‘Nous voulons rentrer au Sénégal et le plus tôt sera le mieux’. C’est le message que les Sénégalais regroupés depuis plus de trois semaines à l’ambassade du Sénégal en Libye, tiennent à lancer aux autorités. Pour l’heure, ils vivotent, en attendant la bonne nouvelle : un avion prêt à les embarquer pour Dakar.
(Envoyé spécial en Libye) – Des bagages disposés un peu partout dans la cour, des tapis étalés sur tout ce qui reste comme espace pour servir de dortoir, des ustensiles de cuisine éparpillés de part et d’autre, tel est le spectacle désolant qu’offre l’ambassade du Sénégal en Libye. Prise d’assaut par des centaines de Sénégalais, la peur au ventre face à la situation de crise qui a secoué le pays de Kadhafi ou simplement chassés de leur foyer d’hébergement, l’enceinte de la représentation diplomatique du Sénégal à Tripoli présente l’image pathétique des zones d’intervention du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Et ces hôtes singuliers, qui trimbalent leurs valises jusque dans les alentours de l’ambassade, commencent à s’accaparer d’une bonne partie de l’espace public libyen. De quoi donner du fil à retordre au nouvel ambassadeur du Sénégal en Libye, Baboucar Sambe, qui a pris ses fonctions au mois de janvier dernier.
Hier, en nous regardant franchir la porte de l’ambassade du Sénégal à Tripoli, nombre de ces Sénégalais croyaient devoir encore faire de la place à de nouveaux arrivants, venus grossir les rangs. Mais dès que les présentations d’usage ont été faites, le ton n’a pas tardé à monter. ‘Ce sont des journalistes venus du Sénégal, on va leur dire tout ce qui se passe ici’, lance un de nos interlocuteurs à ses camarades. Il venait de donner le feu vert pour exprimer toutes les complaintes. ‘Voyez dans quelles conditions, nous vivons. C’est à la limite inhumain’, fait remarquer Thierno Baldé. Ce jeune Koldois de 26 ans d’ajouter : ‘Nous n’avons rien pour assurer notre survie. On nous sert juste un bout de pain et un morceau de sardine, une tasse de café par jour. Nous dormons à la belle étoile et avant-hier nous avons été arrosés toute la nuit durant par la pluie.’ Son camarade Hamidou Cissokho verse dans le rappel : ‘Nous sommes regroupés ici depuis vingt-cinq jours. Nous mangeons à peine. Et nous avons beaucoup de difficultés pour faire nos besoins, parce que tous ces gens que vous voyez-là se partagent un seul bloc de sanitaires ; on ne pense même pas à prendre une douche.’ Et les quelques minutes passées à leurs auront suffi pour se rendre compte de leurs conditions d’hygiène déplorables.
Face à cette situation de crise humanitaire, l’ambassadeur du Sénégal en Libye soutient avoir mobilisé tous ses services pour porter assistance aux Sénégalais (voir entretien). Baboucar Sambe précise être appuyé dans son assistanat par les responsables de l’Association d’entraide des ressortissants sénégalais en Libye.
En outre, interpellés sur le parcours les ayant conduits en Libye, la plupart de nos compatriotes avouent être entrés de manière clandestine dans ce pays, après une dure traversée du désert du Sahara. Aujourd’hui, ils n’ont qu’un seul vœu : rentrer au bercail. ‘Nous étions avec des Gambiens que l’ambassade du Sénégal avait accepté d’accueillir, mais ils ont pratiquement tous été rapatriés par leurs autorités. Nous ne comprenons pas que ces Gambiens, qui n’ont pas d’ambassade en Libye, aient pu être rapatriés alors que les autorités sénégalaises tardent à agir’, regrettent nos interlocuteurs.
walf.sn