Si l’on vous dit que ce pays est à raser, on n’exagère point, tellement la décrépitude y est totale, qu’elle soit sociale, religieuse, morale, politique, intellectuelle entre autres. Ce pays est tellement abîmé qu’il est impossible de le rafistoler ou de le replâtrer. Il faut le raser pour le reconstruire en particulier en édifiant des fondations très solides, les ressorts sur lesquels ce cher Galsen reposait jusqu’ici étant vermoulus voire rouillés. Ce charmant pays est malade, et particulièrement de sa classe politique mais aussi de certains de ses intellectuels et fonctionnaires, carriéristes et racoleurs, que l’on ne peut guère différencier de ces péripatéticiennes qui tapinent au coin des rues pour survivre. Sa classe maraboutique n’est pas mieux lotie dans cet océan de déchéance car couvrant tous les abus, toutes les indisciplines, toutes les incivilités, tous les trafics, tous les délits. L’espace public est occupé de manière anarchique par des gens que personne n’ose toucher car disant être leurs talibés. Gare au maire qui s’aviserait de vouloir les déguerpir ! Ces hors la loi de la voie publique sont protégés par de puissants marabouts. Au volant, ils tuent et s’en sortent avec de petites peines. Les mesures édictées par l’Autorité pour mettre fin à ces homicides récurrents et gratuits sont souvent vigoureusement contestées. Et si elles sont appliquées, c’est juste pour quelques mois avant que les anciennes (et mauvaises !) habitudes ne reviennent.
Chassez le naturel, il revient au galop ! La tristement célèbre tragédie de Sikilo, un accident de la route qui avait fait 41 morts, s’est vite retrouvée dans les poubelles de l’oubli pendant que la liste macabre s’allonge avec la complicité de forces chargées de mettre de l’ordre sur nos routes, mais qui ferment les yeux, gangrenées qu’elles sont par la corruption. Faut-il les condamner quand l’Etat, lui-même, est le premier à fouler au pied ses propres règles ? Quand on voit la manière dont le domaine maritime est dépecé au profit de mercenaires qui se foutent de questions environnementales, privatisent à leur profit un bien commun et compromettent la vie de plusieurs générations, l’on ne peut qu’être effaré. En voyant les images du phare des Mamelles en l’année 2013 et ce que ce vestige est devenu en 2024, on est saisi d’effroi devant l’énormité des dégâts commis sur la nature par des êtres boulimiques. La décision salutaire d’arrêt immédiat de toutes les constructions sur le littoral sera vivement contestée. Déjà, sans fausse pudeur, ils ont transféré le débat sur le terrain de la politique politicienne. Faudra-t-il détruire toutes les constructions érigées illégalement sur notre littoral ? S’il ne tenait qu’à Kaccoor Bi, la question ne se poserait même pas car il faudrait les réduire immédiatement en tas de gravats. Mais les intérêts en jeu sont si colossaux et la maffia du littoral si puissante qu’il n’est pas sûr que le président Diomaye Faye réussisse son pari sans bénéficier d’un très fort soutien populaire…
Kaccoor Bi Le Témoin