Education : « Les responsabilités sur l’instabilité scolaire sont partagées », dixit le Cusems
A l’instar de communauté internationale, notre pays célèbre, ce 05 octobre 2012, la Journée Mondiale des Enseignants. C’est une occasion pour magnifier le rôle ô combien important de ces citoyens dans la l’éducation et la formation des peuples.
Au Sénégal, le contexte est marqué par une crise profonde et multidimensionnelle de notre système éducatif qui a connu plusieurs zones de turbulences avec des perturbations motivées le plus souvent par le non respect des accords signés entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants. Il s’y ajoute que les conditions d’une bonne rentrée scolaire sont loin d’être garanties au moment où les écoles abritant les populations victimes des inondations, accueillent également les jurys d’examens du BFEM.
Certes les responsabilités sont partagées, mais il faut admettre qu’elles sont disproportionnées.
Le Cadre Unitaire des Syndicats d’Enseignants, en ce qui le concerne, a toujours œuvré pour un système éducatif stable et performant, qui passe principalement par la revalorisation de la fonction enseignante, l’amélioration des conditions d’enseignement et d’apprentissage ainsi que le renforcement du dialogue social.
C’est tout le sens de nos requêtes, justes et légitimes, d’ordre pédagogique, statutaire et social et qui ont, bien entendu, des impacts financiers. Ainsi, le Cadre Unitaire des Syndicats de l’Enseignement réitère ses revendications en demandant à l’Etat du Sénégal de considérer:
-la création de centres régionaux de formation du personnel enseignant (CRFPE), la rationalisation de la carte scolaire et des effectifs, la suppression des abris provisoires et des classes à double flux, la concertation sur le statut de l’Entrée en sixième, la tenue d’un atelier sur l’enseignement en langue arabe et d’un forum sur le statut de l’enseignant.
-la validation des années de vacation, de volontariat et de contractualisation est une question de justice et d’équité. Ainsi, au regard des avancées significatives que cette revendication a connu avec la révision du statut général des fonctionnaires par l’introduction de l’article 22 bis, la remise en question de cet acquis pour des raisons financières est un argument fallacieux. Acquérir le statut de fonctionnaire a longtemps relevé d’un parcours du combattant pour le jeune enseignant qui embrasse cette profession. Dans l’élémentaire, il fallait avoir fait quatre ans de volontariat, avant devenir maître contractuel. Ce dernier pour être titularisé devrait passer avec succès un diplôme professionnel et se soumettre à la loi des quotas. Dans le moyen- secondaire le schéma est quasi- identique. Après deux ans de vacation, l’enseignant est automatiquement versé dans le corps des Professeurs Contractuels ou Contractuels Chargé de Cours. Par conséquent, c’est toute la justesse de l’exigence de la prise en compte de cette revendication.
Le logement constitue un élément fondamental pour tout travailleur, particulièrement pour les enseignants qui passent le plus de leur temps à préparer et planifier les enseignements apprentissages à leur domicile. Dans un pays où la question du logement pose beaucoup de problèmes avec la spéculation foncière, la cherté du logement à Dakar et dans certaines zones urbaines du pays, l’absence d’une de politique sérieuse d’habitat social et la gestion du foncier par des privés sans scrupule, font que les travailleurs sont exposés à toutes sortes de difficultés à trouver un logement décent pour leur épanouissement et pour ceux de leur famille.
Par ailleurs, la masse salariale constitue les 33% du budget du Sénégal donc le seuil des 35% fixé par l’UEMOA n’est pas encore atteint. Il est tout à fait possible de procéder à des augmentations de l’indemnité de logement, de la prime scolaire et de l’indemnité compensatrice de surcharge horaire sans d’ailleurs frôler ce ratio. Ainsi, le CUSE propose au Gouvernement du Sénégal de :
Ø procéder à une rationalisation des effectifs de la fonction publique par un audit indépendant,
Ø poursuivre la réduction du train de vie toujours dispendieux de l’Etat,
Ø corriger le déséquilibre lié au traitement salarial, entre les autres agents de la fonction publique et les enseignants,
Mieux, le nombre d’agents concernés par les revendications est exagéré par l’Etat. Aujourd’hui, tous les audits du personnel de ces dernières années avaient montré que des milliers d’enseignants émargeaient sans qu’on ne puisse les identifier.
Toutefois, la volonté annoncée par le nouveau gouvernement d’assainir les finances publiques devra contribuer à la relance de la croissance et permettre à l’Etat du Sénégal d’avoir la possibilité de respecter ses engagements vis à vis des organisations syndicales enseignantes.
Tout en formulant des revendications, le CUSE reste attaché à la nécessité de sauver l’école publique. Rappelons que le CUSE a malgré tout fait preuve de responsabilité en faisant des concessions en vue de décrisper la situation et d’éviter une année blanche. Dans cette perspective, le Cadre Unitaire des Syndicats d’Enseignants avait décidé de suspendre son mot d’ordre de grève dès la mi-février 2012, de participer au réaménagement du calendrier scolaire et à l’organisation des examens.
Pendant ce temps, les gouvernements successifs, malgré les pertinentes dispositions constitutionnelles garantissant le droit à l’éducation et les conventions internationales ratifiées, nous opposent souvent le mépris et le dilatoire.
La fonction enseignante n’est plus attractive. « Aujourd’hui, disait quelqu’un, on ne devient plus enseignant mais on finit enseignant. »
Dès lors, il importe plus que jamais de méditer cette recommandation OIT-UNESCO concernant la condition du personnel enseignant (5 octobre 1966): « La condition des enseignants devrait être à la mesure des besoins en matière d’éducation, compte tenu des buts et objectifs à atteindre dans ce domaine. Afin que ces buts et objectifs soient atteints, il faut que les enseignants bénéficient d’une juste condition et que la profession enseignante soit entourée de la considération publique qu’elle mérite. »
Des négociations ont été entamées depuis le mois de juin 2012. Et le CUSE, engagé dans des travaux de commissions avec les représentants du Gouvernement, a jusqu’ici fait preuve de bonne volonté en privilégiant la mise en œuvre d’avancées concrètes.
Aujourd’hui, nous attendons du gouvernement qu’il comprenne la portée de l’attitude républicaine déjà manifestée par notre cadre, qu’il mesure la justesse de nos doléances et qu’il fasse des propositions acceptables en vue d’arriver à une année scolaire paisible. C’est pourquoi, la plénière prévue ce vendredi 05 octobre 2012 à 15 heures dans les locaux du Conseil Economique et Sociale constitue un tournant décisif pour la paix et la stabilité dans le secteur de l’éducation.
En tout état de cause, le Cadre Unitaire des Syndicats d’Enseignants tout en s’ouvrant aux autres cadres et syndicats, réaffirme sa disponibilité à œuvrer pour une année scolaire paisible.
Fait à Dakar, le 04 octobre 2012
Pour le Cadre Unitaire des Syndicats d’Enseignants,