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[Entretien exclusif-Photo] Adjouza, chanteuse: «On m’a refusé une bourse parce que je suis fille d’Ouza»

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Fille de Ouza Diallo. Voilà un statut difficile à porter dans un pays comme le Sénégal où les gens ne savent pas souvent faire la part des choses. Surtout avec le discours musclé de Ouza à l’endroit du régime libéral. Un ton pas très loin, depuis un certain temps, de celui employé contre Abdou Diouf. Et forcément, Adjouza, la fille d’Ouza, qui marche sur les traces de son père dans la musique, en fait les frais sous le règne de Abdoulaye Wade. Elle parle ici de sa vie, des bassesses dont elle a été victime, de sa vie sentimentale…

Est ce que vous pouvez revenir un peu sur vos débuts dans la musique ? 
C’est un peu grâce à mon frère Cheikh si je fais, aujourd’hui, de la musique. Et c’est lui d’ailleurs qui avait arrangé mon premier album. J’ai débuté dans les clubs de jazz et dans les hôtels de la place. C’était vers les années 2000-2003. Je faisais de la variété, j’apprenais à chanter et à travailler ma voix en faisant des reprises. Après, je suis partie en France pour apprendre davantage la musique. J’ai fait deux Masters en ethnomusicologie et j’ai fini en 2010.

Et qu’est-ce que vous préparez actuellement pour le public Sénégalais ?
Actuellement, je suis à cheval sur plusieurs choses en même temps. Il y a mon association «Social-Solidaire-Sénégal» que j’ai créée et j’avais promis aux Sénégalais d’ouvrir une boutique sociale, solidaire et je ne voudrais pas manquer à ma parole. Et c’est pourquoi je suis en train d’œuvrer pour que cela aboutisse. J’ai, d’ailleurs, été un peu partout ces derniers temps pour l’association. S’agissant de la musique, je suis en train de préparer mon deuxième album qui devrait sortir normalement cette année. Mais vu la situation du pays qui est trop tendue où il n’y a actuellement que pour la politique, je ne peux pas prendre le risque de sortir mon album à cette période-là. Je préfère attendre un peu que la tension s’apaise.

Justement, en parlant de politique, votre père est un musicien très engagé, votre mère aussi. On peut dire que vous êtes issue d’une famille très engagée. Est-ce que vous traduisez cela dans votre musique ?
Je suis née et j’ai trouvé mon père engagé. C’est son choix et c’est comme ça qu’il voit sa musique. Je ne suis pas engagée politiquement, mais je suis dans d’autres combats pour aider les pauvres. J’œuvre dans le social, car je préfère ce genre d’engagement à la politique. Chacun a son choix dans la musique. Car il y a plusieurs pistes dans la musique.

Mais est-ce que le fait que vos parents soient engagés politiquement ne constitue pas un frein pour tout ce que vous voulez faire ? 
Ah forcément ! Parce que les gens ne font pas la différence entre Adjouza et son père. C’est l’esprit des Sénégalais qui est ainsi. Le fait que mes parents soient engagés politiquement me désavantage quelque part. Il m’est déjà arrivé de payer cet engagement de mes parents au prix fort. Notamment lorsque que j’ai eu besoin d’une bourse pour aller poursuivre mes études en France. On m’a dit ouvertement : «Ton père attaque trop le pouvoir, donc on ne va pas t’octroyer une bourse». Sous Wade, on m’a donc refusé une bourse d’études parce que mon père s’en prend au pouvoir. Ce qui est, quand même, grave dans un Etat dit démocratique. Après, je me suis débrouillée moi-même en travaillant pour payer mes études. Et le pire, c’est que c’est avec le régime actuel d’Abdoulaye Wade que cela m’est arrivé.

La polémique autour de la candidature de Wade, quelle lecture en faites-vous ?
J’ai entendu trop de choses. Les gens tirent chacun de son côté. Je ne comprends même pas ceux qui soutiennent que Wade ne doit pas se présenter et d’autres qui disent le contraire. Je pense que les acteurs doivent faire des débats en Wolof pour mieux expliquer aux gens, parce que l’affaire ne s’arrête pas seulement au niveau des intellectuels. Je n’y comprends rien. Alors, si moi qui suis instruite j’ai des problèmes à comprendre ces lois, à plus forte raison les gens qui n’ont pas fréquenté l’école.

Vous êtes jeune, à votre avis est-ce qu’un vieux de 90 ans peut encore diriger ce pays ?
C’est vous qui le dites, mais pas moi. Je ne prends pas de position pour l’instant. J’attends de voir les programmes des candidats. S’ils répondent à mes attentes, je vais me ranger derrière quelqu’un.

Quelles sont vos attentes ?
Que le candidat investisse sur la santé, sur l’éducation aussi et aide les pauvres.

Comment voyez le showbiz qui est un milieu dangereux avec bien des tentations…
C’est vrai qu’il y a des gens qui disent cela. Mais c’est comme dans tous les milieux. Aucun milieu n’est facile.

Quel genre de rapport avez-vous avec les chanteurs de votre génération ?
Je n’ai aucun problème avec les artistes. Viviane est une amie, je l’aime beaucoup, on s’apprécie. Coumba Gawlo, Ma Sané, Waly Seck aussi sont des amis. Par contre, je connais moins Titi. Mais ce sont tous mes frères et sœurs, je suis derrière eux.

Justement parlant de Viviane, il y avait des rumeurs comme quoi que vous sortiez avec Bouba Ndour au moment où il était marié avec Viviane. Qu’en est-il ? 
(Rires…) Non je pense que Bouba a déjà éclairé le problème dans une interview. C’était juste une rumeur. Et ça n’a rien changé entre Viviane et moi.

Est-ce à dire qu’on peut s’attendre à un duo entre Viviane et toi ?
On est en train de voir.

Votre chanson «T’en va pas», est-ce une histoire que vous avez vécue ?
(Hésitations…) C’est vrai que c’est trop difficile pour moi de jouer ce morceau sur scène et surtout de terminer la chanson. A chaque fois, c’est difficile de la terminer parce que c’était un moment de désespoir. Oui, ça a été une histoire vécue. Mais je m’en tiens là. Je ne peux pas dire plus.
Beaucoup d’artistes préfèrent loger seuls dans des appartements luxueux. Vous, pourquoi vivez-vous toujours chez votre père ?
Avec l’éducation que j’ai reçue, je n’ose même pas sortir de la maison. Mon père est un révolutionnaire. Ce n’est que le mariage qui me fera sortir de la maison familiale.

Est-ce que Adjouza fréquente les boîtes de nuits ?
Non. Par contre, j’adore les restaurants.

Adjouza est une fille qui s’habille très sexy. Pourquoi ce choix ? 
(Rires…) Vous savez, je suis une fille qui aime bien mettre en valeur la beauté de la femme. Nous sommes des femmes et on doit être féminine quand même, être un peu «Jonge», prendre bien soin de soi. J’aime la coquetterie. Et d’ailleurs, je suis obligée de m’habiller sexy parce que c’est le milieu qui le demande.

Mais ne pensez-vous pas que le fait de s’habiller sexy attire les hommes vers vous, si l’on sait qu’ils aiment bien ce style ?
Bien sûr et c’est de cela dont je parlais dans une de mes chansons «A qui la faute». Si vous regardez sur la scène médiatique mondiale quelles sont les chanteuses qui sont en vogue ? Ce sont les chanteuses hyper sexy. C’est pourquoi je me demandais si ce sont les hommes qui nous l’ont imposé où c’est nous qui voulons être sexy à tout prix. Mais une chose est sûre, il y a la loi du marché qui est comme ça actuellement. Heureusement pour nous, nous ne sommes pas encore arrivés à porter des slips comme les Ladies Gaga et autres. Les gens disent que les artistes sont sexy, mais si vous sortez, il y a des jeunes filles encore plus sexy que nous. Mais nous, il suffit d’être sexy un peu pour que tout le monde se mette à crier, alors que d’autres sont plus sexy.

Mais est-ce que vous pensez à vos fans qui essayent de vous copier à tout prix ?
Oui, mais les gens ne doivent pas copier tout ce qu’ils voient à la télé. Moi par exemple, quand je sors de chez moi, je n’ose pas porter certaines tenues que je porte dans mes vidéos ou sur scène. Mais ici, les gens ne font pas la part des choses. Il suffit de voir une artiste s’habiller sexy et sans réfléchir faire la même chose. Ce qui n’est pas bien.

Adjouza est toujours célibataire. Qu’est ce qu’elle attend pour se marier ? 
Vous savez, le mariage dépend de Dieu et j’attends le moment opportun. Mais dans l’immédiat, le mariage ne fait pas partie de mes projets.

Mais il y a des prétendants quand même ? 
Ben oui ! «Moy lolou dal» (Rire…)

Et parmi ces prétendants, avez-vous déjà ciblé quelqu’un ?
Non, je suis en train de faire du casting jusqu’à présent.

Et quels sont les critères du casting ? 
Je veux un homme qui m’aime d’abord, un homme pieux, qui aurait pitié de moi et qui est généreux, quelqu’un qui a une ouverture d’esprit.

Adjouza est-elle jalouse ?
(Rire) Trop même.

Et «Jonge» (coquette) à la Sénégalaise ? 
«Jonge», je ne le suis pas et je le reconnais d’ailleurs.

Quelle position souhaiteriez-vous occuper une fois mariée ?
Ah «Awo buru kërëm» (première femme). Ça, c’est bon.

Et si vous tombez amoureuse d’un homme marié ?
Hum ! Ce sera trop difficile que je sois une deuxième femme, même si on ne sait jamais dans la vie. Mais je ne vais jamais quand même dire jamais de la vie. Mais cet homme doit être un superman pour que je sois sa deuxième épouse.

Entretien réalisé par
Marianne NDIAYE,
Adama Aïdara KANTE (Stagiaire)
& Cheikh DIALLO (Photos)

Entretien réalisé par Marianne NDIAYE, Adama Aïdara KANTE

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