Face à une prise en charge jugée onéreuse, plus de 249 malades sont inscrits depuis 2014 sur la liste d’attente pour se faire opérer du cœur. Une situation jugée inquiétante par l’Association des malades du cœur du Chu de Fann et les spécialistes en cardiologie qui invitent l’État à inscrire la chirurgie cardiaque dans la gratuité des soins de santé pour venir en appoint aux patients qui trainent leur angoisse sans savoir où donner de la tête.
Au moment où les tenants du régime, l’opposition et la société civile se crêpent le chignon pour le «oui» ou le «non» en vue du référendum du 20 mars, des centaines de malades du cœur souffrent le martyr. Pour cause, les coûts liés à l’acte chirurgical ne sont pas à leur portée. Car, rien que pour le remplacement de la valve cardiaque, les patients doivent débloquer de 2 à 3 millions F. CFA. Une somme que les malades ne peuvent malheureusement pas honorer. Cette situation d’impasse a poussé l’Association des malades du cœur (AMC) à sortir de sa réserve pour interpeler les plus hautes autorités face à leur angoisse. Selon Karim Ndiaye, le président qui dénonce le caractère onéreux des interventions chirurgicales, «249 malades sont inscrits sur la liste d’attente et broient du noir depuis 2014. Les malades qui ont les moyens se font évacuer à l’étranger pour des dizaines de millions CFA alors que les moins nantis sont condamnés sur leur lit d’hôpital ou à domicile».
Le porte parole de l’AMC de lister les différentes affections dont souffrent ces malades sénégalais : ceux dont les valves doivent être remplacés urgemment, les malformations, les rhumatismes articulaires aigus et bien d’autres cardiopathies qui nécessitent des interventions chirurgicales.
Le responsable de l’association de soutenir ensuite qu’il ne cesse d’adresser des demandes de secours aux autorités et de solliciter l’aide des bonnes volontés. Ces malades guéris qui se regroupaient au sein de l’association, jouent également le rôle d’intermédiaire entre l’hôpital de Fann et les nouveaux patients.
Ce qui a permis de prendre en charge quelques 300 opérations depuis la création de l’Association en 1995. Sans compter les 542 malades hospitalisés, 3354 admis en réanimation et 516 guérisons. Dans ce bilan, 19 malades ont été opérés à cœur fermé, 41 en coronaire et 19 décès enregistrés en plus de la gratuité de certains examens.
«Le moment est venu pour que l’Etat du Sénégal qui s’est inscrit dans la couverture maladie universelle de mettre l’accent sur la prise en charge des adultes malades du cœur et qui sont plus de 5000 malades au Sénégal. La plupart des malades meurent avant l’intervention chirurgicale du fait que qu’ils ne peuvent pas se prendre en charge.» Un cri du cœur de ce compatriote qui, après plus de deux décennies passées en France, s’est investi dans l’action solidaire pour sauver les malades du cœur.
Sud Quotidien