Les universitaires ne veulent pas attendre qu’il y ait un problème de santé publique pour réagir. Au moment où les Lampes à basse consommation sont introduites petit à petit dans les ménages sénégalais, ils attirent l’attention sur les dangers cachés celles-ci, malgré leurs autres avantages. Par Safiétou KANE
ImageLe Sénégal a entamé le remplacement des Lampes incandescentes par les Lampes à basse consommation (Lbc). Mais, selon le doyen de la faculté des sciences et techniques de l’université Cheikh Anta Diop, M. Serigne Amadou Ndiaye, des recherches «montrent qu’il y a des inconvénients. Les Lbc contiennent du mercure». Le professeur Tidiani Adams, explique qu’il ne «resterait plus dans le monde que 75 années d’approvisionnement en pétrole…ce qui a entrainé le surenchérissement du produit». Pour réduire les factures d’électricité, le Sénégal n’est pas allé chercher bien loin. Il a copié les pays européens qui ont déjà commencé à remplacer les lampes incandescentes par les Lbc. D’ailleurs, ces pays sont à leur dernière année d’utilisation des premières lampes citées.
Les Lbc présentent des avantages, comme une durée de vie plus longue et une réduction de la facture énergétique. Mais sur le plan de l’environnement, «ces lampes émettent des radiations magnétiques et ne sont pas conseillées comme lampes de bureau ni comme lampes de chevet, ils émettent plus que le téléphone portable. Les Lbc doivent être utilisées à au moins un mètre du consommateur. Casser une Lbc dans une chambre présente des risques aussi bien pour les grandes personnes que pour les bébés. Il ne faut pas attendre d’avoir des problèmes de santé publique pour agir», a expliqué le professeur Adams au cours d’une rencontre avec la presse.
Ladite rencontre était un prélude à l’atelier sur les enjeux économiques et environnementaux des Lampes à basse consommation qui se tiendra du 3 au 5 mars prochain.
Le principe de prévention oblige de faire une gestion préventive en amont et en aval. C’est ainsi que des universitaires ont décidé d’organiser cet atelier en partenariat avec le Centre international de développement international (Crdi) et, au «sortir de cet atelier qui va se tenir sur trois jours, nous allons faire des recommandations avec des pistes que la faculté pourrait prendre en charge».
Ces chercheurs veulent jouer un rôle de veille en posant les problèmes qui peuvent survenir dans l’environnement avec ces Lbc qui contiennent un minimum de 2,5 ml de mercure. Cet atelier devra permettre une meilleure compréhension des enjeux économiques et environnementaux, une compréhension des risques et dangers potentiels et promouvoir les caractères économiques et écologiques, mais aussi proposer des pistes de réflexion pour le recyclage des Lbc. Ils souhaitent que l’Etat puisse donner à la Douane les moyens de contrôler toutes les lampes qui entrent sur le territoire sénégalais. D’autant plus qu’il y a des Lbc qui ne sont pas de bonne qualité, qui n’émettent pas une bonne lumière et qui ont une durée de vie qui ne dépasse pas un an.
Le recyclage reste donc une question d’actualité, surtout avec l’implantation prochaine d’une usine d’assemblage des Lbc. Le doyen Ndiaye propose «qu’à chaque fois qu’un consommateur remet une lampe en fin de vie, qu’on lui remettre une nouvelle lampe à un prix diminué», d’autant plus que la lampe est recyclable à 80%, aussi bien pour le verre que pour le mercure.
Le professeur Adams, coordonateur de cet atelier explique que les chercheurs travaillent avec la Senelec. «C’est un partenaire» mais «nous devons garder notre liberté en tant que chercheurs et universitaires pour pouvoir dire ce qui est bon pour le Sénégal et ce qui ne l’est pas.» Il pense que l’intégration des Lbc ne peut marcher qu’avec une bonne communication.
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