’électrification rurale alors que les cités, déjà en besoin, n’en ont même pas assez. Pendant que le fanatisme économique des pays du nord condamne les écosystèmes au dépérissement, nous reproduisons ce modèle caduc. En dépit de leur condescendance, les donneurs de leçons savent très bien qu’ils ont franchi la porte du non-retour. Leurs besoins phénoménaux sont dorénavant étouffés de ruptures et de saturations.

Malgré tout, l’élite africaine, en toute conformité, tâtonne dans l’imbroglio des pensées désuètes. Voyez-vous? Elle tente de supprimer les subventions dans la consommation d’électricité alors qu’elle continue à se plastronner en voiture 8×8 avec des bons d’essence à gogo. De qui se fout-elle? Rien n’a changé, depuis les indépendances, les africains s’inscrivent dans cette aberration de prestige et de reproduction sans la moindre mesure de leur capacité de faire autrement et mieux. D’où cette aliénation baptisée, sans aucune résistance, afro pessimisme. Ce défaitisme traduit une résignation à l’arrimage manqué et sans cesse renouvelé de nos politiques à l’ordre économique mondialisé.

Du totalitarisme chinois à la brutalité du libéralisme économique, notre modèle doit émerger depuis le tréfonds distinct de quêtes simples de paix et de sens. L’Afrique véritable ne cherche pas d’artifice, elle trouve en toute simplicité son bonheur dans la chaleur des liens et des prescriptions. Pourquoi ne pas opter pour une troisième voie, celle de la réconciliation, celle d’une politique publique qui conçoit la nature et ses ressources, non pas dans leur sens utilitaire, mais selon leurs valeurs propres. Plus que de l’écologisme, il va s’agir de respect et de dévouement à la conservation de l’environnement.

Pendant que l’Europe et l’Amérique peinent à redresser la barre vers l’économie durable, nous répondons tout béni-oui-oui à leurs injonctions de pareil au même. Quelle stupidité! Ne savons-nous pas que nous n’aurons jamais leur agrément parce qu’elles n’ont pas intérêt à nous voir émergés et encombrants du coup? Nous ne pouvons compter que sur d’éventuels avantages comparatifs dont seuls leur capricieux marché admirera la capacité d’anticipation sur les critères nouveaux d’originalité et de tempérance. À nouveau, l’histoire s’ouvrira à l’Afrique, inoffensive de spiritualité et fidèle complice de la nature invincible.

Dans les pays rapidement industrialisés, la pollution des écosystèmes a eu des conséquences nuisibles sur le bien-être et l’avenir des populations. La Chine est un exemple frappant d’une émergence au prix d’irréversibles ravages écologiques. Les scientifiques nomment « transition de phase » une transformation d’un quelconque système provoquée par la variation d’un paramètre extérieur. Les systèmes économiques changent de phases et doivent se conformer continuellement. Dès lors, l’ère de la société de consommation est derrière nous et, l’Afrique doit s’y résoudre par la sauvegarde et la protection de son écosystème. Il y va de notre avenir et de notre dignité, longtemps bafouée.

Birame Waltako Ndiaye

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