Depuis trois ans, la Française Laurence Fischer, triple championne du monde de karaté, se rend en République démocratique du Congo auprès des femmes victimes de viols. Aux côtés du célèbre Dr Mukwege, la sportive de haut niveau leur enseigne l’auto-défense et tente d’aider ces femmes traumatisées à reprendre confiance en elles et à se reconstruire.
Une fois par semaine, à Bukavu, sur les rives du lac Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), Sandra, Béatrice, Makene ainsi qu’une dizaine d’autres femmes troquent leur longue jupe colorée pour un kimono blanc. Sur le tatami, elles retrouvent leur coach, Franck Kwabe, ceinture noire de karaté et assistant de Laurence Fischer, ancienne championne du monde de la discipline. Il est étudiant et pendant son temps libre, il enseigne l’autodéfense aux femmes traumatisées.
Acquérir force, concentration et endurance
Les cours ont lieu à la Fondation Panzi, institution créée en 2008 par le Dr Denis Mukwege, chirurgien gynécologue qui reconstruit les bas ventres des femmes et leurs poitrines massacrées à la baïonnette… Dans l’est de la RDC, région meurtrie par la guerre, le viol est utilisé comme arme de guerre et les femmes en sont les premières victimes. Chaque année, des milliers d’entre elles subissent de graves sévices sexuels.
Pendant une semaine, Laurence Fischer, retirée de la compétition depuis 2006 après avoir été trois fois championne du monde de karaté et sept fois championne d’Europe, prend les rênes de l’entraînement. Depuis dix ans, elle aide les femmes victimes de violences partout dans le monde, comme en RDC. La karatéka leur enseigne bénévolement son sport, qui s’adresse autant au physique qu’au mental : « Grâce au karaté, ces femmes prennent conscience qu’elles ont de la force. Elles acquièrent aussi de l’endurance et de la concentration. Et il leur faudra justement de la force, de l’endurance et de la concentration pour relever les défis à venir ».
« Quand je pratique le karaté, ma peur s’évapore »
C’est la cas de Sandra, violée à l’âge de 16 ans par un voisin, qui est la plus assidue de ses élèves. Pour rien au monde, l’adolescente ne raterait un cours de karaté. Arrivée au centre dans en état mutique, elle est aujourd’hui pleine de vie et a trouvé la force de rebondir : « Quand je pratique le karaté, ma peur s’évapore », sourit l’adolescente. Elle aurait aimé apprendre à se défendre plus tôt, pour pouvoir faire face à son agresseur. À son tour, Sandra a décidé de transmettre le karaté aux filles de son quartier. Afin qu’elles ne vivent pas le même calvaire qu’elle.