Dans notre édition de Samedi 13 Février, notre éditorial qui s’intitulait la « République de la bamboula » a pu titiller la sensibilité de quelques barons de la « libéralie ». N’empêche, oiseau de mauvais augure que nous sommes, nous avons non seulement annoncé l’inutilité de ces frasques, mais aussi que les Sénégalais vivaient dans une autre planète que celle de la « République de la bamboula ». Nous en avons eu la preuve avec le direct de la RTS : les gradins étaient vides et le président, dont j’observais les moindres gestes, avait la mine des mauvais jours. Parce qu’il n’avait pas la mobilisation populaire qu’il espérait ; parce que ses « chargés de mobilisation » n’ont pu convaincre personne ; parce que les Sénégalais ont d’autres préoccupations plus vitales que d’aller voir des apprentis artistes (qui, du reste, ont été bons, malgré quelques travers d’amateurs) s’exhiber sur des séquences de 50 ans d’indépendance. Séquences du reste très subjectives.
Monsieur le président, ce samedi-là, un ami, émigré à la retraite, m’a convaincu d’aller passer la journée dans son verger à Bambilor. Pour moins de 60 Km, nous avons fait 3 h (12 h – 14 h 50). Idem pour le retour (17 h 10 – 19 h 50). Or, je fais partie de ces naïfs qui pensent qu’une autoroute, sert à gagner du temps et non en perdre. Qu’une autoroute n’est pas un marché pour marchands ambulants et autres « Bay Fall » avec leurs calebasses, et qui sont plus qu’agressifs vis-à-vis des automobilistes.
L’autoroute, (en tout cas le tronçon qui existe) est pire que l’Avenue Faidherbe aux heures de pointe. Mon ami retraité de la SNCF et qui s’est reconverti dans l’agriculture, a failli piquer à plusieurs reprises une des ses mémorables crises d’asthme.
Aux véhicules qui rejettent des nuages de fumée, il disait : « Mais comment peut-on laisser rouler ces carcasses ? ». Aux camions, il disait : « mais pour les gros camions et les véhicules lents, c’est la file de droite, leur ligne ». Et ainsi de suite…. Tout cela, sous une température de plus de 30°, aggravée par les nuages de fumée de ces corbillards ambulants. Et on s’étonne que nos routes soient les plus meurtrières de la sous région.
Pourtant, après le drame du Joola, une décision intelligente avait été prise : plus de surcharge dans les cars rapides et les Ndiaga Ndiaye ; plus d’apprentis sur les marches–pieds et itou pour le Petit train bleu. Cela n’a duré que le temps des roses : éphémère. On a vite fait de revenir à nos vieilles mauvaises habitudes. Et cela, au vu et au su des forces de sécurité chargées partout de sécuriser nos routes et rues et d’éviter ainsi des « accidents-attentats » meurtriers. Oui, je fais partie de ces rêveurs-naïfs, qui pensent que ce soit là (entre autres) la responsabilité de l’Etat : la sécurité des citoyens. Une autoroute, ce sont éventuellement des aires de stationnement (repos, bouffe, carburant) et non un souk plus mortel potentiellement qu’une nationale ou une départementale.
J’ignore combien ces cérémonies pour le cinquantenaire ont coûté, mais si on donnait cela aux forces de l’ordre, elles auraient plus le cœur à l’ouvrage ; ce serait plus efficace et on mettrait moins la vie de nos concitoyens en danger. On rendrait notre économie plus performante et, Nom de Dieu !, on ne mettrait pas trois (3) heures pour aller à Bambilor (moins de 60 km). C’est le temps qu’on devrait faire pour se rendre à Saint-Louis.
Les infrastructures (donc les autoroutes), c’est à ça qu’elles servent. A gagner du temps, non en perdre. Surtout si demain, on doit payer pour mettre 3 h de temps pour moins de 60 km