Chaude nuit, hier, dans les quartiers de Dakar. Comme s’ils s’étaient passé le mot, les jeunes des différents quartiers de la capitale ont vigoureusement manifesté leur courroux contre les coupures d’électricité. Ils ont brûlé des pneus dans les principales artères de la ville rendant la circulation quasi impossible.
Il était difficile de circuler dans les différents quartiers de Dakar, hier soir. Les jeunes des différents quartiers ont, en effet, brûlé des pneus sur les principales artères de la capitale pour manifester leur mécontentement contre les longues et interminables coupures d’électricité. De Grand Dakar au boulevard du Centenaire en passant par la Voix de dégagement nord (Vdn), Grand-Yoff ou encore les Sicap Liberté, les automobilistes ont connu des heures difficiles. Eux, qui étaient obligés de faire d’incroyables détours pour échapper à cette furie populaire. Les conducteurs de taxis les plus prudents ont même préféré débarquer leurs clients et d’aller garer leurs véhicules.
Pendant ce temps, la police anti-émeute faisait des rondes autour des quartiers à la recherche de regroupements de jeunes semeurs de troubles. Qui eux, on ne sait par quels artifices et par quels moyens de communication, semblaient déjouer le piège. Recroqueviller dans leurs coins, ils guettaient les patrouilles pour y échapper avant d’aller ouvrir discrètement d’autres fronts ailleurs. Une situation que ne semblaient pas fustiger certaines populations. En effet, une dame rencontrée, sur notre parcours, voyant des jeunes brûlés des pneus vers Derklé, balancera : ‘Si j’étais dans les dispositions, j’allais moi-même en faire autant. On est tous fatigués. On n’a jamais de l’électricité. Le courant n’est pas fourni correctement, les factures sont trop salées et ils ne tolèrent aucun retard dans leur règlement’, s’indigne-t-elle.
Déterminés à contraindre Senelec à respecter ses engagements vis-à-vis des populations, les jeunes ont continué leurs actes jusque tard dans la soirée. Obligeant même la hiérarchie policière à se déplacer sur le terrain pour superviser les opérations. En effet, vers 23 heures, une unité de police, accompagnée de sapeurs-pompiers, était obligée d’intervenir devant le siège du groupe Wal Fadjri, pour éteindre le feu et dégager les débris de pneus qui rendaient la circulation difficile sur cette artère très fréquentée. Interpellé, le commissaire en charge de cette opération refuse de piper mot sur le dispositif pris pour mettre fin à ce vandalisme. ‘On ne peut rien vous dire’, s’est contenté de nous lancer gentiment l’officier.
Rappelons que la société nationale d’électricité, qui fait face depuis quelques années à des difficultés pour assurer une fourniture correcte en électricité, pousse chaque année ces jeunes à bout. Ces derniers s’en prenaient au début à ses agences pour les saccager avant d’en être dissuadés par les forces de sécurité qui y montent la garde. Mais, les choses se sont exaspérées cette année. Parce qu’on a jamais vécu de telles émeutes en de pareils moments de l’année où la consommation d’électricité chute à cause de la fraîcheur qui sévit sur Dakar.
Seyni DIOP
walf.sn