XALIMANEWS : Vraisemblablement ragaillardie par la sulfureuse affaire de mœurs et/ou la procédure politico-judiciaire intentée contre Ousmane Sonko de Pastef-Les Patriotes et les émeutes qui en ont suivi, avec leur cortège de morts et de blessés, de dégâts matériels et de fissure sociale, l’opposition serait, annonce-t-on, dans la dynamique d’une union générale des forces en perspective des élections locales du 23 janvier 2022. Histoire de pouvoir contester enfin, avec brio, l’hégémonie de Macky Sall et de son camp qui ont raflé depuis 2012, année de l’arrivée au pouvoir de l’APR, la totalité des scrutins organisés au Sénégal. Reste cependant à savoir si cette opposition-là saura réussir son …Benno et se départir des ambitions divergentes de ses têtes de pont, de ses querelles de leadership, voire des retours de bâton consécutifs au jeu trouble ou double entretenu par certains de ses membres. Autant d’impairs qui ont toujours plombé les croisades des opposants contre le pouvoir de Macky Sall.
Longtemps confinée dans ses derniers retranchements par une majorité présidentielle qui a accaparé presque toutes les faveurs électorales aux différentes consultations populaires (locales, territoriales, référendaires, législatives et présidentielle) qui se sont déroulées au Sénégal de la chute de Me Abdoulaye Wade à nos jours, l’opposition politique se décloisonne progressivement pour faire face au camp au pouvoir. Il faut dire que les malheureux évènements que le Sénégal a vécus au mois de mars dernier, suite à la ténébreuse affaire dite de mœurs par les uns ou de cabale politico-judiciaire par les autres ayant intéressé le candidat arrivé en troisième position à la présidentielle de 2019, en l’occurrence Ousmane Sonko de Pastef-Les Patriotes, ont eu pour effet collatéral d’avoir redonné du poil de la bête à une opposition jusque lors avachie par les coups de boutoir du «Macky».
Et de fil en aiguille, sous la dictée de ses principaux ténors qui n’ont pas fini par rallier le camp au pouvoir, à l’instar d’Idrissa Seck de Rewmi, du Pr Issa Sall, l’ex-patron du Pur, et autre Oumar Sarr, ancien second de Me Wade au Pds, une sacro-sainte alliance de l’opposition face à Macky Sall serait en gestation dans les coulisses. Histoire de chercher à mener la vie dure au pouvoir en place aux prochaines élections locales qui sont programmées pour le 23 janvier prochain. Comme l’a d’ailleurs ressassé, lors de sa sortie de dimanche dernier sur l’émission «Jury du dimanche», le coordonnateur du Front de résistance nationale (Frn), Matar Sourang.
Et cela, à la suite de certains leaders qui avaient déjà exprimé le souhait d’une union des forces politiques de l’opposition. Du vœu pieux à la faisabilité de cette grande coalition de l’opposition face au camp majoritaire Bennoo Bokk Yakaar, il faut souligner que les lignes du Benno ne bougeront pas d’un simple coup de baguette magique. Pour bien de raisons liées autant aux ambitions divergentes des chefs de partis, aux querelles de leadership voire au double jeu de certains d’entre eux. Les élections législatives de 2017 en sont l’exemple le plus patent. Alors qu’une grande coalition de l’opposition dénommée Manko Taxawu Senegaal était annoncée autour de Me Abdoulaye Wade du Pds et Khalifa Sall de Taxawu Senegaal, alors en bisbille avec Dame justice, et d’autres leaders politiques, le divorce était consommé à quelques heures du dépôt des listes de candidatures. La coalition en question qui escomptait imposer une cohabitation à Macky Sall pour ses deux dernières années de premier mandat, volait en éclats à cause des dissensions minant les discussions sur la personnalité politique qui allait porter la liste de la coalition pour les législatives de 2017.
En effet, si les pro-Khalifa Sall voulaient que le maire de Dakar alors incarcéré pour l’affaire de la caisse d’avance fût désigné comme tête de liste, ils se heurtaient aux libéraux du Parti démocratique sénégalais (Pds) qui réclamaient aussi la tête de liste pour Oumar Sarr. Au bout du compte, l’union circonstancielle ou de façade de l’opposition fut incapable de trouver un consensus et donna naissance, au scrutin législatif, à moult coalitions contre Macky Sall. Coalition gagnante Wattu Senegaal, Manko Taxawu Sénégal, « Oser l’avenir », Convergence patriotique…face à Benno Bokk Yaakaar pour 47 listes de candidatures. Résultat des courses : le camp au pouvoir s’octroyait 125 sièges sur les 165 en lice. La confrontation avec une opposition en rangs dispersés fut du pain bénit pour le pouvoir en place qui n’eut aucune peine à dicter sa loi sous la conduite du chef de gouvernement d’alors, Mahammed Boun Abdallah Dionne.
Des querelles De leadership ou De préséance au jeu Double Les querelles de leadership et de préséance entre les uns et les autres, comme le double jeu sournois entre des partis voulant chacun profiter de l’autre, ont en vérité longtemps handicapé l’opposition politique au Sénégal. Surtout aux élections présidentielles où le camp anti-Macky part généralement dans la désunion. C’était encore le cas en 2012 quand la coalition Benno Siggil Senegaal qui avait infligé un camouflet au pouvoir de Me Wade aux Locales de 2009, pâtissait de la confrontation diffuse entre Moustapha Niasse de l’Afp et feu Ousmane Tanor Dieng du Ps.
Pis, la désunion de l’opposition au Sénégal est quelquefois la consécutive d’excès d’ambition de beaucoup de leaders se prévalant d’une force politique souvent inexistante mais seulement galvaudée par certains médias et qui osent l’aventure de la candidature présidentielle. Par souci de gonfler leur pédigrée et simplement pour montrer qu’ils existent. Conséquence : l’opposition s’en trouve littéralement défavorisée en temps de confrontation électorale avec le pouvoir en place. Les deux alternances survenues à la tête de l’Etat l’ont été d’ailleurs, suite à un contexte politique marqué par la stratégie du «Tout sauf le président en exercice», avec un seul bloc de l’opposition au second tour du scrutin.
Retrouver l’unité De Benno 2009 A l’orée des joutes locales de 2022 qui voient son blason redoré, l’opposition sénégalaise semble avoir un grand coup à jouer. Compte tenu surtout de l’actuel contexte politique et social qui ne bénéficie pas au pouvoir en place, lequel a encore du mal à se relever de la chienlit de mars et s’est englué dans un champ de retrouvaille avec une jeunesse en mal de perspectives et en totale perdition face à l’échec des politiques publiques d’insertion sociale et d’emploi. Seulement, pour arriver à bousculer le pouvoir en place qui s’est beaucoup renforcé en puisant des forces au sein même de l’opposition classique (Idrissa Seck, Oumar Sarr et cie), l’opposition est obligée d’apprendre de ses expériences d’échec face au camp présidentiel qui a vampirisé toutes les élections qui se sont déroulées au Sénégal depuis l’avènement de Macky Sall à la magistrature suprême
Selon certains esprits, il urge ainsi pour le camp anti-Macky de taire ses différences comme ses divergences d’égos pour concrétiser un véritable schéma d’opposition autour d’une union dynamique de ses forces au plan national, dans les diverses communes, dans les différents départements. Aux élections locales de 2009, l’opposition sénégalaise d’alors confrontée à neuf années de domination libérale avait su sublimer ses relatives contradictions pour présenter face à la coalition Sopi majoritaire des candidats derrière lesquels s’agglutinaient toutes les forces anti-Wade dans les communes et départements. Au final, le dimanche 22 mars 2009, cette même opposition s’emparait des principales villes dont Dakar et sa banlieue, Saint-Louis du Sénégal, Louga, Fatick, Diourbel, Thiès (éternel fief d’Idy opposant), profilant du coup la défaite de Me Wade à la présidentielle qui suivait, trois années plus tard. Question à mille balles : le camp anti-Macky d’aujourd’hui réuni autour d’un Ousmane Sonko en bisbilles avec la justice, d’un Khalifa Sall et d’un Karim Wade à la recherche de leurs droits civils et politiques, d’un Front de résistance nationale (Frn) orphelin d’un leader maximo et d’un Idy en villégiature de l’autre côté de la barrière, saura-t-il relever le défi du benno, à l’instar de la dynamique et victorieuse unité de Benno Siggil Senegaal de 2009 ?