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Entretien avec le Commissaire sénégalais de l’Uemoa : Abdou Sakho met à sac le système Wade. «C’est la deuxième ou troisième fois qu’on enlève ma candidature». «Avec Wade, on nomme, on dégomme, on renomme». «Madické Niang ne maîtrise pas son dossier»

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Depuis un certain temps, il est au centre de la controverse soulevée par les péripéties de l’élection du président de la Commission de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’ouest (Uemoa). Beaucoup de Sénégalais n’ont pas compris comment il s’est retrouvé mis à l’écart au profit de l’ancien Premier ministre Cheikh Hadjibou Soumaré. El Hadj Abdou Sakho revient sur cette question en long ici, sans manquer de s’épancher sur la gouvernance de la diplomatie dans notre pays, ou sur le marché de dupes que le Sénégal a passé avec le Niger sur son dos. El Hadj Abdou Sakho, Com­missaire sénégalais à l’Ue­moa, pour combien de temps encore ?
Je suis actuellement à la merci des aléas d’une procédure qui est enclenchée au niveau de la Commission de l’Uemoa. J’avoue ne pas trop savoir, parce que si la procédure s’était adossée au Traité de l’Uemoa, je vous aurais dit que je suis encore là pour combien de temps. Je préfère m’en remettre à la décision de la Cour de justice, qui doit bientôt se prononcer.

Vous avez saisi la Cour de justice de l’Uemoa pour contester la décision qui vous enlève de votre poste de Commissaire. Peut-on savoir où en est la Cour ?

J’ai déposé un premier recours en annulation de l’Acte qui m’enlève de mon poste de Commissaire de l’Uemoa. Mais j’ai également déposé un acte de sursis à exécution, c’est-à-dire, pour bloquer la procédure d’installation de mon remplaçant. Je crois que la Cour va se prononcer bientôt.

Il n’en demeure pas moins que les choses commencent à s’enchaîner un peu rapidement, parce que Cheikh Hadjibou Soumaré qui a été nommé à votre place et qui va hériter du poste de Président de la Commission, va être installé le 30 novembre prochain.

Celui que vous évoquez est un frère et un ami. Nous avons eu à travailler ensemble au niveau du ministère de l’Economie et des Finances. Mais il faut comprendre que si les dispositions du Traité étaient suivies et appliquées à la lettre, sans doute que les évènements auxquels vous faites allusion n’auraient jamais eu lieu. Il se trouve malheureusement que les actes qui sont posés le sont en violation du Traité de l’Uemoa ; et je préfère en ce qui me concerne, me prévaloir de mes droits. Je n’ai pas la force, et Bourguiba disait : «Quand vous n’avez pas la force, réclamez-vous du droit, c’est beaucoup plus sûr.» Donc, je me prévaux de mes droits et à ce titre, j’ai saisi la Cour de justice qui va bientôt se prononcer.

Vous luttez contre les autorités sénégalaises, qui semblent maintenir le cap, par rapport à leur volonté de ne pas vous garder à la Com­mis­sion. Quels sont les arguments juridiques sur lesquels vous fondez vos prétentions ?

Je m’échine à expliquer que je n’agis ni contre mon ami Soumaré, ni contre le Sénégal, ni contre le chef de l’Etat. Il se trouve tout simplement que j’ai été nommé Commissaire en août ; et à partir du mois d’août, je bénéficie d’un mandat irrévocable, et mon mandat doit prendre fin en août 2015. Deux ou trois mois après ma nomination, nous avons reçu un Acte additionnel pour m’enlever de mon poste. Alors, j’ai demandé simplement à savoir pourquoi on m’enlève de mon poste, d’autant que pour qu’un Commis­saire quitte ses fonctions avant terme, il faut qu’il ait commis une faute grave, il faut qu’il soit empêché, par exemple, en cas de décès. Il se trouve que je ne suis dans aucun de ces cas de figure. Et quand j’ai demandé pourquoi on m’enlève, personne n’a voulu me répondre. Alors, en allant au niveau de la Cour de justice, peut-être que l’on pourrait me donner les raisons pour lesquelles on veut m’enlever. Et si les motifs que l’on me donne sont valables, je partirais de moi-même !

Comment avez-vous apprécié l’attitude du ministre des Affaires étrangères M. Madické Niang, qui a fait une sortie à l’Assemblée nationale pour fustiger votre attitude, en la ju­geant antipatriotique ?

Je crois que j’ai une fois répondu à cette question. Les paroles qui ont été prononcées par Madické Niang, ne méritent même pas de réponse. Voilà quelqu’un qui ne maîtrise pas son dossier, qui n’était ni au début ni à la fin de ce dossier-là, et que l’on voit venir brusquement lancer des injures contre ma personne. Je ne lui ferai pas l’honneur de répondre à des paroles qui ne sont pas dignes d’un ministre.

Il n’en demeure pas moins que le Sénégal semble aujourd’hui placé dans une posture assez délicate, du fait que vous avez été démis de vos fonctions et que vous le contestez.

Je suis le premier à être désolé par cette situation. Il est vraiment désolant que des insuffisances en matière de gouvernance interne puissent déteindre sur le fonctionnement des institutions communautaires. La situation que nous vivons n’aurait jamais dû être. Autant un chef de famille doit pouvoir gérer les affaires de sa famille en interne, laver le linge sale en famille ; autant, s’agissant d’un Etat, il est bon que les citoyens de cet Etat-là puissent se concerter afin que les divergences entre eux ne puissent être étalées au niveau international. Mal­heu­reusement ce n’est pas le cas au Sénégal, et je suis le premier à être désolé par cette situation.

Vous voulez dire que le gouvernement du Sénégal ne vous a pas appelé à la négociation, à une discussion ?

Il ne s’agit pas de négociation ou de discussion. Je souhaite tout simplement que les procédures de décision, d’action d’un gouvernement, quel qu’il soit, puissent s’ouvrir à l’examen critique des citoyens, de ceux à qui ces décisions-là s’adressent. En l’occurrence, en ce qui concerne cette affaire, il est essentiel que je puisse savoir comment on en-est venus là, comment ma candidature, qui était dans le circuit, a été enlevée au profit d’une autre candidature. Mais ça, c’est un droit normal. Et si vous ne jouissez pas de ce droit, la loi vous autorise à intenter un recours. C’est ce que j’ai fait. Ce faisant, je ne me suis dressé ni contre mon pays ni contre ses dirigeants. Ce que je veux enfin faire savoir, c’est qu’il est essentiel que les dirigeants d’un pays, quel qu’il soit, puissent gérer les éventuelles contradictions internes de façon à ce que ces contradictions ne déteignent pas sur le fonctionnement des institutions communautaires. On l’a vu en France, avec Dominique Strauss-Kahn, qui n’était pas du même parti que Nicolas Sarkozy. On l’a vu ailleurs, et je crois qu’à ce niveau, il est essentiel que le choix des représentants des pays au niveau de la gouvernance des grandes institutions et des grandes organisations internationales, puisse s’opérer et s’effectuer de la manière la plus démocratique possible. Il semble que cela n’a pas été le cas dans le cadre de l’Uemoa.

A voir la tournure des choses, c’est comme si le Sénégal n’a jamais porté votre candidature.

Vous avez peut-être raison, parce que cette candidature a suivi beaucoup de péripéties. C’est la deuxième ou la troisième fois que l’on enlève ma candidature au profit d’une autre. Mais là également, cela renseigne un peu sur les dysfonctionnements d’un certain style de gestion de la politique extérieure du Sénégal. A ce niveau-là, je crois qu’il est bon qu’enfin, la diplomatie puisse être menée par des diplomates de métier. Et Dieu sait que le Sénégal regorge de ces diplomates de métier.

Avant votre nomination en août, vous aviez rencontré les autorités du Sénégal, notamment le président de la Ré­publique et le Premier ministre. Quelle a été la teneur de vos discussions, aviez-vous obtenu un soutien de leur part ?

Je suppose, puisque quand on va jusqu’à écrire des lettres à ses homologues, quand on va jusqu’à organiser des voyages et des audiences au niveau de presque toutes les présidences de la République de l’Uemoa, un soutien ne peut être plus explicite que celui que le gouvernement du Sénégal a fait pour moi. Donc au vu des missions que j’ai eu à mener, avec d’ailleurs le ministre que vous évoquiez tout à l’heure, je pense que j’avais obtenu le soutien du Sénégal. Hélas, les choses se sont passées autrement.
Comment expliquez-vous les atermoiements par rapport à votre candidature ; car comme vous l’expliquiez tout à l’heure, votre candidature a été retirée à deux ou trois reprises, au profit d’une autre. Qu’est-ce qui faisait que la candidature de El Hadj Abdou Sakho n’était pas aussi certaine du point de vue des autorités sénégalaises, qui ont cherché à chaque fois à la changer ?
Il m’est extrêmement difficile de répondre à cette question, et si je pouvais y répondre, croyez-moi, ma candidature serait toujours à l’ordre du jour. Mais cela ne m’a quand même pas trop surpris. Regardez ! Souvent, on procède à des nominations et le lendemain, ceux qui ont été nommés sont dégommés ; et le surlendemain on les remet. Voyez toutes les péripéties qui entourent les remaniements mi­nistériels. Je crois qu’il y a quelque chose à revoir dans les procédures de prise de décisions dans ce pays.

Est-ce que cela n’accrédite pas l’idée que Abdou Sakho à la Présidence du Conseil de l’Uemoa, était plus le candidat du ministre des Finances que celui du président de la République ? 

Je ne le pense pas. Parce qu’eux tous avaient porté ma candidature et quand il s’était s’agi de m’écarter, ensemble ils ont écarté ma candidature.
Il se dit aussi que Soumaïla Cissé qui était le Président de la Commission de l’Uemoa ne verrait pas d’un bon œil que quelqu’un comme vous, qui connaît bien la maison à l’intérieur, lui succède?
C’est vrai qu’en huit ans de Commissariat, je n’ai pas toujours eu les meilleurs rapports avec Soumaïla Cissé et je me disais simplement que cela pouvait rester dans le cadre de la courtoisie administrative. Malheu­reusement, cela ne s’est pas passé ainsi. Je n’avais pas tellement conscience que j’avais affaire à des gens qui utilisaient des armes que moi je désapprouvais. Malheu­reusement, cela s’est fait ainsi et je continue toujours à penser qu’un jour ou l’autre, Soumaïla Cissé va se mettre devant moi pour me dire ce qu’il me reproche. Toujours est-t-il que sur certaines questions essentielles relevant de la gestion de la Commission, nous n’étions pas d’accord, cela est vrai.
Et quels étaient ces dossiers sur lesquels vous n’étiez pas d’accord ?
Je suis un fonctionnaire. Il y a certaines choses dont on peut parler sur l’arbre à palabres, mais il y a des choses dont on ne peut parler que dans une case, qu’on ne peut pas mettre sur la place publique.

En tout cas, l’on annonce au sein de l’Uemoa que quelqu’un comme vous, élu Président du Conseil de l’Uemoa, se ferait un devoir de faire un audit de la gestion de son prédécesseur. Est-ce que cette perspective n’est pas susceptible d’inquiéter au sein de l’Uemoa ?

Oui mais, ce n’est pas seulement la question de la gestion quotidienne de l’Uemoa. Encore que c’est une prérogative que j’aurais à partager avec la Cour des comptes de l’Uemoa. Si vous interrogez la Cour des comptes de l’Uemoa, vous aurez peut-être une idée de la qualité de la gestion de l’ancien Président de la Commission. Mais l’ambition que j’avais pour l’Uemoa ne peut pas être circonscrite uniquement à la gestion financière. Il y a autre chose. Les rapports que nous avons avec les autres organes, la Cour de justice, la Cour des comptes, le Comité interparlementaire, ce sont des rapports qui sont exécrables. Personne ne se satisfait de la méthode de gestion du Président de la Commission. Il n’y a pas que cela. Qu’il s’agisse du Fmi, de l’Union européenne, de l’Afd, il y a quelque chose à faire pour parfaire les relations avec ces bailleurs de fonds. Il y a beaucoup de choses à faire dans beaucoup d’autres domaines, la gestion du personnel, notamment des cas de frustration, d’injustice qu’il faut régler, sans compter la stratégie globale d’intégration. L’Union a été créée en 1994. Depuis, l’environnement a changé, de nouveaux défis sont apparus. Ces défis ne sont pas pris en compte par la Commission à travers ses politiques et programmes, ni à travers la situation interne. Prenez le défi de la sécurité. Vous voyez l’Uemoa, 70% de son territoire est sous la menace de groupes ar­mées. C’est no­tamment le cas au Niger et au Mali. Ces deux pays abritent pratiquement 70% du territoire communautaire. Pensez-vous que l’on puisse parler de développement dans un espace où 70% du territoire fait l’objet de menace, et où 30% de la population font également l’objet de menace ? Prenons un autre cas. En matière de développement économique, l’Ue­moa regroupe les pays les plus pauvres du monde. La pauvreté mondiale s’est pratiquement concentrée dans les pays de l’Uemoa. Les pays les plus mal classés dans l’Idh appartiennent à l’Uemoa. En Afrique le taux de croissance de ces 10 dernières années est de 5%. Au niveau de l’Uemoa, c’est 2,5%, et ce taux est inférieur au croît démographique qui est de 3%. Cela signifie que durant les dix dernières années, la population de l’Uemoa s’est appauvrie. Est-ce qu’au vu de ce petit bilan qui n’est pas exhaustif d’ail­leurs, peut-on dire que l’intégration se porte bien au niveau de l’Ue­moa ? Malheureusement non.

Avez-vous d’autres re­cettes ?
Les recettes, c’est la prise en charge des nouveaux défis, c’est faire une véritable politique de croissance économique, ce qui n’a pas lieu actuellement dans l’Uemoa. Ensuite, vous avez deux traités, celui de l’Umoa et celui de l’Uemoa. Com­ment pouvez-vous, dans un même espace économique, avoir deux traités ? Il faut donc une certaine rationalisation de ces traités, une certaine rationalisation des organes et institutions, voire entre la Commission et la Bceao qui fait quoi ; et c’est à partir de cela que l’on peut amorcer une véritable politique de croissance économique.
Au niveau politique, il y a d’importants défis : la promotion de la démocratie dans l’espace de l’Uemoa. Parce qu’on ne peut plus parler de développement économique sans parler de la question des libertés, de la question des marchés qui se chevauchent… Il y a également des problèmes d’environnement qu’il faut régler. La lutte contre l’érosion côtière, la lutte contre la sécheresse, des problèmes d’aménagement du territoire. La Côte d’Ivoire est actuellement le seul pôle qui permet d’aspirer les mouvements migratoires. Il faut d’autres pôles de croissance économique, pour rééquilibrer un peu le territoire communautaire.

Il se dit que des chefs d’Etat de l’Uemoa ont manifesté un intérêt à soutenir votre candidature à la Présidence de l’Uemoa. Pouvez-vous le confirmer ?

Avec certains d’entre eux, j’ai eu des échanges épistolaires, je leur ai communiqué certains des livres que j’ai publiés au cours de ma carrière à l’Uemoa. Ils ont effectivement manifesté un grand intérêt pour les solutions que je préconise dans ces livres. Malheureusement, je n’ai pas pu bénéficier d’un soutien ferme de mon pays, pour concrétiser l’appui dont vous parlez. Et cela nous a menés à la situation que vous connaissez et qui, sans doute, arrange certains.

Est-ce que votre Cv n’a pas été affaibli par le fait que vous n’avez jamais exercé de fonction gouvernementale ?

C’est un faux problème. Prenez tous les pays de l’Uemoa. Aucun Premier ministre n’a fait 7 ans de fonctions avant d’accéder aux fonctions de Premier ministre. Il y en a certains même, qui n’ont jamais été membres du gouvernement, comme l’actuel Premier ministre du Burkina. Au niveau de l’Uemoa même, vous verrez des gouverneurs de Banque centrale -le gouverneur Banny-, vous verrez des présidents de banque -l’actuel président de la Boad- qui n’ont jamais été ministres. L’ancien gouverneur de la Banque centrale, Dacoury-Tabley, n’a jamais été ministre non plus. Moi, j’ai fait huit ans au poste de Commissaire, et encore, huit ans dans les deux départements les plus importants de la Commission, à savoir le marché commun et les politiques économiques. Si vous ouvrez le Traité de l’Uemoa, les 114 articles concernent le marché commun ou les politiques économiques. Les politiques sectorielles font l’objet de deux articles. J’ai fait quatre ans à chacun de ces postes. Je peux quand même, après huit ans, prétendre à un poste de Président de la Commission. D’autant plus qu’un Commissaire a pour interlocuteur huit ministres. En tant que Com­missaire aux Politiques économi­ques, j’ai pour interlocuteurs les huit ministres des Finances, et j’ai eu à exercer ce travail de coordination pendant quatre ans. Je crois pouvoir me prévaloir d’une certaine expertise et d’une certaine expérience pour pouvoir prétendre au poste de Président de la Commission.
Il se dit qu’en contrepartie de votre départ de la Com­mis­sion de l’Uemoa, le Sénégal vous aurait préparé un strapontin de ministre d’Etat. Avez-vous déjà été consulté pour cela ?
Je ne suis ni demandeur ni intéressé. Si on me le propose, je n’accepterai pas.

Pourquoi n’accepteriez-vous pas ?

Mon problème n’est pas d’être ministre ou ministre d’Etat. Mon problème est de savoir ce que je vais faire dans un gouvernement où je serai ministre d’Etat. Y a-t-il des politiques bien définies, est-ce que j’aurai une lettre de mission, est-ce qu’on me laissera travailler, etc. Le titre en lui-même ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, c’est qu’est-ce que je vais y faire. Si je ne trouve pas de réponse à cette question, je crois qu’il n’est pas valorisant pour moi d’y aller.
Vous n’êtes pas le seul Sénégalais en poste dans une institution internationale et qui connaît des difficultés avec son gouvernement.

D’autres ont connu les mêmes problèmes avant vous. A titre personnel, comment percevez-vous cela ?

Avec beaucoup de tristesse. Tout se passe effectivement comme si tous les Sénégalais qui sont dans la haute direction de gouvernance des institutions internationales, connaissent des difficultés qui viennent principalement de leur pays. C’est avec beaucoup de tristesse que je constate cela avec vous. A quoi cela est-il dû, c’est difficile de répondre.

Le Sénégal a perdu la Présidence de l’Uemoa. Vous qui y travaillez depuis si longtemps, comment expliquez-vous que le Sénégal ait perdu ce poste ; et pensez-vous que le pays a des atouts pour reconquérir ce poste ?

Sur la première partie de votre question, j’étais moi-même à Niamey, et j’ai appris cela avec beaucoup de tristesse d’autant que la veille, il était sûr que tous les chefs d’Etat avaient exprimé leur soutien au président Moussa Touré. A commencer par le Président Tandjan. Alors, pour moi en principe, le président Moussa Touré devait être réélu. Malheureusement, quelques heures avant le début de la réunion, j’ai appris que Moussa Touré n’avait pas le soutien, qui était essentiel, et qui devait venir de son propre pays. Je l’ai appris, j’ai fait le constat, et c’était très amer. Main­tenant, est-ce que le Sénégal peut reconquérir le poste ? En matière de diplomatie, il faut beaucoup de clarté à propos de ce que l’on veut, où l’on veut aller. Avoir une parole qui soit exprimée de façon audible, non équivoque. C’est ce que l’on appelle, la fermeté. Et si vous n’exprimez pas vos positions de façon ferme, les autres ne vous prendront jamais au sérieux. Actuellement, le Sénégal pense avoir conquis le poste de Président de la Commission, mais tout se passe comme si le poste appartenait au Niger. Et le Niger vous dit : «On vous donne quatre ans», – c’est même moins de quatre ans, parce que le mandat est déjà entamé – «et si vous terminez les quatre ans, vous nous remettez notre mandat».

C’est, en somme l’accord trouvé entre le Sénégal et le Niger, pour que le Sénégal puisse occuper la Présidence de la Com­mission

Exactement. Mais je crois qu’à ce niveau, nos diplomates n’ont pas bien négocié, parce que rien ne nous dit que le Niger ne fera pas deux mandats ? Il dit au Sénégal de ne pas faire deux mandats, alors que rien ne dit que le Niger ne fera pas deux mandats. Alors pour un pays qui a conquis la présidence de la Fao, c’est quand même difficile de procéder au constat où nous en sommes actuellement. Je me demande si l’on a encore assez de crédibilité pour recouvrer l’autorité et la bonne réputation qui étaient les nôtres du temps de la splendeur de la diplomatie sénégalaise.

Au sein de l’Uemoa, les gens ont des appréhensions que Hadjibou Soumaré, nommé président de la Commission de l’Uemoa, n’ait pas les coudées assez franches au sein de son Administration, d’autant que son prédécesseur a déjà nommé aux postes stratégiques.

Non seulement les différents Com­missaires, mais même les Directeurs de cabinet. Or, le Président de la Commission doit pouvoir mettre en œuvre un projet ; et pour cela, il faut s’appuyer sur du personnel. Si vous n’avez ni la vision ni les moyens humains, et peut-être pas les moyens matériels, puisque le budget va être voté, quel projet, quelle réforme allez-vous mettre en œuvre ?

Donc, vous ne pensez pas que Hadjibou Soumaré pourra impulser des réformes au sein de l’Uemoa ?

Je souhaite qu’il puisse le faire. Mais pour impulser des réformes, il faut avoir le plein contrôle des moyens financiers, des moyens humains, des moyens matériels. Autrement, cela sera très difficile. Or, la Conférence des chefs d’Etat a prescrit un certain nombre de réformes à mettre en œuvre.

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