Longtemps tu par les acteurs de la métallurgie, l’octroi des titres d’exonération mis en place par les services de l’Etat est à l’origine de la guerre, pour le moment, froide qui oppose la Douane aux professionnels de la métallurgie. Et ces faveurs délivrées à quelques particuliers proches du pouvoir ont permis l’installation de mafias du fer à béton qui sont en train de tuer des industries nationales qui s’acquittent pourtant de tous leurs droits vis-à-vis de l’Etat et emploient des milliers de Sénégalais. Et ce qui n’était qu’une colère s’est transformée en une ire annonçant une révolte qui risque de mettre l’économie nationale à genou.
C’est un vent de révolte qui s’annonce dans les relations entre l’administration et les professionnels de la métallurgie. Après avoir longuement cherché des solutions à l’amiable, les deux partenaires de l’économie nationale se regardent, aujourd’hui, en chiens de faïences. A l’origine de cette méfiance et de la colère des professionnels de la métallurgie, se trouve les attributions tous azimuts de titres d’exonération délivrés à des particuliers qui présentent souvent des projets sociaux auprès des services de l’Etat. Et à en croire des confidences obtenues par DakarTimes, de nombreuses rencontres d’alerte ont réunis les professionnels de la métallurgie et les services de la Douane comme à ceux du ministère du commerce. Et comme toujours, ces acteurs majeurs dont l’entente est vitale pour l’économique nationale se sont séparés dans la discorde. Et malgré les nombreuses lettres d’alerte envoyées à l’administration, les maux sont là toujours actifs.
Et la pomme de discorde que tous voulaient voir digéré a gardé toute son acidité, poussant les professionnels de la métallurgie à croire, fermement, en l’existence d’une nébuleuse du fer à béton au Sénégal; une association de malfaiteurs couverte par des agents de l’Etat. A en croire des sources proches du port autonome de Dakar, «depuis toujours c’est l’Etat, à travers ses services que sont la Douane, l’Apix et le ministère du commerce qui attribue ces titres d’exonération.» Pour ces sources portuaires, «un citoyen qui veut construire une mosquée, un hôpital ou tout autre projet à but non lucratif peut demander ces faveurs à l’Etat. Pour cela, le demandeur indique la quantité de fer dont il a besoin pour son projet. Et s’il remplit les conditions, on la lui attribue.» Et c’est là où se trouve le problème. Un citoyen qui n’a besoin que de 1000 tonnes peut, puisqu’il n’y a aucun contrôle derrière, demander et obtenir dix fois plus que de besoin. Et remettre le reste sur le marché, en l’écoulant à des tarifs défiant toute concurrence.
«Et, en de nombreuses reprises, soutient une source anonyme, à la douane, des enquêtes ont permis l’arrestation et la saisie de ces marchandises. Mais, avec des pressions venant de toute part, ces délinquants fiscaux sont libérés, et leurs marchandises restituées ; donc remises dans le marché sans difficulté. » Comme avec le fer à béton destiné à la consommation locale, c’est une véritable nébuleuse qui entoure la gestion du fer importé et destiné à l’exportation sous régionale. « Ici, aussi, ce sont des commerçants qui importent du fer à béton. Ensuite, ils présentent des documents qui indiquent que le produit est destiné à l’exportation. Ce subterfuge leur permet de ne pas payer des droits de douanes. Et, une fois sorti du port, ces mêmes produits -bien que sous douane-, sont écoulés sur le marché national. Conséquence de ces détournements de destinations, l’Etat ne récupère aucune recette douanière sur ces transactions et les professionnels du secteur perdent de grosses parts de marché. Et sont obligés de casser leurs prix pour faire face aux faussaires. De 450.000 F CFA il y a quelques mois, la tonne de fer à béton made in Sénégal est, aujourd’hui, proposée à 350.000 F.
Indexée dans ces dysfonctionnements de service, la Douane, par la voix de Mamadou Samba Mbow, son chargé de communication, s’est refusée de réagir sur le chaud, préférant qu’un protocole d’interview soit envoyée à ses services pour suivre le circuit interne. Comme elle, le ministère du commerce plus particulièrement la Direction du Commerce intérieur qui ne s’était jamais préoccupé de cette situation est abonné absent pour répondre à nos questions. Comme à faire son travail qui est de contrôler la qualité des produits consommés au Sénégal. Alors que de nombreux bâtiments se sont écroulés ces derniers temps à Dakar comme à l’intérieur du pays à cause notamment de la mauvaise qualité du matériel et de l’absence de contrôle sur le diamètre du fer importé ou fabriqué localement, les professionnels du bâtiment aussi sont inquiets. Et ne comptent pas se taire pendant longtemps. Face à la multiplication de ces cas dénoncés, les acteurs locaux du fer à béton soupçonnent l’existence d’une nébuleuse à laquelle des douaniers seraient liés. Ces faits dénoncés en de nombreuses reprises aux services de l’Etat menacent de faire fermer l’industrie locale si aucune solution n’est trouvée pour y mettre un terme. Il s’agit de milliers d’emploi qui sont en jeu, d’après des sources proches des acteurs locaux.
kewoulo
Je signale que le fer à béton utilisé au Sénégal depuis des décennies n’a plus la teneur en fer qu’il faut, en tout cas, pas la même teneur en fer que le fer utilisé en Europe. J’ai signalé cela il y a plus de dix ans. Le vrai fer utilisé en Europe pour la construction de bâtiment peut être utilisé 70 ans après, quand on les récupère des bâtiments démolis, par celui des bâtiments de 70 ans au Sénégal. Ceci est une indication. La SGS, société Française où a travaillé mon époux pendant trente ans est là pour confirmer ou infirmer ce que je dis.