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Entre persécution et délire de persécution: La quête d’un électorat

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Une pratique bien ancrée au Sénégal depuis les chemins de fer jusqu’aux tunnels du sommet, les chantiers de l’indépendance firent tant de martyres. Et les ayants causes furent indemnisés des fonds de caisse destinés à l’achat de nourriture pour les orphelins, à soigner les dames, à soutenir les parents privés de bourse familiale, à évacuer les souffrants et à inhumer les défunts qui quoique accompagnés des prières des guides ne cessent d’être pleurés par les administrateurs et les régisseurs.

L’Alternance politique mit les caisses pleines au point que les dépassements des fonds politiques passent inaperçus tandis que l’Acte 3 de la Décentralisation continue d’en remplir exclusivement d’autres. Le procureur, excluant toute trêve judiciaire, aurait voulu se procurer la république en misant sur le temps de la justice qui chevauche le temps électoral.

L’avènement des deux alternances engendre une classe politique, nantie des fonds publics, est capable de prendre en charge les préparatifs, les primes, les supporters et se procurer un dopage aussi efficace que celui qu’emploient les tenants du titre.

Le Président Senghor et WADE se vouaient un respect mutuel. Entre Diouf et l’opposition, la considération était réciproque malgré les vicissitudes du champ politique. Il est vrai que l’opposant Wade, ne gérant pas de deniers publics, était le plus souvent inculpé pour troubles à l’ordre public. Le président Wade a réitéré maintes fois les appels au dialogue.

Mais, il plus que regrettable de constater que le respect et l’élégance républicaine n’est plus de mise dans le jeu du pouvoir qui oppose des gens d’une même génération. Le combat est plus redoutable lorsqu’il oppose d’anciens compagnons, voire des amis qui ont quasiment tous exercé le pouvoir. Le plus grand trophée est décerné à celui qui accomplit le parricide. Les générations des indépendances prônent encore leur suprématie malgré l’ère de l’internet et la nécessité de la modernité. Ce qui est plus désolant, c’est qu’on ne pense plus au peuple lequel a cessé depuis longtemps de penser, il subit le jeu malsain du pouvoir. J’en suis révolté !

La plupart des compétiteurs, il est certain, ont dû puiser, à coup de millions ou de milliards, des ressources durant le règne des régimes antérieurs et certains y ajoutent les fonds de caisse. Cela rappelle la boutade de Péguy : «Kant a les mains pures mais il n’a pas de mains». On s’est focalisé sur les avoirs de Meïssa alors que nombre de mains, même lavées à grande eau, ne mériteraient même pas d’user des cuillères rangées depuis longtemps dans les tiroirs.

Cette compétition met hors jeu une certaine catégorie quoiqu’elle veuille s’engager à toutes échéances à défaut de définir unilatéralement les règles du jeu comme lors de la dernière compétition ou se proclamer tout simplement arbitre partisan. Tant de béliers égorgés avant le jour J, sous le prétexte qu’ils soient blessés ou souffreteux, ne sauraient être comptabilisés. C’est un hors-jeu.

C’est à juste titre que Abdou Ndukur Ndao s’interroge: « A moins d’être dans la surenchère ou la démagogie, comment dans un pays qui se respecte, on peut prendre autant de temps à discuter de la différence entre caisse d’avance et fonds politiques ? »

A lieu de faire de vains sacrifices, les seniors qui ont déjà manqué de jouer un match officiel devraient s’entraîner et se préparer à livrer un ultime et loyal combat. Vouloir détruire ses frères dans l’unique but de les écarter de la course au trône, n’est guère un signe de grandeur. C’est refuser de rester un homme d’honneur ! C’est aussi ignorer la puissance de la volonté divine ! Tel était notre propos contenu dans une contribution publiée le 7 février 2015 et intitulée : « Wade et Macky, la bataille du trône : vers le syndrome Maodo » 

L’exercice du droit de suffrage et d’éligibilité demeure si sacré, c’est l’essence même de la démocratie. Il faudra préserver ces droits fondamentaux dans un climat pacifique.

Mais en attendant, le juge devrait-il accepter le surclassement ou la fraude d’où qu’ils proviennent ? Le nouvel adversaire, en usant de la caisse, a pris trop d’avance sur les autres compétiteurs au point d’être placé dans la caisse. En tout état de cause, quelqu’un devra forcément encaissera la mise. Notre souhait le plus ardent est que le peuple gagne.

Pourquoi aucune des réformes de la décentralisation, pas même la dernière, n’a clarifié la nature de ces fonds-là alloués à la Ville de Dakar ? N’est-ce pas « des fonds politiques » d’après ce que laisse entendre le Maire de la capitale en se fondant sur une pratique jurisprudentielle qui remonte à 1920?

A notre avis, il aurait été plus judicieux que les recommandations issues du rapport de la mission de vérification de l’Inspection Générale d’Etat (IGE) impactent la clarification et la réglementation de ces fonds ou éventuellement leur suppression, à l’aune du nouveau statut de la Ville plutôt que de s’acharner sur la gestion antérieure dans ce contexte de précampagne électorale à moins de trois mois des investitures en perspective des prochaines législatives.

Par devoir de vérité, il faudra transmettre systématiquement à la justice tous les rapports des organes de contrôle et de vérification des finances publiques qui relèveraient des manquements graves dans la gestion des deniers publics afin de garantir plus d’équité et de transparence dans la reddition des comptes.

Ndiaga SYLLA

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