Oui Laurence-Marie Coupier, le passé ne s’oublie pas. Il se cultive ! En effet,
de tous les débats agités avant les élections présidentielles de février 2019
au Sénégal, il y’en a un qui m’a particulièrement laissé avec un goût d’une
grande amertume ; C’est bien celui portant sur la double nationalité.
Notre cher Sénégal est cette barque ou cette pirogue dans la quelle sont
embarqués nos aïeuls. Nos parents les y ont trouvé et nous sommes venus
par la suite retrouver ce qu’il en reste. Nous avions cru un moment
partager le voyage avec nos parents pour l’éternité. Hélas, ce ne sera pas le
cas physiquement parlant, mais nous avons pour mission de ne pas laisser
dériver cette embarcation au contenu précieux. Nous avions eu tout de
même la faiblesse de croire qu’ils nous accompagneraient tout au long de
ce périple. Tout comme nous le ferons avec nos enfants, quelques soient
leur lieu de naissance, les métissages qui se seront faits au cours du
chemin. Ils auront dans leur ADN ce marqueur indélébile, inaliénable. Et au
fur et à mesure que le temps passe, l’on se rend compte que cette
appartenance est d’autant plus forte, d’autant plus prononcée, d’autant
plus affirmée et d’autant revendiquée et assumée… Nous ne
démissionnerons jamais et, cela quand bien même la tentation peut être
grande par moment. C’est plus fort que nous et ce n’est pas négociable !
Alors ce voyage de la vie, dans cette pirogue, nous y sommes toujours, se
fera avec tout ce que la vie regorge de promesses, d’attentes, de
turbulences, de joies ou de peines. Il doit se faire sans discontinuer. Et le
secret pour réussir réside sans nul doute dans nos capacités à transcender
les difficultés, à innover, à intégrer les nouvelles donnes, tout en gardant
les valeurs positives de solidarité, d’hospitalité et de générosité… Ce ne
sera qu’à ce prix-là que nous garderons notre bon vouloir de vie commune.
Donc, chaque passager doit donner le meilleur de lui-même. Nous devons
véritablement apprendre ou réapprendre, à vivre en harmonie,
collectivement si nous voulons atteindre notre objectif commun et être
heureux. Il nous faut nous départir et surtout dépasser nos petites
personnes, afin de mieux envisager collectivement un avenir radieux avec
plus d’harmonie, de cohésion. Nous le devons à nos enfants !
La nationalité est ce lien juridique et politique unissant une personne à un
Etat déterminé. Cette allégeance ou ce lien qui se manifeste par la
protection que l’Etat doit à l’individu un certain nombre de garanties à lui
apporter.
D’un autre côté, l’individu a un certain nombre de devoirs envers l’Etat
dont il est le citoyen entre autres, la jouissance des droits. Au vu de la
situation sénégalaise, aucune famille n’est épargnée par au moins un de ses
membres qui vit à l’étranger et dispose de la double nationalité. Ils sont
souvent plusieurs dans d’autres vivant dans tous les continents. Ce n’est
pas non plus un phénomène circonscrit à une catégorie sociale ou
géographique.
Par la force des choses et par le fait d’un monde de plus en plus ouvert, les
gens sont amenés à se déplacer, à s’établir ailleurs . Sans trop nous attarder
sur les raisons qui ont amené tout un chacun à vouloir le faire. Et d’ailleurs
n’y-a-t-il pas autant de raisons que de cas individuels ?
Choisir une autre nationalité dans ce nouveau monde, n’est aucunement
synonyme de renoncer à sa nationalité d’origine. Les questions
administratives et de droit font que ce sont des choix faits par certains
volontairement afin de mieux s’adapter à son environnement. C’est aussi
une conséquence qu’héritent souvent leurs enfants qui n’ont rien
demandé. Cela peut procurer certains avantages, avec toujours ses
corollaires en termes d’obligations et de devoirs. Notons simplement,
qu’on peut souvent être plus utile à sa patrie d’origine en étant à l’extérieur
et ayant une autre citoyenneté. Tout comme on peut être dans son pays, sa
patrie et y être nuisible !
Comment donc oublier ce débat lancé et entretenu par une certaine
presse, avec souvent des animateurs aussi immatures qu’irresponsables ? Il
y’en a un dont son visage nous vient à l’esprit, franchement « si la connerie
était de la musique, il serait un orchestre symphonique à lui tout seul »
Comment vouloir traiter ainsi d’un débat aussi sérieux, qui soit d’intérêt
national, parce qu’il peut mettre en cause à la fois certains fondements de
la Nation, que son avenir ou même l’idée que l’on se fait de cette Nation.
Le débat, si toutefois il devenait incontournable, se devait d’être inclusif et
positif. Il devait s’agir principalement d’essayer d’imaginer comment mieux
intégrer les sénégalais de l’extérieur, leurs enfants, leurs familles.
Autrement dit, comment faire pour leur donner plus de fierté d’appartenir
à cette terre , de pouvoir contribuer à son épanouissement, à son
rayonnement et à son développement. Trouver des voies et moyens de
créer des interfaces afin qu’ils puissent y venir à tout moment continuer
leurs études, leurs carrières ; accéder plus facilement à certaines
professions libérales, à la fonction publique… etc. Tout cela, avec une
valeur ajoutée certaine.
Aussi, il ne faut jamais occulter le fait que ce sentiment d’appartenance
nationale est aussi naturel, aussi inné, aussi fort et aussi sain que le sens
que l’on peut avoir pour la famille par exemple. Tenter de frustrer une
grande partie des sénégalais pour des raisons aussi fallacieuses, aussi
opportunistes et aussi dangereuses pour des visées pauvrement
électoralistes est juste méprisable.
Vouloir faire comme si ces gens-là sont quantité négligeable, au prix de leur
dénier cette appartenance somme toute naturelle et légitime est un
indicateur sur l’amoralité, mais aussi la dangerosité de certains politiciens
professionnels.
Au fond, il faut singulièrement manquer d’intelligence et, ce sens du
discernement pour ne serait-ce que lancer un tel ballon de sonde. Allumer
des incendies sur ce terrain-là, n’est rien d’autre que de vouloir estropier
une partie de cette appartenance. Ce qui en soi constitue un risque insensé
qui peut dans quelques années voire quelques décennies nous conduire à
des conflits qui sans nul doute pourront déstructurer ce qui reste de cette
nation qui commence à tanguer.
Et, le pire dans ce pseudo-débat, est qu’on se focalise sur une personne
gênante politiquement parlant pour faire du matraquage. Tout cela, quitte
à froisser des centaines de milliers de personnes. Une telle attitude est
hélas, édifiante de l’étroitesse d’esprit et de vue de ses promoteurs.
Le jeu politique trouble a tendance à pervertir des questions qui portent en
elles des germes d’un renouveau vers un mieux-être généralisé.
Des questions comme celle relevant de la plausible obligation d’inclure
dans la nation sénégalaise tout enfant de Sénégalais d’où qu’il puisse
naître, méritent certes, des réflexions contradictoires à la fois
indispensables, utiles, nécessaires et bénéfiques pour notre salut. Mais, il
convient de les aborder avec sérénité et rigueur.
Nous devons résolument regarder ensemble l’avenir dans l’optique de
construire, au lieu de nous épancher sur de petits débats à la puanteur
avérée et à la senteur dégoûtante.
L’avenir se construit avec toutes les forces vives d’un peuple, avec
également cette chance extraordinaire qu’au Sénégal, nous avons tout ce
dont une nation a besoin pour s’enrichir, grandir et rester digne et fière.
Donc ayons la véritable foi en nous-mêmes dans ce Sénégal polyglotte,
cosmopolite par la diversité des apports de toutes parts. Quel que soit leur
positionnement géographique, nos concitoyens d’ici comme d’ailleurs ont
plus que besoin de leurs points de repères. Il y a de ces choses qu’on ne
délocalise pas aussi facilement. A chaque fois, nous devons nous
demander, comment pouvons-nous, d’abord et avant tout, nous investir
mutuellement pour rendre réels et solides les liens d’attachement entre ces
gens-là et la terre où sont ensevelis leurs ancêtres ? Que faisons-nous de
ces liens à caractère sacré, de la mémoire collective, de nos
reconnaissances spontanées ? Ce n’est ni dans l’exclusion, ni dans des
restrictions insensées, encore moins dans le reniement que l’avenir va se
construire.
Quoiqu’il en soit, cela ne signifie aucunement que le fils d’un(e)
sénégalais(e) née en Australie, au Japon où que sais-je encore doit avoir
moins de droit au Sénégal.
Nous nous interrogeons chaque fois à la frontière quand un agent regarde
notre passeport. Nous nous disons souvent que notre véritable identité
n’est pas dans ce document. Elle est en nous, nous la portons au plus
profond de nous, elle est dans notre langue maternelle, dans nos
expressions, dans l’attachement à cette terre de nos ancêtres… Et cela
personne, nous disons bien, personne, ni constitution, ni loi, encore moins
un décret ne peuvent nous l’enlever.
Le regard que l’on porte sur les sénégalais de l’extérieur est déterminant, il
peut souvent créer de l’envie, de la honte, de la fierté, de l’honneur, de la
pitié, ou même des sentiments mitigés. Ce regard doit évoluer, dans le sens
d’une amélioration positive des comportements. Il est important de juste
les considérer comme des sénégalais à part entière. Même si au
demeurant, nous avons tous la claire-conscience qu’à force de vivre
ailleurs, on finit par devenir étranger de ce qui s’y passe. Mas enfin,
permettez-nous de croire que les choses ont beaucoup évolué depuis
l’avènement des Nouvelles technologies de l’information et de la
communication et notamment avec les réseaux sociaux qui nous font vivre
les événements en temps réel.
Nous devons être vigilants, sur certains débats. Ne pas accepter que des
politiciens soutenus par une presse médiocre et aux ordres, des
chroniqueurs sans aucune constance, ni contenance d’ailleurs nous mènent
sur des terrains glissants et improductifs .Par moment, nous nous disons
que traiter certains d’entre eux de chiens, n’est pas une insulte qui leur est
faite, mais plus une offense à ces animaux, modèle de fidélité par
excellence.
Moussa Bèye
Montréal ce 12-12-2019
Une belle pensée qui vient illuminer des ténèbres opaques de brouillard et de confusion.En accord avec vous, l’ouverture vivifie et le sectarisme réduit tout comme une peau de chagrin.«Ce n’est ni dans l’exclusion, ni dans des restrictions insensées, encore moins dans le reniement que l’avenir va se
construire» Nos enfants ou qu’ils soient nés héritent de nos gènes et ADN et ils veulent apporter leurs pierres à la construction de l’édifice de repère et d’origine.Un pays et une mère sont semblables
Analyse très pertinente.