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Égypte: l’armée promet «un pouvoir civil élu»

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L’armée égyptienne, chargée des affaires du pays depuis la démission vendredi du président Hosni Moubarak, a promis samedi une «transition pacifique» vers «un pouvoir civil élu» et s’est engagée à respecter les traités internationaux signés par l’Égypte.

Dans le même temps, les Égyptiens continuaient à fêter la chute du raïs, tombé la veille sous la pression de la rue après trois décennies au pouvoir.

Le conseil suprême des forces armées a également annoncé dans son «communiqué numéro 4» que le gouvernement nommé quelques jours avant son départ par M. Moubarak resterait en place provisoirement pour assurer la gestion des affaires courantes.

«La République arabe d’Égypte restera engagée envers tous ses traités régionaux et internationaux», a-t-il ajouté.

L’Égypte est, avec la Jordanie, le seul pays arabe à avoir signé un traité de paix avec Israël, et l’État hébreu n’a pas caché ces deux dernières semaines ses craintes sérieuses de voir émerger au Caire un nouveau pouvoir qui serait hostile à cet accord.

L’armée s’est aussi engagée à une «transition pacifique du pouvoir» qui «préparera le terrain à un pouvoir civil élu en vue de construire un État démocratique libre», a déclaré le conseil dans ce texte lu par un militaire à la télévision d’État, sans toutefois donner de calendrier.

La communauté internationale a multiplié les appels à une évolution démocratique du pays et à un retour à un pouvoir civil répondant aux voeux des manifestants qui ont poussé M. Moubarak au départ.

«Le gouvernement actuel et les gouverneurs continueront de travailler jusqu’à ce qu’un nouveau gouvernement soit formé», a ajouté le conseil, une instance de dirigeants militaires qui a pris la direction de l’Égypte.

Ce conseil est dirigé par le ministre de la Défense, Mohamed Hussein Tantaoui, 75 ans, le nouvel homme fort du pays.

Quelques milliers d’Égyptiens euphoriques étaient toujours rassemblés samedi place Tahrir au Caire, épicentre de la révolte lancée le 25 janvier, où beaucoup ont passé la nuit.

L’armée commençait à enlever barricades et barbelés autour de la place, et de nombreux civils, armés de balais et de sacs, avaient entrepris de nettoyer la place.

Des grues enlevaient aussi les carcasses de voitures brûlées, rappels des violents affrontements entre forces de l’ordre et manifestants, puis entre pro et anti-Moubarak, au cours de cette révolte qui a fait au moins 300 morts, selon l’ONU et l’organisation Human Rights Watch.

«C’est la fête», a lancé Oussama Taoufik Saadallah, 40 ans. «C’est la fin de l’injustice! Nous étions en retard par rapport à d’autres pays, maintenant, nous avons une valeur aux yeux de l’étranger, du monde arabe».

Quelque 600 détenus se sont échappés samedi d’une prison du Caire après des émeutes, selon des services de sécurité qui font état de plusieurs morts ou blessés.

A Ismaïliya, grande ville située sur le canal de Suez, des centaines de policiers ont manifesté samedi pour protester contre la corruption dans leurs rangs et accuser leurs supérieurs de leur avoir donné l’ordre de tirer sur les manifestants.

La presse gouvernementale égyptienne, jusqu’alors soutien sans faille du régime, saluait la «Révolution des jeunes».

Malgré l’euphorie et l’incertitude, la vie reprenait son cours. Le couvre-feu a été allégé: il débutera désormais à minuit au lieu de 20 h, et durera jusqu’à 6 h. La Bourse du Caire, fermée depuis le 27 janvier, doit rouvrir mercredi, a annoncé la télévision d’État.

L’annonce de la démission de M. Moubarak est intervenue au 18e jour de la révolte populaire, alors que plus d’un million de personnes manifestaient contre le raïs à travers l’Egypte, un pays de plus de 80 millions d’habitants. Selon son parti, le Parti national démocrate, il a quitté Le Caire pour Charm el-Cheikh (Sinaï), où il dispose d’une résidence.

L’Arabie saoudite, qui avait explicitement soutenu M. Moubarak pendant la révolte, s’est félicitée samedi de «la transition pacifique» alors que l’Organisation de la conférence islamique «félicitait» les Égyptiens et exhortait les autres dirigeants arabes et musulmans à accélérer leurs réformes.

Le président américain, Barack Obama, a affirmé que l’Égypte ne serait «plus jamais la même» et appelé l’armée à assurer une transition «crédible» vers la démocratie.

Au-delà de l’Egypte, l’annonce de la chute du régime a provoqué une explosion de joie dans plusieurs pays de la région, notamment à Tunis, où un mouvement de contestation similaire avait fait fuir le président Zine El Abidine Ben Ali quatre semaines plus tôt.

Au Yémen, des milliers de jeunes ont manifesté à Sanaa pour appeler au départ du président Ali Abdallah Saleh, en scandant «Après Moubarak, c’est le tour d’Ali». À Gaza, 2 000 étudiants palestiniens proches du mouvement islamiste Hamas ont défilé pour célébrer la chute de M. Moubarak.

La presse mondiale a réagi avec un optimisme prudent à la démission de M. Moubarak, comparée à la chute du Mur de Berlin, en insistant sur les incertitudes qui pèsent sur l’avenir du monde arabe.
cyberpresse.ca

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