Au lendemain du limogeage du chef de la sécurité présidentielle, les forces militaires maliennes ont renverse le pouvoir d’IBK plongeant ainsi le Mali dans une crise politique sans précèdent.
Ce push a lieu dans un contexte de manifestations, de contestations du pouvoir, de menaces terroristes et de crise sanitaire. Le peuple du Mali va beaucoup souffrir et il est plus urgent d’aider ce pays à se reconstruire plutôt que de lui infliger un embargo qui, combine avec toutes ces crises, aura des répercussions socio-économiques énormes. A cela va s’ajouter l’impact significatif que cela va provoquer dans les relations socio-économiques entre le Mali et ses pays limitrophes.
Partant de ces constats, le Sénégal reste le seul pays voisin qui a intérêt à ce que des négociations soient entamées, d’éviter a ce que les sanctions économiques soient appliquées.
Pour le comprendre, il faudrait se baser sur des résultats chiffres qui mettent en évidence que la stabilité dans la sous-région est un avantage pour notre économie. Le Sénégal doit user de toutes ses « forces » pour veiller à la sécurité dans la sous-région. Deux éléments clés permettent suffisamment de conforter et de saluer l’initiative du président Macky Sall qui a use de son leadership pour amener la commission à reconsidérer les sanctions annoncées contre le Mali.
Des échanges commerciaux fluides et renforcés avec le continent africain
Les données statistiques mondiales (BM, OMC, BCEAO, ANSD) arrivent à la même conclusion que le Sénégal entretient d’excellentes relations commerciales avec les pays africains. Voici quelques chiffres clés qui mènent à la certitude que le continent africain est le principal destinataire des exportations pour le Sénégal car près de 43% de ses exportations sont destinés aux pays africains. Les pays européens sont en deuxième position (29%), ensuite l’Asie vient en troisième position avec 20% des biens exportes. Cet échange diversifie avec le continent noir est en nette progression depuis 2013, cela a atteint 626 Milliards de Fcfa en 2017 soit une hausse de 6,5% par rapport à l’année précédente. Cette hausse est principalement soutenue par l’augmentation des exportations d’engrais minéraux et chimiques, de bouillons, de produits halieutiques tels que les poissons mais cela est dû aussi à une présence accrue des entreprises agro-alimentaires sénégalaises partout en Afrique.
Qui sont les principaux clients du Sénégal dans l’espace CEDEAO ?
Si l’on fait un zoom sur le marché africain, il faudrait rappeler que la stratégie commerciale du Sénégal qui repose sur un schéma préférentiel de développement et d’intensification des échanges intra-communautaires a été le principal levier de croissance des exportations du pays vers la sous-région. En 2017, les exportations du Sénégal vers l’espace CEDEAO représentent près de 82% de ses expéditions vers l’Afrique. Concrètement, c’est près de 514 Milliards de Fcfa en biens qui sont destinés vers les pays de la communauté en 2017 et cela continue de progresser alors que les importations sont estimées à 438 Milliards de Fcfa.
Donc, pour le Sénégal la CEDEAO est la seule région au monde où la balance commerciale est excédentaire c’est-à-dire les exportations dépassent largement en valeur les importations en raison de ses clients potentiels dans la zone. Le Mali est le premier client du Sénégal au sein de la communauté: 210 Milliards de Fcfa en biens sont exportés vers le Mali en 2017 soit près de 41% de nos exportations vers la CEDEAO. Le niveau d’échange reste très positif pour le Sénégal, il continue d’accroitre et connait près de 14% de progression annuelle.
Au premier trimestre 2020, la part du Mali dans nos exportations inter-régionales est estimée à plus de 48%. Elle était de 54% au quatrième trimestre 2019 et portait essentiellement sur le ciment entre autres produits.
Par la même occasion et si l’on regarde du côté des imports maliens, les données montrent que le Sénégal est le principal fournisseur du Mali car plus de 20% de ses produits importés proviennent du Sénégal qui devance largement la Chine (15%), la Cote d’Ivoire (10%), la France (8%) et l’Allemagne (4%).
Une réaction mesurée et responsable qui vient à son heure
En condamnant le push, en réclamant la restauration de la légalité constitutionnelle et en invoquant l’aspect humanitaire, le président Macky SALL a pensé aux peuples de la sous-région en particulier aux relations fraternelles qui lient nos deux pays. A travers sa prise de position, il a été bon de rappeler que le Mali souffre et rajouter une crise a la crise étouffera davantage les populations. Cela prouve encore son leadership confirmé dans le continent et mondialement reconnu.
Un embargo appliqué au Mali contribue à déstabiliser l’équilibre commercial entre les pays de la zone et asphyxiera leurs économies surtout dans cette période de crise causée par la pandémie du COVID19.
Nous le félicitons et l’encourageons à continuer davantage d’affirmer son leadership et prendre position surtout dans ce contexte de menace jihadiste présente dans la zone afin d’épargner notre pays.
Ismaila Guisse
APR Canada
Une excellente analyse, très pertinente. Nos pays se cherchent.ne brouillons pas la donne avec cette question anachronique d’embargo. Resserrons davantage nos liens d’intégration plutôt que les restreindre