Lors du Conseil des ministres décentralisé à Kédougou, au mois d’avril passé, le Président Macky Sall avait affirmé qu’un terme sera mis au plus tard en fin mai, aux problèmes dus à l’exploitation traditionnelle de l’or dans les diouras (sites d’orpaillage traditionel) régions de Kédougou et de Tambacounda. Ce, pour non seulement relancer l’agriculture qui est en perte de vitesse dans ces zones, et réorganiser le secteur aurifère afin que l’or extrait du sous-sol puisse bénéficier aux Sénégalais. Seulement, depuis l’effectivité de la mesure, la situation est préoccupante avec des risques de famine. Ce qui a fini d’installer le désarroi chez les orpailleurs, les opérateurs économiques, les populations locales et autres acteurs. A ce jour, même si dans les domaines de la sécurité et de la santé, les acteurs saluent la mesure ; c’est tout le contraire pour l’économie qui est en veilleuse.
En ce début de matinée, l’atmosphère n’est pas la même à Kharakhéna, site d’orpaillage de renom du département de Saraya frontalier au Mali voisin et situé dans la région de Kédougou. L’odeur de la fine pluie qui s’est abattue hier à la veille de notre passage embaumait l’air et les sentiers qui mènent aux diouras étaient empreints de traces de gouttelettes d’eau de pluie. Un calme plat règne dans ce village qui, il y a quelques mois, vivait sous le rythme des klaxons stridents des voitures, motos en tricycle, motos de vitesse et autres engins. Même le gazouillement saisonnier des oiseaux se fait rare. Le volume de la musique sonore des pilons servant à écraser les morceaux de pierres pour la recherche d’or est au ralenti et ne réveille plus les villageois au petit matin. Les arbres ne sont pas en reste. Visiblement, ils se plaignent de l’absence de leurs hôtes habituels.
Les huttes de fortune communément appelées Niaffa se sont vidées de leurs invités quelques fois passagers. Certains peinent à rester debout alors que d’autres sont complètement détruits et croulent par terre. En cause, la fermeture «brusque» des sites d’orpaillage traditionnels enclenchée par l’Etat au motif de relancer l’agriculture dans la région et de réorganiser davantage le secteur qui avait fini de ravir la vedette au secteur agricole.
Treize sites d’orpaillage ont été fermés dans la région de Kédougou et trois dans celle de Tambacounda. Quel que soit le motif avancé par l’Etat, les orpailleurs traditionnels n’y vont pas par le dos de la cuillère pour fustiger la décision «unilatérale» de la fermeture de leur seul moyen de subsistance. D’ailleurs, à Kharakhéna comme à Sambrambougou et Diakhalingue, la situation est pareille : c’est la désolation totale.
Le chef du village de Diakhaling, Fartama Cissokho, ne porte pas de gants pour contester la mesure : «Tout ce qu’on n’a pu réaliser jusqu’à ce jour, c’est grâce à l’orpaillage et non à l’agriculture.» Toujours selon lui, l’Etat a agi d’une manière «maladroite» en fermant «brusquement» les sites d’orpaillage. Car dit-il : «Même un locataire avant de le faire sortir, on lui donne un préavis.» Encore que, renseigne notre interlocuteur, à propos du motif avancé par l’Etat pour la fermeture des diouras : «Personne ne sait mieux que nous si l’agriculture nous rapporte ou pas.» Et Cissokho de rappeler : «Il y a de cela quelques années en arrière, on ne connaissait que l’agriculture. C’était notre activité principale et on cultivait des champs de maïs et d’arachide à perte de vue.»
Chemin faisant, poursuit ce dernier, «l’écoulement de nos produits nous a toujours posé problème. C’est une partie de nos rendements qu’on arrivait à écouler et difficilement. Pour ne pas dire qu’on ne s’en sortait pas». C’est par la suite que les villageois de Diakhaling ont décidé d’essayer l’orpaillage. «On s’est rendu compte qu’on avait plus d’avantages dans l’orpaillage que dans l’agriculture». «C’est avec cette activité qu’on assure la scolarisation de nos enfants parmi lesquels certains sont à l’université et les besoins de nos familles», renchérit le chef de village. Pour lui, ce n’est pas du jour au lendemain que les orpailleurs pourront renouer avec le travail de la terre, surtout quand ils ne s’y attendent pas. Maintenant, selon notre interlocuteur, l’Etat a pris sa décision et l’a matérialisée par le déploiement des forces de sécurité sur les sites d’orpaillage. «On ne peut rien contre la volonté de l’Etat. Mais on ne peut également nous imposer ce qu’on doit faire.»
D’ailleurs, d’après ces derniers, l’Etat aurait pu engager des discussions avec les concernés pour voir dans quelle proportion la décision était applicable dans la mesure où, dévoile M. Cissokho : «On peut allier les deux activités.»
Tout comme ce dernier, Ibrahima Sory Diallo, coordonnateur de la Coalition nationale des organisations de la Société civile sur la gouvernance des ressources minérales, n’approuve pas la manière dont l’Etat a procédé. Car soutient-il : «L’Etat doit arrêter cette mesure coercitive et appeler les acteurs à une concertation.» Quand bien même le sieur Diallo approuve l’idée. Mais la manière dont la mesure a été rendue opérationnelle par l’envahissement des sites d’orpaillage par les forces de sécurité n’était pas la meilleure, selon lui, pour favoriser un climat de paix et une fermeture apaisée. «Etre cultivateur dans ces zones, c’est être pauvre. L’or rapporte plus», renseigne Idrissa Soumaré, opérateur économique.
Conséquences fâcheuses pour l’économie
Les conséquences de la fermeture des sites d’orpaillage sont multiples et diverses. Elles sont appréciées diversement selon les secteurs d’activités affectés par la mesure. L’économie reste le secteur le plus touché. Rien ne bouge depuis que les sites d’orpaillage ont été arrêtés. Idrissa Soumaré, opérateur économique, dira : «C’est la cata depuis que l’Etat a fermé les sites d’orpaillage. L’économie est au point mort.»
Toujours sur le même registre, Soumaré se plaint : «Economiquement, ce que l’orpaillage tradtionnel nous a apporté, ces dix dernières années, Sabodala ne l’a pas apporté à la population.» Mieux, informe notre interlocuteur : «Sabodala nous a crée plus de torts que de biens.» Pour ce dernier, ces torts ont occasionné une perte en vie humaine : le décès du jeune Sina Sidibé lors des évènements malheureux du 23 décembre 2009.
Dans le secteur bancaire, la situation est pareille voire pire. D’après le chef d’agence d’une banque de la place qui s’est couvert de l’anonymat, «il y a une chute dans les activités économiques». Cela a entraîné, à son avis, des pertes sur deux produits au niveau de sa banque : l’épargne et le transfert d’argent qui se faisaient à flots. A en croire notre interlocuteur, les banques sont de moins en moins liquides. Pour cause, les orpailleurs qui épargnaient des centaines de millions le mois n’épargnent plus comme avant. Pire, révèle notre source : «Il y a plus de retraits que de versements sur leurs comptes.» Pour le service de transfert d’argent, «le rythme a baissé de 50%. Il n’y a plus d’affluence depuis l’effectivité de la mesure».
Dans une autre banque de la place, le chef d’agence révèle que les transactions bancaires, faites l’année dernière et qui ont trait à l’orpaillage, excèdent les 100 milliards de francs. C’est dire, selon ce dernier, combien le secteur de l’orpaillage fait vivre l’économie dans cette région.
Le constat est le même au marché central de Kédougou où les commerçants sont obligés de revoir à la baisse leurs commandes et de rapatrier les marchandises qu’ils avaient déjà convoyées sur les sites d’orpaillage pour leur écoulement. C’est le cas de Demba, commerçant audit marché, qui informe : «On se sent mal depuis la fermeture des sites d’orpaillage. Nos marchandises sont là, personne ne les achète. La vie est dure et on passe des journées à regarder nos marchandises qui peinent à trouver un acquéreur.»
Pour revaloriser le secteur de l’agriculture, ce dernier estime que l’Etat n’avait pas besoin de fermer les sites d’orpaillage, car «ceux qui doivent cultiver sont en train de cultiver et ceux qui sont aux diouras on ne peut pas les imposer de cultiver».
Les mécaniciens ne sont pas non plus en reste. Ces dernières années, avec l’avènement et l’évolution rapide du secteur de l’orpaillage, le secteur de la mécanique a connu un essor jusque-là jamais égalé à Kédougou. Ibrahima est un jeune mécanicien, qui avait quitté Kédougou pour implanter son atelier dans les diouras. Il a été contraint de plier bagages à la suite de l’intervention des forces de sécurité pour fermer les sites. «On a perdu beaucoup d’argent avec la fermeture des sites d’orpaillage. Moi qui vous parle, ce sont les sites d’orpaillage qui me donnent ma dépense quotidienne et il y a des centaines de jeunes comme moi qui dépendent de ce secteur», raconte le jeune Ibrahima en tenue de travail. A son avis, «par sa décision, l’Etat envoie plusieurs familles dans la famine et des jeunes au chômage forcé».
Pour sa part, Ibrahima Sory Diallo, président de la Coalition des organisations de la Société civile sur la gouvernance des ressources minérales, n’a pas manqué de souligner qu’arrêter l’orpaillage dans une région qui en dépend revient à «envoyer des familles entières dans l’extrême pauvreté». Pour lui, l’exploitation artisanale de l’or a transformé la région de Kédougou en un «gigantesque centre économique». Même les travaux connexes qui s’étaient développés autour des sites d’orpaillage comme la vente de glace par des femmes de Kédougou en ont subi les conséquences. Sadio Keïta, vendeuse de glace et de boisson au site de Kharakhéna, de s’en plaindre : «On a la vague dans l’âme. C’est comme si nous n’étions pas des Sénégalais car cette mesure signe notre arrêt de mort. On ne compte que sur la vente de glace pour nourrir notre famille et nous faire plaisir.» En effet, le sachet de glace qui est vendu à 150 francs Cfa voire 200 francs Cfa à Kédougou est revendu à 500 voire 600 francs Cfa sur les sites d’orpaillage. Un business qui rapporte gros si on s’en tient aux propos de Sadio Keïta qui lance : «On peut gagner entre 50 000 et 75 000 francs par jour. Il arrive même qu’on atteigne les 100 000 francs Cfa.» Pour étayer ses propos, Idrissa Soumaré clame : «Ce n’est pas que pour la glace, mais même les marchands ambulants de Dakar implantés dans les sites d’orpaillage se frottaient les mains. Parce que les choses bougeaient, il y avait de la matière. C’était le vrai Yoonu Yokkuté jusqu’ici. Même s’il faut reconnaître qu’il a fini par virer au Yoonu yakkuté avec cette mesure impopulaire.»
Ebola et l’hépatite E accélèrent le processus
Avec l’apparition du virus hémorragique ébola en Guinée, la fermeture des sites d’orpaillage traditionnels s’est avérée être inéluctable pour barrer la route à la maladie. Cette nouvelle donne a conforté les autorités sénégalaises dans leur position de fermeture desdits sites pour limiter les dégâts. Pourtant, avant la découverte de cette maladie, les autorités sanitaires avaient déjà tiré la sonnette d’alarme pour attirer l’attention du ministère de la Santé sur le risque de propagation de maladies que constituaient les sites d’orpaillage. A cet effet, après l’arrêt de l’orpaillage traditionnel, toutes les communautés d’origines diverses se sont ruées vers la commune de Kédougou pour s’y réfugier. Cela n’a pas été sans conséquence pour les populations locales et même les autorités sanitaires avec l’apparition de l’hépatite E, étrangement similaire à la fièvre jaune.
A ce sujet, le médecin-chef de région, Habib Ndiaye, renseigne que «tous les cas d’hépatite E proviennent des sites d’orpaillage traditionnel». Ce dernier n’a pas manqué de prendre le contre-pied de ses prédécesseurs pour se réjouir de l’arrêt de l’orpaillage traditionnel. Pour ce qui est du secteur de la santé, «la fermeture des sites d’orpaillage est salutaire», lance-t-il. Comme l’hépatite E, on redoutait qu’avec la porosité de nos frontières avec les pays de la sous-région comme la Guinée que les premiers signes de la maladie se signaleraient dans les sites d’orpaillage. Tellement que ces lieux recevaient du monde.
A Kharakhéna, on compte plus de 300 000 personnes, ce site est deux fois plus peuplé que la commune de Kédougou. Cependant, à ce jour, d’après des sources sécuritaires, «aucun cas de fièvre ébola n’a été constaté dans la région». A la frontière séparant la région de Kédougou et la République de Guinée, règne un calme précaire. Néanmoins, aucune entrée ou sortie n’a été observée et ceci grâce á la vigilance des forces de sécurité. Les rapports entre les forces de sécurité guinéennes et sénégalaises «sont au beau fixe» malgré la fermeture des frontières, renseigne-t-on.
De la restauration de la sécurité
Il y a de cela quelques mois, les cas d’agression, les éboulements occasionnant des pertes en vie humaine dans les diouras, les braquages routiers étaient devenus monnaie courante à Kédougou, notamment dans le département de Saraya. Un jour ne passait sans que les hommes en bleu ne soient en alerte et prêts à intervenir. Le grand banditisme avait fini de s’installer par le biais de réseaux de malfrats. Avec la nouvelle mesure, depuis un certain temps, il y a l’accalmie à Kédougou, même dans les villages abritant les sites d’orpaillage. A en croire Ousmane Sadiakhou, «c’est vrai que la fermeture des sites d’orpaillage nous a affectés. Mais, on se sent plus en sécurité». Et ce dernier de rappeler : «Au mois de mars dernier, des coupeurs de route avaient emporté 45 millions avec 3 kg d’or. Ils étaient armés de la tête au pied». Ce, parmi tant d’autres cas qui ont été gérés par les brigades de gendarmerie de Saraya et de Kédougou. Une situation qui a valu la création de nouveaux postes de sécurité. D’après certaines sources sécuritaires, depuis le début des activités d’orpaillage à Kharakhéna et environs, le village était devenu la cible privilégiée des braqueurs et autres malfaiteurs. Ces derniers tiraient profit de sa situation géographique. La recherche du gain facile par les acteurs a permis à certains malfaiteurs d’installer un climat d’insécurité dans le village. Une résultante de la politique d’ouverture des frontières menée par les autorités en faveur des ressortissants des pays de la sous-région comme le Mali, la Guinée et le Burkina Faso. Ces derniers sont d’ailleurs accusés d’être à l’origine de la spoliation des ressources de la région et de contribuer à la dégradation de l’écosystème par la coupe abusive des arbres.
A la suite de l’interdiction de l’orpaillage traditionnel sur toute l’étendue de la région, celle-ci connaît depuis un certain temps un calme précaire, grâce aux patrouilles de sécurisation organisées dans la frange frontalière avec le Mali et la Guinée par les éléments en poste à Kharakhéna et environs pour une meilleure surveillance de la circonscription et des sites d’orpaillage. Ces opérations de sécurisation qui ont permis d’enregistrer d’importants résultats comme l’arrestation d’un des cerveaux de la bande qui écumait le long de la frontière, encouragent les autorités militaires de Kédougou à poursuivre ces opérations pour mieux asseoir la sécurité dans la région. Les gendarmes se sont redéployés sur les différents sites d’orpaillage et y veillent de jour comme de nuit avec l’appui des villageois.
En outre pour certains, la pertinence de la fermeture des sites d’orpaillage pour garantir une certaine sécurité des populations reste à voir. Car de l’avis du sieur Diallo, «l’oisiveté est la mère de tous les vices. Alors, la fermeture qui force les orpailleurs au chômage ne règle en rien la question de l’insécurité». Et ce dernier de poursuivre : «L’insécurité à laquelle on fait allusion, c’est en brousse.» Là aussi, précise-t-il : «C’est la faute à certaines personnes qui éprouvent le malin plaisir de circuler librement avec des centaines de millions et des lingots d’or en pleine brousse.» Dans le même sens, un banquier de la place martèle : «Le pire c’est qu’en voulant assurer la sécurité, une autre forme d’insécurité est en train de prendre place dans la commune.» A l’en croire, quand les orpailleurs et autres étrangers finiront par dépenser leurs sous, ils n’auront comme recours que de commettre des vols pour subvenir à leurs besoins. C’est encore «pire», prévient-il.
Tout comme lui, Idrissa Soumaré, opérateur économique, laisse entendre que l’insécurité qui régnait sur les sites d’orpaillage est due au fait que l’Etat «n’a pas pris en compte les teneurs de l’or alluvionnaire dans ces zones. Sinon, il aurait pris les mesures idoines pour sécuriser les populations». Selon notre interlocuteur, «ce n’est pas avec l’arrêt brusque de ces sites que l’Etat parviendra à régler cette question».
Hormis les braquages, d’autres sources d’insécurité se sont développées autour de l’exploitation de l’or. Il s’agit, entre autres, de l’utilisation de produits chimiques comme le mercure, le cyanure, la vente de boissons alcoolisées sans autorisation, l’usage de drogue, la prostitution qui, jusque-là, était érigée en règle.
Avant la mesure de fermeture, la prostitution qui était l’affaire des Nigérianes, Burkinabè et Maliennes est devenue une activité rare. La situation économique actuelle ne permet plus à ces filles de joie d’avoir une assise financière considérable. D’ailleurs, renseigne des sources sécuritaires, «certaines parmi elles ont commencé à plier bagages en direction du Mali où elles comptent mener leurs activités dans d’autres villages aurifères».
L’Etat entre le marteau des compagnies et l’enclume des orpailleurs traditionnels
Même si depuis l’année dernière, la compagnie minière Teranga gold corporation en exploitant l’or de Sabodala a intégré la promotion économique dans sa politique sociale à côté de l’éducation et de la jeunesse dans le cadre de la Responsabilité sociétale de l’entreprise (Rse), la matérialisation de ces actes tarde à se faire sentir, aux yeux des populations. A tel point que les complaintes de ces dernières ne tarissent point à propos de l’emploi des jeunes de la région.
La fermeture des sites d’orpaillage par l’Etat n’a fait qu’augmenter l’impopularité des sociétés minières au niveau local. Très remonté contre les compagnies minières implantées à Kédougou, Idrissa Soumaré dénonce : «C’est grâce à l’orpaillage tradtionnel qu’on parle de Kédougou. Les compagnies minières ne nous servent à rien.» Toujours selon ce dernier, «Kédougou n’a jamais senti les retombées de l’exploitation minière faite par Sgo». Pire, dénonce-t-il : «Nous sommes pillés et nos terres sont spoliées par cette dernière.»
Pourtant, le rapport 2013, présenté au mois d’août passé, indique que la bagatelle de 405 millions 574 mille francs Cfa a été déboursée par la société dans le cadre de la Rse en 2013 pour assumer sa politique sociale. Ce, malgré la baisse du chiffre d’affaires qui a été constatée par rapport à l’année 2012 où la production était de 6,6 tonnes d’or. Par opposition aux propos de M. Soumaré, le rapport de 2013 de la compagnie minière Tgo montre que l’entreprise compte 934 travailleurs parmi lesquels 48% sont de Kédougou et de Tambacounda. L’année dernière, révèle le document, les salaires des travailleurs locaux ont atteint 2 milliards 122 millions 718 mille francs Cfa. En plus, la société avait eu à débourser 11 milliards 226 millions 150 mille pour s’acquitter des taxes dues à l’Etat. Autant dire que même si de visu, il est difficile de constater concrètement les réalisations menées par la compagnie minière qui est la seule en phase d’exploitation dans la région, il demeure que ces réalisations sont bien visibles et consignées dans des documents.
Cependant, cela n’occulte aucunement le fait que depuis très longtemps entre les compagnies minières et les orpailleurs traditionnels, la cohabitation n’est pas des meilleures. Plusieurs conflits ont pu être réglés à l’interne pour ne pas léser d’une part les compagnies et d’autre part ne pas frustrer les autochtones qui s’adonnent à l’exploitation artisanale de l’or depuis la nuit des temps.
Aujourd’hui, le contexte est tout autre. La compagnie minière vient de racheter les actions d’Euromin qui, jusque-là, était en exploration. Ce qui confère à la compagnie minière canadienne un périmètre d’exploitation de 1 200 km². Fartama Cissokho, chef de village de la Diakhaling, de lancer : «L’Etat doit savoir que les compagnies minières ne nous servent à rien et si c’est pour elles qu’il a pris la décision unilatérale de fermer les sites d’orpaillage, c’est peine perdue».
Il faut préciser en outre que le secteur de l’orpaillage doit être réorganisé. Par rapport à cette réorganisation du secteur, Idrissa Soumaré estime que l’Etat doit aller vers la création de comptoirs d’or pour permettre la vente et l’achat du métal précieux. Selon lui, cela va permettre non seulement de créer des «emplois au niveau local mais aussi au Trésor de se faire des rentrées d’argent avec le paiement des taxes».
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