XALIMANEWS-L’affaire du détournement présumé de deux milliards de francs CFA au préjudice du footballeur Papiss Demba Cissé révèle ses secrets. Dans son édition de ce mercredi, Libération donne les détails des opérations frauduleuses et le mode opératoire des mis en cause pour détourner les investissements de l’ancien capitaine des Lions.
Deux personnes ont été inculpées et placées sous contrôle judiciaire dans le cadre de cette affaire confiée au juge du deuxième cabinet, Mamadou Seck. Il s’agit de Mamadou Diène dit Malou et Ass Tacko Mbacké Seck.
Le premier était l’homme de confiance de Papiss Demba Cissé. Son «agent», son «grand-frère», son «copain». Il était le gérant de Pakao Group, l’entité créée par le footballeur et qui comprenait Pakao Agro-Industrie, Pakao Management et Pakao Immobilier. Le second a été recruté par Malou en tant que co-gérant de Pakao Group.
L’ancien joueur du FC Metz et de Newscastle, notamment, avait créé cette entreprise, souligne Libération, pour offrir des opportunités d’emplois aux jeunes. Mais son réveil sera brutal.
En consultant le bilan de l’exercice clos au 31 décembre 2018, Papiss Demba Cissé faillit tomber des nues. Il constate de nombreuses irrégularités dans la gestion de l’entreprise : un prêt de 367 millions de francs CFA auprès de la SGBS (devenue Société générale Sénégal) affecté à la rubrique «Hors exploitation», des dépenses fictives et des charges d’exploitations suspectes, entre autres anomalies.
Pour être fixé, Papiss Demba Cissé saisit le tribunal du Commerce hors classe de Dakar. Celui-ci désigne un expert chargé de scruter les opérations en cause. Les soupçons de l’ancien Lion s’avèrent justes. L’expert ayant pointé de nombreuses irrégularités.
Alors qu’il était destiné à la réalisation d’une ferme moderne, le prêt de 367 millions servira à d’autres fins. Le rapport de l’expert révèle en effet que dès la mise en place des fonds dans le compte de Pakao Agro-Industrie, 251 millions 887 mille 448 ont été virés dans un compte ouvert dans une banque à Londres au nom de Pexent Partner.
Deux autres opérations seront relevées sur l’argent de l’ex-SGBS : un virement de 9 millions 839 mille 355 au profit d’un certain Isma Dramé et un transfert de 146 millions 934 mille 368 dans un compte ouvert au nom de Oasis Shisha Land dans une banque londonienne.
Libération rapporte que Mamadou Diène et Ass Tacko Mbacké Seck seraient les ordonnateurs de ces décaissements suspects. Le journal précise qu’ils auraient usé de fausses factures de déclarations et d’autorisations d’importations, et de changes. La même source renseigne que Papiss Demba Cissé dut rembourser de sa poche le crédit accordé par l’ex-SGBS.
Mais l’ancien international n’était pas au bout de ses peines. L’expert commis par le tribunal signale aussi dans son rapport des détournements au niveau de Pakao Management. Exemple : un chèque de reversement de 20 millions de francs CFA émis par un cabinet d’avocat et non retrouvé.
Pakao Immobilier a également été touché. Pour la réalisation d’un grand projet immobilier, Papiss Demba Cissé avait effectué, entre 2017 et 2018, une vingtaine de virements dans le compte de l’entreprise pour un montant global de 1 milliard 210 millions 220 mille 134.
Libération informe que 72 opérations suspectes ont été effectuées sur ces fonds. Les 36, pour une somme de 352 millions 547 mille 782, ont été accomplies au bénéfice de tiers sans aucune preuve que ces transactions étaient liées à l’exploitation.
Les 36 autres opérations concernent des virements au profit de Ass Tacko Mbacké Seck lui-même, pour un total de 593 millions 428 mille 677 francs CFA, trois autres pour la SCI Gnilo (156 millions) ainsi que trois chèques de compensation (38 807 060).
Le total du préjudice est estimé à 1 milliard 140 millions 783 mille 519 francs CFA. Ass Tacko Mbacké Seck est présenté comme l’ordonnateur de toutes ces ponctions sur le compte de Pakao Immobilier.
Parallèlement à ces décaissements, Mamadou Diène effectuait des transferts dans les comptes des entités de Pakao Group. Libération informe que ces opérations étaient destinées à faire croire à Papiss Demba Cissé que son affaire générait des revenus. Mais l’écart entre les sommes versées (plus d’un milliard) et celles «reçues» (moins de 80 millions) était si grand que les transactions sentaient l’arnaque à plein gaz.
Avec Seneweb