xalima-News« -Le pays est en danger ». En quoi ? Economique. Et oui, c’est bien ce que Amath Dansokho a semblé s’efforcer de faire comprendre à Macky Sall, dans un entretien paru ce samedi 06 juin dans les colonnes de L’Observateur. Aucun avertissement, ne pouvait être plus fort que celui lancé par le ministre d’Etat et conseiller, au président de la république. Surtout venant du palais. « Les gens souffrent », ils sont « piétinés », « on est renvoyé à cinq ou six ans en arrière », « la population est très éprouvée » et « nous n’avons (BBY) pas résolu les problèmes pour lesquels nous nous sommes rassemblés »: ainsi que l’alors patron du PIT ait peint un tableau noir du Sénégal sous Macky Sall. Plus qu’un jugement, c’est un constat d’échec implacable, plus sévère que celui fait récemment par Idrissa Seck, le président de Rewmi. Mais qui lui confirme.
Le diagnostic fait Par le « vieux sage communiste », résume le malaise social, l’état de pauvreté et de délabrement de la société sénégalaise. Pour le moment ce n’est ni le « Yonu Yokute », ni le « Sénégal Emergent ». La politique (s’il y’ en a) adoptée par Macky est loin de donner des résultats positifs . Pire même, elle fait reculer le pays. Voilà en résumé, la pensée exprimée par Dansokho. Même tardif, son réveil, sur la situation du pays, peut rouvrir les yeux au président de la République . Comme, ils ont l’habitude de faire, les défenseurs zélés de Macky Sall, qui tirent sur tout ce qui bouge, auront du mal à le cibler. Il n’a aucune ambition présidentielle comme Tanor Dieng, il ne lorgne pas le fauteuil du président (comme Niasse le faisait avec Wade) il n’est pas non plus le genre de personne qui souhaite l’ échec au président. Il a une grande estime pour Macky Sall. Et ce dernier le lui rend bien. Donc, c’est la personne idéale pour dire la vérité au chef de l’Etat. Certes, peut-on lui reprocher de faire de telles critiques violentes au gouvernement dans lequel il siège. Mais, nous, tous, connaissons l’homme. Il ne connait pas le langage diplomatique. Il est tellement sensible au sort du peuple, que pour lui, taire la pauvreté dans laquelle, il vit, serait faire acte de trahison. Abdou Diouf, (qui était absent du pays à cause d’une maladie) qui n’avait pas accepté ses critiques, alors il était ministre dans son gouvernement, l’avait « défenestré » (pour reprendre ses propres mots) à son retour du pays. Il paya la même chose avec Wade tout au début de l’alternance.
Bref, Dansokho est l’allié qui ose dire tout haut, ce que tout le monde pense tout bas. Pour lui, la fidélité en politique, ce n’est pas de la soumission.
Sa sortie est grave et interpelle Macky Sall sur ses responsabilités. Il peut faire ce qu’il veut à Dansokho: le chasser, le recadrer… . Mais il doit se poser cette question: Dansokho a -t-il raison ou pas? En tout cas l’appréciation qu’il a faite sur la situation du pays est le ressenti de la majorité du peuple. La colère est grande dans la pays, des entreprises ferment, les ménages sont fauchés, l’école sénégalaise est à l’abîme… . Macky n’est pas exclusivement responsable de ce marasme économique. Les régimes précédents en ont aussi leur grade. Mais comme l’a bien dit Dansokho, il a été élu pour réparer ce gap. Malheureusement, pour le moment, les signaux sont restés au rouge. Pas d’espoir! D’autant plus quand il « va à droite », ses ministres « vont à gauche », selon son secrétaire d’Etat à la communication, Yakham Mbaye. Voilà tout le drame de Macky Sall, si bien décrit par le journaliste, devenu apériste de fraîche date. Si les apprentis se conduisent comme des chauffards, c’est qu’il manque un grand maître. L’indiscipline notoire des ministres, évoquée par Yakham Mbaye est accompagnée par une « incompétence notoire » du président de la République selon Idrissa Seck. Point d’être un expert en politique pour remarquer que le gouvernement de Macky Sall est caractérisé par un amateurisme terrifiant et affligeant. La dernière boulette est relative à l’Avis donné par un organisme onusien contre la détention arbitraire sur l’affaire Karim Wade. Surpris sommes-nous, lorsque le ministre de la justice, Sidiki Kaba a annoncé que sa réponse-défense avait accusé du retard! Au même moment, le porte parole du gouvernement, Me Oumar Youm mettait en doute l’existence et la crédibilité de cette organisation. Qui faut-il croire?
Donc, c’est à Macky Sall de faire preuve de leadership et d’autorité pour ramener le calme dans son camp. Chose qui ne sera pas si simple parce que Benno Bokk Yaakar, la coalition gouvernementale est en pleine déroute comme l’a souligné Dansokho: « nous n’avons pas résolu les problèmes pour lesquels nous nous sommes rassemblés ». Nous , c’est Macky Sall et les leaders de Benno Bokk Yakkar. Le président tient beaucoup à ce rassemblement Potemkine, malgré les critiques violentes du PS contre sa politique. Là, aussi, Dansokho, lui a ouvert les yeux, Benno ne peut continuer parce qu’il est non seulement incapable de gommer ses différences , aller à l’essentiel, mais incapable de faire face aux exigences sociales. Ce ratage économique se lit à travers des différentes sorties médiatiques de certains responsables socialistes qui refusent même d’endosser leur responsabilité et des contributions de Ibrahima Sène du PIT.
En tout cas, avec la sortie de Dansokho, Macky Sall ne peut plus s’accrocher sur Benno. Comme ses alliés n’ont pas le courage de poser en premier la rupture, c’est à lui de prendre ses responsabilités. Se séparer de ceux qui ne se reconnaissent plus de sa politique, remanier, de dire clairement qu’il réduira son mandat. Em ce moment, les choses seront au moins claires
Mais en attendant faudrait qu’il lise l’interview de Dansokho avec la tête et non avec le cœur.