Un mois après le coup de force mené par les combattants du nouveau pouvoir contre Bab el-Aziziya, le quartier général du dirigeant libyen déchu à Tripoli, Mouammar Kadhafi reste introuvable, et sur le terrain l’offensive marque le pas.
Les forces du nouveau régime marquaient une pause, jeudi 22 septembre, dans les combats autour de Syrte, ainsi qu’à Bani Walid, deux bastions de Mouammar Kadhafi, invoquant la nécessité de se réorganiser au lendemain de leurs succès dans le Sud.
Cité par la télévision arabe Arraï, basée à Damas, le porte-parole de l’ancien pouvoir, Moussa Ibrahim, en fuite, a de nouveau appelé à la résistance contre « les agents et les traîtres », faisant état de « victoires qualitatives » dans plusieurs villes, notamment à Bani Walid et à Sebha. Moussa Ibrahim a parlé « d’un génocide » commis par l’OTAN et ses agents libyens à Syrte et a dénoncé « l’inaction » de la communauté internationale.
De leur côté, les responsables militaires du Comité national de transition (CNT) indiquent qu’ils attendent de nouvelles frappes de l’OTAN pour affaiblir les positions des forces pro-Kadhafi. Dans son communiqué daté de vendredi 23 septembre, l’Alliance souligne avoir touché la veille un stock de munitions et des baraquements militaires dans les environs de Syrte.
A Bani Walid, près d’une semaine après l’assaut lancé contre cette vaste oasis, la situation était calme jeudi. Les combattants imputent leurs difficultés à un manque de coordination et à l’absence d’un commandement unifié pour cette bataille dans le désert.
LA FRANCE MAINTIENT SON DISPOSITIF
Le commandement des forces françaises a annoncé, jeudi, que la France maintenait son dispositif, notamment d’hélicoptères de combat, déployé au large de la Libye et poursuit ses frappes aériennes contre les dernières forces pro-Kadhafi.
L’OTAN a affirmé qu’elle pouvait y achever sa mission largement avant l’échéance de son nouveau mandat, qui vient d’être prolongé de trois mois. Mais pour le ministre de la défense français, Gérard Longuet, l’Europe doit « tirer les leçons » du conflit en Libye afin de déterminer « ce qui a marché et ce qui a moins bien marché ».
Mercredi 20 septembre, les forces du nouveau régime avaient réussi à prendre le contrôle des villes de Sebha et Waddan. Sebha, fief des Kadhadfa dans le désert, la tribu de Mouammar Kadhafi, constituait un important objectif des combattants pro-CNT, de même que l’oasis de Djofra, à 300 kilomètres plus au nord-est.
Dans un pays aux finances exsangues après plus de sept mois d’une révolte qui a tourné à la guerre civile, la production de pétrole va reprendre dans les tout prochains jours, mais il faudra longtemps, selon un responsable du CNT, avant d’atteindre les niveaux d’avant ces événements. La Suisse a annoncé, vendredi, qu’elle levait les sanctions prises contre trois firmes libyennes, deux pétrolières – National Oil Corporation et Zweitina Oil Corporation – et une aérienne, Afriquiyah Airways.
KADHAFI TOUJOURS INTROUVABLE
Mouammar Kadhafi, visé par un mandat d’arrêt international émis par la Cour pénale internationale (CPI) et par un avis de recherche international, est toujours en fuite. Le 23 août, les combattants du nouveau régime avaient pris le contrôle de son quartier général, sans trouver trace ni de lui ni de sa famille. Mais pour les nouvelles autorités, l’ex-« guide » est toujours en Libye.
Ses anciens soutiens, eux, font face à la justice. Jeudi 22 septembre, l’ex-premier ministre du colonel Kadhafi, Al-Mahmoudi Al-Baghdadi, arrêté la veille en Tunisie, a été condamné à six mois de prison pour franchissement illégal de la frontière. En revanche, la justice tunisienne a confirmé en appel le non-lieu en faveur du commandant Khouildi Hamidi, un proche de Mouammar Kadhafi qui a longtemps dirigé les renseignements militaires du pays, interpellé le 7 septembre à l’aéroport de Tunis et poursuivi pour entrée illégale en Tunisie.
(avec lemonde.fr)