L’histoire de MDL remonte à la création, en 1940, du syndicat Mineral Deposits, à Southport dans le Queensland. La société, l’une des pionnières de l’industrie australienne du sable minéral, est reconnue comme « la plus ancienne dans son secteur d’activité ». Sous différentes formes, MDL a réalisé des opérations dans le domaine du sable minéral sur le littoral oriental de l’Australie. Les activités de MDL consistaient en des opérations de dragage par voie humide le long des dunes et des lignes de rivage en vue de produire un concentré de minéraux lourds. Celui-ci était ensuite transporté pour l’extraction du rutile et du zircon. Les rutiles et zircon de première qualité de MDL ont toujours trouvé des débouchés immédiats sur les marchés mondiaux. Depuis la fin des années 1990, MDL est présente dans les provinces géologiques riches en sable minéral du Tamil Nadu, en Inde méridionale. Avec son partenaire de joint venture BMC, elle a participé à des activités minières et de traitement par voie sèche de grande envergure à Kuttam, et a commercialisé de l’ilménite dans le monde entier.
Depuis plusieurs années, MDL travaille au grand projet Zircon de la Grande Côte (Grande Côte Zircon Project ou GCZP) au Sénégal, sur environ 100 km au nord Dakar. Dans ce pays, avec le concours des autorités actuelles, l’entreprise australienne élargira ses activités dans l’or. Elle reprend le projet Or de Sabodala. Les critères de l’appel d’offres ne lui permettaient pas, cependant, de soumissionner seule. On demande alors à la société sud africaine KUMBA Limited de se présenter comme futur partenaire technique de référence de MDL et en contrepartie, on lui confie le projet des mines de fer de MIFERSO. Ainsi, le 23 mars 2005, une grande cérémonie a été organisée à l’hôtel Téranga, pour célébrer la signature d’une convention minière entre l’Etat et MDL. Le 09 juin 2005, un permis d’exploitation est délivré à MDL par le décret n°2005-520. Après l’adjudication du projet Sabodala à MDL, KUMBA Limited qui était présentée comme partenaire technique de référence avec un contrôle de 13,5% de la future société d’exploitation, pour justifier l’octroi de la mine de Sabodala, décide de quitter le projet Sabodala et refuse d’y investir un sou. Elle annonce son départ du projet le 23 février 2005 et publie un communiqué de presse à cet effet, pour que nul n’en ignore (http://www.africaintelligence.com/).
Par la suite, il fut créé le 25 octobre 2005, une société d’exploitation dénommée Sabodala Gold Project (SGP) dont les parts sont détenues à hauteur de 70% par MDL et 30% par des actionnaires sénégalais et par l’Etat (voire MDL Financial Report for the year ended 30 June 2006 page 11 – DOC1.pdf). Auparavant, l’Etat avait demandé à MDL de mettre les formes pour se conformer à l’article 30 du code minier qui dispose : « l’Etat peut, en sus de dix pour cent (10%) d’actions gratuites, négocier pour lui et le secteur privé national une participation au capital de la société d’exploitation. » MDL dont la totalité des actifs en 2004, avant l’octroi du gisement de Sabodala, était estimée à environ 2 milliards de FCFA ($5, 334,589 Australian), passe immédiatement à près de 16 milliards de FCFA ($41,989, 718 Australian) en 2005 (voir MDL – ANNUAL REPORT 2005 –page 41). En d’autres termes, on a exproprié la SMS et EEXIMCOR de leur bien, pour offrir le tout sur un plateau d’or à MDL. Celle-ci passe immédiatement d’une valorisation de 2 à 16 milliards et dispose d’un gisement qui lui permet de lever des capitaux sur le marché financier.
En 2005, une enquête publiée dans les colonnes de Sud quotidien, révélait aux Sénégalais que les actionnaires nationaux indiqués dans les écritures officielles déposées par MDL à la bourse, n’existaient pas dans la réalité. Le texte expliquait à la face de la Nation que les soi-disant actionnaires privés sénégalais étaient créés de toutes pièces par MDL et ses mentors nationaux. « Dans la liste des actionnaires rendue publique seule une personne physique de nationalité sénégalaise, Lamine Diouf, figure parmi la vingtaine d’actionnaires. Lamine Diouf, à notre avis, est un peu trop esseulé sur cette liste de privilégiés, à moins que les autres personnes physiques actionnaires dont les noms ont de fortes consonnances anglo-saxonnes ne cachent pudiquement des actionnaires sénégalais nichés dans les plus hautes sphères de l’Etat et qui ne peuvent pas ou ne veulent pas se révéler ». A Dakar, des sociétés figurant sur la liste des actionnaires sont répertoriées à des adresses fausses à Castors et ailleurs dans la ville. La transparence qui doit guider la conduite de la République et la gestion du patrimoine national semble ainsi être mise à rude épreuve, dans la concession minière en faveur de MDL, renseignait Sud quotidien. En réalité, les vrais actionnaires sont cachés derrière des noms fictifs et des sociétés offshores.
La Gazette avait, en effet, appris, par les documents officiels publiés par MDL, elle-même, que pour garantir ses emprunts, plus de 83% des droits et intérêts du projet Sabodala sont détenus par 20 banques et institutions financières australiennes dont la liste figure dans le rapport financier annuel de la société (MDL Annual Report for the Financial year ended 30 June 2008 page 97). Ce même rapport renseigne que les autres actionnaires du projet Sabodala sont des privés australiens. Où est donc le capital privé national dans ce projet ? La situation économique du projet inauguré à grande pompe par le chef de l’Etat est tout sauf reluisante pour notre pays. Celle-ci est, en revanche, une excellente affaire pour la partie australienne qui se frotte les mains et pour les quelques Sénégalais qui leur ont permis de faire main basse sur une partie de notre patrimoine national.
Alioune Badara COULIBALY