Le 4 février dernier, la Cour d’Appel de Dakar a pris la décision de visiter l’entrepôt dans lequel l’ex-sénatrice garde le matériel destiné au Plan Jaxaay qu’on l’accuse d’avoir détourné. Cela a été fait hier. A l’issue de la visite, il a été ordonné un inventaire du matériel trouvé sur place.
« La confiance n’exclut pas le contrôle ». Le président Ousmane Chimère Diouf et ses assesseurs semblent faire leur cet adage. Hier, à l’issue du transport effectué à l’entrepôt d’Aïda Ndiongue pour vérifier si le reste des produits phytosanitaires destinés au Plan Jaxaay s’y trouve, comme l’a toujours soutenu l’ex-sénatrice libérale, un inventaire du matériel a été ordonné. Une manière de s’assurer de l’effectivité des produits composés dans les normes de 150 motopompes, 500 bacs à ordures et 1000 tentes.
Mais hier, le décompte physique n’a pas été fait. C’est pourquoi, révèlent nos sources, après un tour dans le hangar, le président Diouf a exposé la situation aux avocats et au parquet général. Le magistrat leur aurait fait comprendre que le constat était là mais rien n’indiquait qu’il s’agissait du nombre exact. Au cours des échanges, il a été proposé la désignation d’un mandataire judiciaire. Mais la proposition n’a pas prospéré, vu que les parties ont soulevé des problèmes de lenteurs et également de moyens, car cela nécessite des frais.
Qui pour les supporter ? Ni l’AJE ni la défense n’en a voulu. Finalement, le président a décidé de confier la mission à la Section de recherches de la gendarmerie. A en croire nos sources, le décompte se fera en présence de toutes les parties avant la date de l’audience prévue le 25 février prochain. Accusée de n’avoir pas livré l’intégralité du marché de produits phytosanitaires destinés au Plan Jaxaay, Aïda Ndiongue a été finalement inculpée pour détournement de deniers publics.
Depuis l’instruction, elle a toujours soutenu que le matériel qu’on l’accuse d’avoir détourné se trouvait dans ses hangars. L’État avait enlevé juste une partie et lui avait confié le reste, faute d’espace où l’entreposer. Mieux, elle avait invité le magistrat instructeur à faire un transport sur les lieux, pour vérifier la véracité de ses propos. Sa demande n’avait jamais été satisfaite, même si la Chambre d’accusation a rendu deux arrêts recommandant le transport. Ce n’est que le 4 février dernier, lors de sa comparution en audience spéciale devant la Cour d’Appel, que le Juge Ousmane Chimère Diouf a donné suite à sa requête.
Le transport que l’ex-sénatrice a tant demandé a eu lieu hier après-midi. La Cour (le président et ses deux assesseurs), le parquet général, un greffier, les avocats de la défense, ceux de l’Etat et l’Agent judiciaire de l’État se sont retrouvés à Colobane où se trouve l’entrepôt. Aïda Ndiongue était là, accompagnée de quelques membres de sa famille. Il y avait aussi quelques journalistes soucieux de connaître le contenu de l’entrepôt. Un grand bâtiment de forme rectangulaire. Pêle-mêle, il y avait des tuyaux poussiéreux, des bacs à ordures disposés de manière désordonnée, des tracteurs, des motopompes, des bâches solidement attachées et des pneus en grande quantité. Mais, pour les journalistes, la visite s’en est limitée à cette première constatation. Car, lorsque le Président Chimère Diouf a remarqué leur présence, il leur a gentiment signifié qu’ils ne pourront pas assister à la visite. ‘’Mes amis de la presse, c’est une descente technique. Vous ne pouvez pas assister à cette visite. Vous aurez les conclusions lors de l’audience’’, a-t-il lancé.
Cette visite a pris fin vers les coups de 17h. Les avocats de l’État et la Cour ont quitté les lieux. Par contre, les conseillers de l’ex-sénatrice sont restés dont Me Mbaye Jacques Ndiaye qui a accepté de lâcher quelques mots. « La visite s’est bien passée. La Cour, l’avocat général, l’AJE et les avocats de la partie civile ont constaté de visu toute la commande qui n’a pas été enlevée par l’État», a confié l’avocat.
Aïda Ndiongue est poursuivie pour détournement de deniers publics portant sur 20 milliards de francs Cfa, escroquerie portant sur des deniers publics et faux et usage de faux et complicité. La responsable libérale est également poursuivie pour exercice illégal de commerce car, on l’accuse de s’être présentée comme enseignante au moment des faits, alors qu’elle a démissionné de l’enseignement depuis les années 80. Abdoul Aziz Diop est poursuivi pour détournement de deniers publics, tandis qu’Amadou Ndiaye et Modou Sall sont accusés de complicité. Ils été tous relaxés en première instance mais le parquet a fait appel.
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