LE SOLEIL – Les premiers résultats du programme d’analyse, de suivi et de réduction des dépenses d’électricité du secteur public (Sardel) conduit par l’Agence pour l’économie et la maîtrise de l’énergie (Aeme) ont été dévoilés, hier, lors du Comité régional de développement de Dakar. Il ressort de cette étude que les dépenses en électricité de l’Etat se chiffrent à 30 milliards de FCfa, en 2014. Cependant, cette facture d’électricité peut baisser fortement si certaines anomalies sont corrigées.
En 2014, l’Etat a dépensé 30 milliards de FCfa pour payer les factures d’électricité des entités relevant de sa responsabilité (administration centrale comprenant les ministères et leurs démembrements, les collectivités locales et les établissements publics à autonomie financières comprenant, par exemple, les hôpitaux et les universités).
C’est ce qui ressort d’une étude menée par l’Agence pour l’économie et la maîtrise de l’énergie (Aeme) dans le programme d’analyse, de suivi et de réduction des dépenses d’électricité du secteur public (Sardel). Ce montant représente 10 % du chiffre d’affaires de la Senelec et de l’Etat, son premier client.
La consommation annuelle du secteur public qui compte 7.000 polices d’abonnement, soit 0,6 % des clients de Senelec est de 170 Gwh/h, soit 7 % des ventes. « Moins de 1 % des clients de Senelec génère 10 % de son chiffre d’affaires. Les polices moyenne tension, c’est-à-dire les bâtiments qui consomment beaucoup d’énergie, représentent 4 % des 7.000 et constituent 42 % de la facture de l’Etat.
Cela veut dire que c’est un petit nombre d’usagers qui occasionnent des dépenses importantes. Du coup, le coût moyen de la facture de l’Etat est de 176 FCfa Kwh. Notre objectif, c’est de minimiser ce coût moyen pour le ramener au coût d’achat à Senelec », a indiqué Daouda Gassama, Directeur technique de l’Aeme, lors du Comité régional de développement de Dakar, présidé par l’Adjoint au gouverneur de Dakar, Babacar Ndiaye, au cours duquel ce document a été partagé avec des représentants de l’administration territoriale, des maires, des chefs de services, etc.
La région de Dakar qui concentre l’essentiel des services administratifs compte 1.669 polices d’abonnement avec 59 % de la consommation ; soit 17,5 milliards de FCfa sur les 30 milliards. L’administration centrale compte environ 1.118 polices d’abonnement pour une facture évaluée à 7 milliards de FCfa, les collectivités locales 336 polices d’abonnement se retrouve avec une ardoise de 6 milliards de FCfa alors que les établissements publiques à autonomie financière avec 215 polices d’abonnement paient 4 milliards de FCfa.
« Dans nos actions d’économie et de maîtrise de l’énergie, nous mettons un accent particulier sur la région de Dakar », a insisté M. Gassama, par ailleurs, coordonnateur du programme Sardel.
Au regard de ces chiffres, l’Etat apparaît comme le plus grand consommateur d’électricité. Toutefois, l’étude note que la facture d’électricité de 30 milliards de FCfa a été gonflée par des « anomalies » et dont la prise en charge peut rapporter des économies consistantes à l’Etat.
Anomalies
Parmi ces « anomalies », il y a les branchements illégaux, la fraude, des erreurs de facturation, des dysfonctionnements dans le système d’éclairage public, de bâtiments que l’Etat n’occupe plus et qui continuent de consommer de l’électricité, l’inadéquation entre la demande et les réels besoins.
« Le programme Sardel nous a permis d’auditer 7.000 polices d’abonnement dans le secteur public et d’identifier toutes les anomalies. Nous les avons classées en deux catégories : les anomalies administratives qui ont déjà reçu les correctifs nécessaires et les anomalies techniques qui sont en train d’être corrigées », a renchéri Birame Faye, le Directeur général de l’Aeme.
La correction de ces anomalies sur un petit échantillon parmi les 7.000 polices d’abonnement, ont permis à l’Etat de réaliser des économies de l’ordre de 400 millions durant le dernier trimestre de 2015. « A ce rythme, c’est 1,5 milliard qui est économisé par an », a assuré Birame Faye. Les actions mises en œuvre devraient permettre à l’Etat de faire des économies de 4 milliards de FCfa pour un investissement de 750 millions de FCfa.
Réduire la facture de 10 à 15 % par an
Le programme Sardel est financé par l’Institut de Francophonie pour le développement durable dans son programme intitulé : « Accroître les capacités institutionnelles pour l’élaboration et la mise en œuvre de politiques énergétiques ».
L’Aeme veut réduire de 10 à 15 % la facture d’électricité de l’Etat. « Le coût de l’électricité pèse considérablement sur le budget de l’Etat, des collectivités locales, des ménages, des industries publiques. C’est fort de ce constat que le chef de l’Etat a retenu la mixité énergétique comme un moyen d’alléger la facture énergétique de notre pays. L’une des ambitions du Plan Sénégal émergent, c’est de fournir de l’électricité en quantité suffisante, fiable et à bas coût. Par l’approche de l’économie et la maîtrise de l’énergie, l’Etat nous a assigné la mission de réduire la facture publique d’électricité entre 10 et 15 % », a rappelé le Directeur général de l’Aeme.
Outre le programme Sardel, des actions ont été initiées par son agence. Il s’agit notamment du programme de changement de 4 millions de lampes incandescentes, du programme national de sensibilisation et de communication sur l’économie d’énergie qui a déjà commencé par Dakar et Thiès et s’étendra sur l’ensemble du territoire national.