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Entretien avec… Imam Mbaye Niang : «On n’invoque pas le nom de Dieu pour avoir un bien matériel»

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Est-ce que le chapelet a une signification particulière dans l’Islam ?
Le chapelet est un instrument de décompte. Il permet aux fidèles de compter le nombre d’invocations. Le fidèle a besoin d’invoquer les noms de Dieu pour se rapprocher de Lui. Il y a des gens qui le font par nombre et pour ne pas se perdre, le chapelet permet de connaître le nombre de fois qu’on l’a invoqué. Et de ce fait, il reste un instrument de décompte.

Certains disent que le Pro­phète (Psl) et ses compagnons n’en utilisaient pas. Et donc que ce serait un bida’a ?

Il y a effectivement des gens qui con­sidèrent l’utilisation du chapelet comme une hérésie, mais effectivement le Prophète (Psl) et ses compagnons n’en utilisaient pas. C’est une pratique que les musulmans ont trouvée ici. Les hindous et même les juifs utilisent des chapelets. Mais c’est quelque chose que le Prophète (Psl) n’a jamais utilisé. Pour invoquer plusieurs fois le nom de Dieu, Il utilisait ses doigts à la place du chapelet qui n’existait pas à l’époque. C’est ce que rapporte la tradition islamique.

Mais son utilisation reste quand même légitime aujourd’hui encore ?

Oui. C’est une pratique qui date de très longtemps et que les gens ont adoptée. Mais moi, j’utilise très rarement le chapelet. Je ne l’utilise qu’à la maison, quand j’ai besoin d’invoquer quelques noms de Dieu. Parce que même le nombre de fois qu’on doit invoquer ces noms est limité. Le Prophète (Psl), d’après la tradition, n’a jamais dépassé 100 fois. Main­tenant, pour compter de 1 à 100  on peut se perdre et le chapelet peut nous aider.

Ce qu’on constate aussi, c’est que chacun a une façon d’enfiler son chapelet suivant la con­frérie à laquelle il appartient ?

Il y a quand même une façon standard de le faire. Mais après, on rapporte dans la tradition du Prophète (Psl) qu’il faut faire, après la prière, Soubhanala 33 fois, Al hamdoulilah 33 fois et Alahou Akbar 33 fois et on ferme avec La ilaha ilalahou Mou­ha­ma­dou Rassoulilah. Cela fait 100. C’est pourquoi la plupart des chapelets comptent 3 fois 33. C’est la façon standard. Mais pour les tidjanes, c’est 12-18-20. Cela peut être différent aussi pour d’autres confréries parce que je crois que les tidjanes ont besoin de 12 perles pour réciter le Djawartoul Kamal.

Il y a aussi des gens qui en égrenant leur chapelet espèrent obtenir de Dieu des bienfaits. Est-ce que ce genre de pratique est autorisé par la religion ?

Ce genre de pratique n’est pas du tout justifié. On n’invoque pas le nom de Dieu pour avoir un bien matériel. Il y a des gens qui te disent que pour avoir telle chose, il faut faire un tel nombre de fois certains noms de Dieu, mais on ne peut authentifier cela ni par un verset du Coran ni par un hadith. C’est vraiment en dehors du champ islamique. Ce sont des bida’a. On invoque le nom de Dieu pour demander pardon et se rapprocher de Lui, mais aussi pour se purifier. Maintenant il y a des gens qui te feront croire qu’en passant la nuit avec tant de bougies allumées, avec de l’encens et en récitant tel nom de Dieu, tu auras quelque chose en retour.

Certains n’utilisent pas de chapelet parce que disent-ils, dans l’au-delà, c’est aux doigts qu’on va demander si la personne a effectivement fait ses in­can­tations ?

Il s’agit-là d’une interprétation. Il est vrai que chaque acte de dévotion doit être calqué sur la pratique du Prophète (Psl). Lui, il ne comptait ni avec un chapelet ni avec des cailloux. Il comptait avec ses doigts. Mais cela ne veut pas dire que celui qui ne fait pas pareil, ses prières ne sont pas exaucées. Cela, c’est  quand même trop extrémiste comme interprétation.

Est-ce qu’il y a d’autres invocations hormis les 100 que faisait le Prophète (Psl), qu’un musulman peut faire ?

Lui, il ne dépassait pas les 100 et parfois même il en faisait 70. Mais ce qu’il a recommandé, c’est les 3 fois 33 qu’on fait après la prière. Et tous les chapelets qui viennent de la Mecque sont enfilés de cette façon. Main­te­nant, on peut introduire autre chose. Ce sont ceux qui ont un wird tidiane, khadre ou autre, et dont le comptage ne répond pas à cette manière de fabriquer le chapelet.

lequotidien.sn

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