Le procès de Karim WADE est parti pour battre tous les records connus jusqu’ici en matière judiciaire: record de durée, de tergiversations, de dilatoire, de contradictions et… d’honoraires versés. Ce procès lui-même fait couler beaucoup d »encre et de salive; les partisans du prévenu parlent d’acharnement avec une exagération recherchée, mais ils ne croient pas si bien dire, il faut appeler un chat un chat : on s’acharne bien contre les voleurs de poules qui, eux, n’ont lésé qu’une seule personne alors que ce genre d’individus ont porté préjudice à toute une nation. De toute façon, Il ne sera pas facile de découvrir la vérité dans le cas d’espèce, surtout si on a affaire à un politicien retors ; on dit que « la vérité se cache au fond d’un puits », mais le crime parfait n’existe guère, le délinquant commet toujours une petite erreur, qu’une certaine perspicacité permet de déceler, comme l’ont montré les Américains avec les 15 milliards débusqués récemment. Les avocats feraient donc mieux de s’employer à prouver rapidement l’innocence de leur client, au lieu de s’époumoner derrière on ne sait quelles exceptions .Quant aux « maraboutons « qui piaillent çà et là, ils ont perdu les faveurs indues que leur octroyaient l’ancien régime; « et la source est tarie où buvaient les troupeaux ». Ces mêmes partisans auront beau jeu de parler de prisonnier politique mais c’est peine perdue. Les délits d’enrichissement illicite et de corruption sont des infractions de droit commun; il n’est d’ailleurs pas juste que leurs auteurs bénéficient d’un quelconque privilège, bien au contraire. Devrait-on privilégier celui qui a accaparé les biens qui appartiennent à tout un peuple, le mettre dans une prison dorée pour ensuite le laisser jouir du fruit de ses rapineries? La prison n’est pas toujours un raccourci vers le pouvoir sauf, dans le cas de ceux qui y sont injustement; ceux-là mêmes qui sont embastillés du fait de leurs opinions et idées politiques; eux sont des martyrs qui peuvent mériter la sympathie du peuple. Ceux qui n’ont jamais enduré le martyre, mais qui se la coulaient douce sur les bords de la Tamise pendant que les autres bravaient les grenades lacrymogènes, ne peuvent, le temps d’un procès, se transformer en opprimés. Le Sénégal est un pays paradoxal, où ceux qui devraient se taire et se terrer sont les plus bavards; ici, ce sont les voleurs qui crient aux voleurs, hélas. Des gens qui, à l’heure actuelle, auraient dû croupir en prison, ont la langue bien pendue.
Celui qui, dans cette affaire, s’en est remis finalement à Dieu après avoir menacé en vain de déstabiliser le pays, nous revient avec une promesse de solution-miracle, le 23 juin, dit-il.! Combien d’années a-t-il dirigé le pays sans jamais trouver de solution? Plutôt que de le redresser, il n’a fait que contribuer à sa désintégration. Et son ex-dauphin qu’une jalousie morbide et un empressement maladif empêchent de voir la réalité en face au point de mettre sur pied une CA 2017, constituée de poids très, très légers. Les Wolofs ont un proverbe que le pape du Sopi gagnerait à méditer : »Thiaga dou diglé sey », une femme répudiée avec juste raison ne peut donner des conseils à une jeune mariée.
Yatma DIEYE, professeur d’anglais, Rufisque