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Emploi des jeunes selon Macky ou les effets de la ménopause politique (Par Alassane K. Kitane)

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Si le mensonge était une très belle jeune fille, son défaut principal est qu’elle serait ménopausé au bout de trois jours. La vie sensuelle d’un mensonge s’arrête au bout de trois jours : le jour de sa naissance, celui de sa réception et celui de son démenti. Un menteur est comme un séducteur : il est obligé de se mentir lui-même pour persuader sa victime, et de toujours en faire plus pour renforcer ou occulter son mensonge. Usant de toutes sortes de rhétorique, il réussit toujours à envoûter
quelques-uns (premier jour). Puis le mensonge est convoité par tous : il est chanté, cajolé, présenté partout avec déférence et diplomatie (2 e jour). Et fatalement, le mensonge finit toujours par épuiser son combustible : n’ayant plus suffisamment d’artifice pour séduire, il est découvert dans la nudité de sa laideur (3 e jour).
En pleine campagne électorale, Macky le prestidigitateur, nous a sorti sa DER pour prétendument promouvoir l’emploi des jeunes et lutter contre le chômage. Le chantre du PSE n’a pas, à l’époque, vu qu’il a trouvé sur place (ou a eu à gérer en tant PM) plusieurs projets de promotions et de financement des jeunes qui n’ont pas été sérieusement audités (techniquement parlant). Il a surfé sur de nouveaux noms de la même réalité pour faire croire qu’il avait une politique de jeunesse fondée sur une vision claire.
Depuis des décennies les programmes se suivent et se ressemblent sans impact significatif. PPJ (Projet Promotion Des Jeunes, 1992) ; Le Plan REVA (Retour Vers l’Agriculture, 2006) ; FNPJ (Fonds national de promotion des jeunes, 2011) ; ANEJ (l’Agence pour l’Emploi des Jeunes des Banlieues 2013) ; PAPEJF (Projet d’appui à la promotion de l’emploi des jeunes et des femmes 2013) ; ANAMA (l’Agence nationale d’Appui aux Marchands ambulants, 2013) ; etc. Aujourd’hui encore le bricolage continue de plus belle avec le Programme Sénégalais pour l’Entrepreneuriat des Jeunes (PSEJ).

Cette constellation de projets montre deux choses : une absence de vision (d’où le tâtonnement et le pilotage à vue) et la non-maîtrise de la question de l’adéquation formation/emploi.
Rien de tout ça n’a jamais permis de régler la question de l’emploi des jeunes parce que ça n’a jamais été intégré dans une vision cohérente avec la formation de jeunes. Financer un jeune sans qualification, c’est comme jouer au loto avec l’argent du contribuable. Les caprices de la fortune aidés par le clientélisme politique malsain sont ici des analgésiques sociaux : l’espoir est entretenu, mais le mal demeure ; on a des chiffres, mais la réalité est tout autre.
Avec cette manne financière et les budgets de fonctionnement qui ont suivi la création de ces structures, un État sérieux aurait pu lutter efficacement contre le chômage, mais on a préféré la rhétorique à la réalité. Comment comprendre qu’autant d’argent et de ressources humaines soient mobilisés alors que notre mer est vendue à l’UE et au Chinois ? Comment comprendre que malgré tous ces financement le Sénégal importe encore du riz, de la viande, des moutons pour la Tabaski, du lait, etc. ?
Comment comprendre que la culture maraichère pourrisse parfois dans les mains des producteurs ? Comment un jeune casamançais peut-il chômer alors que les fruits pourrissent jusque dans sa maison ?
Dans une grande ville comme Thiès, le ramassage des ordures est très majoritairement assuré par les charrettes. Ce qui pose d’abord un problème pour la fluidité de la circulation ; ensuite une question d’hygiène et de dépôt écologique des ordures. Si l’on sait que chaque famille qui loue les services d’une charrette
débourse 1500f/mois en moyenne, il apparait évident que la solution est plutôt dans l’entreprenariat. Le rôle de l’État n’est pas de créer des emplois, mais plutôt de créer des opportunités, des conditions. La traction animale en pleine ville est déjà une anomalie, une amplification de l’exode rural, une pénurie de matériel agricole.

Pourquoi ne pas s’appuyer sur des GIE, des PME émanant des ASC ou des associations féminines pour régler définitivement cette question ? Imaginons des jeunes de grands quartiers comme Hersent, Diamaguène, Darou Salam, etc. financés pour la formation dans ce domaine et pour acquisition d’un camion ou de deux camions à benne (sous forme de prêt garanti par l’État) : les 1500/mois par famille versés au charretier pourraient payer ce prêt et créer des emplois salariés, surtout si le projet est nanti d’une initiative allant dans le sens d’un centre de traitement des ordures. Si ce projet est cher pourquoi ne pas utiliser les motos-véhicules transformées en petites camionnettes ?
La vérité est que nos gouvernants sont des tricheurs. Tous les pays conçoivent leur développement sur leur potentiel : ressources naturelles à valoriser (transformation) et les ressources humaines qualifiées portées par des leaders (capitaines d’industrie, par exemple, encadrés et financés).
L’UE et les Chinois veulent nos ressources halieutiques : pourquoi ne pas investir dans l’industrie de la pêche et de la transformation pour que les Sénégalais produisent le poisson et le transforment comme produit fini (selon les normes d’hygiène de l’UE) à exporter ? Qu’avons-nous fait pour avoir une maîtrise sur la première frontière du Sénégal, à savoir l’Océan ? Nous avons des fleuves : pourquoi ne pas créer des instituts dédiés à leur mise en valeur ? Ce Soleil qui nous brûle 365 jours n’est-il pas une féconde niche d’emplois ? Pourquoi aucun Président sénégalais n’a vraiment pris la résolution d’investir dans la
recherche en fonction de nos besoins ?
Besoin, Potentiels et Ressources naturelles : voilà à notre avis le triangle du vrai développement. L’économie désincarnée, détachée des réalités (naturelles et culturelles) n’est que spéculation. Les racines de toute économie sont profondément ancrées dans la psychologie, la sociologie, la nature et l’histoire
(culture).
Alassane K. KITANE

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