XALIMANEWS- « Si tu acceptes d’être ma copine, tu auras une promotion. » Ces mots effrayants de son rédacteur en chef marquent le début d’un cauchemar pour Aïcha (nom faux), une jeune journaliste dont la carrière prometteuse a été mise à mal quand elle a refusé les avances de son patron. Du jour au lendemain, elle a été reléguée à des tâches mineures, dépouillée de ses missions de reportage et finalement renvoyée. L’histoire d’Aïcha n’est qu’une des centaines qui révèlent les dessous toxiques de l’industrie des médias au Sénégal, un espace destiné à amplifier les voix mais qui fait taire ses propres journalistes.
Le harcèlement, qui comprend la coercition sexuelle, l’intimidation et l’intimidation verbale, est une réalité omniprésente pour les femmes journalistes au Sénégal. Une étude préliminaire de l’UNESCO révèle que 75 % des femmes journalistes du pays ont été victimes d’une forme de harcèlement dans leurs salles de rédaction. Pourtant, seulement 5 % signalent ces incidents, alors que 55 % se taisent, étouffés par la peur de représailles ou de pertes d’emploi. Cette statistique effrayante dresse le portrait d’un environnement de travail toxique où le silence devient le prix de la survie, étouffe les carrières et érode l’intégrité du secteur des médias.
Histoires personnelles de violence
“Chaque jour, je me dis que ce pourrait être la dernière,” confie un jeune journaliste en parlant anonymement. Elle raconte comment son rédacteur en chef a d’abord masqué ses intentions sous le couvert du professionnalisme, lui confiant fréquemment des tâches nocturnes ou lui demandant de l’aider à “corriger” son travail. Lorsqu’elle a refusé une invitation à un hôtel pour une réunion privée, son comportement a changé de façon drastique. “ Si vous acceptez d’être ma petite amie, vous obtiendrez une promotion “, a-t-il proposé. Son refus a entraîné la résiliation abrupte de son stage, un acte clair de représailles.
Une autre journaliste, qui travaillait pour la première fois dans la presse écrite, a fait face à des progrès similaires. Quand elle a rejeté les propositions indécentes de son patron, son contrat a été suspendu sous prétexte de projets futurs. “ J’étais déconcertée”, dit-elle. “C’était ma première expérience dans les médias, et cela a ébranlé ma passion pour le journalisme.”
Les séminaires, qui visent à favoriser la croissance professionnelle, deviennent souvent des espaces où le harcèlement s’intensifie. Dieynaba, jeune journaliste, se souvient d’un incident traumatisant survenu lors d’un séminaire à Saly. Seule dans sa chambre, elle a été surprise par un collègue qui est entré sans y être invité et a insisté pour qu’elle le rejoigne sur le lit. Malgré sa résistance, il a continué à l’intimider tout au long du séminaire. “Cette expérience m’a traumatisée et m’a fait remettre en question ma place dans ce métier”, dit-elle.
Un problème systémique
Le harcèlement auquel font face les femmes journalistes reflète des problèmes sociétaux plus profonds. La violence sexiste est répandue dans les institutions sénégalaises, des écoles aux bureaux. Une étude de l’Université Gaston Berger a révélé que 42 % des étudiantes subissent du harcèlement. Cette normalisation des abus perpétue une culture du silence et de l’impunité.
Dans l’industrie des médias au Sénégal, les déséquilibres de pouvoir hiérarchique exacerbent le problème. Les supérieurs masculins exercent souvent leur autorité pour exploiter les femmes, tandis que des politiques de ressources humaines faibles ne tiennent pas compte des auteurs.” On nous dit d’accepter cela comme faisant partie du travail”, explique Dieynaba.
Un système qui ne donne pas les femmes
Le code pénal sénégalais offre en théorie une protection. L’article 320 prévoit des sanctions pour ceux qui abusent de leur autorité pour obtenir des faveurs sexuelles. Mais l’écart entre la législation et son application est criant. La peur de la stigmatisation et l’absence de mécanismes efficaces de signalement laissent les victimes dans le silence.
Le problème ne se limite pas aux médias. Une enquête du Groupe d’Études et de Recherches sur le Genre et les Sociétés (GESTES) a révélé que la violence sexiste (VFS) est répandue dans les sphères privée et publique du Sénégal. La violence verbale représente à elle seule 86 % de la violence psychologique signalée, ce qui souligne une normalisation sociétale de la violence.
Les médias eux-mêmes contribuent à la marginalisation des femmes. Selon le Global Media Monitoring Project 2020, les femmes ne représentent que 9 % des personnes interrogées dans les médias sénégalais, alors qu’elles représentent plus de la moitié de la population. Dans les salles de rédaction, les femmes sont souvent confinées à des postes subalternes avec des possibilités limitées d’avancement.
Le rapport a également révélé que, dans toute l’Afrique, les femmes en tant que sources et sujets ne représentent que 22 % du contenu des médias, soit une légère amélioration par rapport aux 19 % de 2010. Plus précisément, les femmes ne représentaient que 18 % des sources dans les nouvelles politiques, 24 % dans les reportages sur la criminalité, 30 % dans les articles de santé et de sciences et 19 % dans les nouvelles économiques. De plus, l’étude a mis en évidence de nombreux biais, notamment dans le contenu éditorial, où certaines expressions sapent la valeur des femmes. À ce rythme, le rapport du GMMP prévoit qu’il faudra 67 ans pour atteindre l’équilibre entre les sexes dans le contenu des médias à travers le monde.
Selon Birame Faye, journaliste et coordinatrice régionale des médias à l’Institut Panos pour l’Afrique de l’Ouest, la sous-représentation et la déformation des femmes dans les médias africains résultent de plusieurs facteurs socio-économiques et culturels, ainsi que l’absence d’un effort cohérent pour diversifier les sources et les sujets par sexe lors de la collecte et du traitement des informations, malgré de nombreuses recommandations. Avant l’introduction des Objectifs de développement durable (ODD) en 2015, la représentation inadéquate et le mauvais traitement des femmes dans les médias africains étaient contraires aux recommandations internationales et régionales formulées dans divers cadres politiques et juridiques. Par exemple, la Plate-forme d’action de Beijing de 1995 a appelé les gouvernements à « promouvoir une politique active et visible d’intégration de la perspective du genre dans les politiques et programmes » (article 243) et à assurer « un partage équilibré des responsabilités familiales, la visibilité des femmes dans les postes de direction et la conciliation des responsabilités familiales et professionnelles » (article 245).
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dans son Acte supplémentaire sur l’égalité des sexes pour le développement durable de 2015, a souligné que » Les États membres veillent à ce que l’égalité des droits entre les femmes et les hommes soit intégrée dans les lois, les politiques, les programmes de formation et le recrutement des médias; ils adoptent des mesures pour veiller à ce que les médias et les organisations associées intègrent l’égalité des sexes dans leurs politiques et procédures; et prendre les mesures nécessaires pour promouvoir une représentation égale des femmes dans les pratiques médiatiques et les structures de prise de décisions. » La CEDEAO a également appelé à une plus grande visibilité et à des représentations non stéréotypées des femmes dans les médias.
“Les journalistes doivent aborder les questions politiques, économiques et sociales en tenant compte des sexospécificités “, explique Faye. “ Les femmes contribuent indéniablement à la création de richesse et à la prise de décisions, mais elles sont sous-représentées dans le contenu des médias et dans leur leadership.
Le bilan dévastateur
Les conséquences de ces abus vont au-delà du traumatisme personnel. De nombreuses femmes se retrouvent à se retirer du journalisme ou à s’installer dans des postes moins élevés pour éviter d’être encore plus victimes. Cette marginalisation contribue à la sous-représentation plus large des femmes dans les médias. Bien qu’elles représentent 52 % de la population du Sénégal, les femmes sont largement invisibles dans les salles de rédaction et le contenu des médias, apparaissant comme sources dans seulement 9 % des articles, selon l’Institut Panos.
Voies de changement
Alors que les lois du Sénégal, comme l’article 320 du code pénal, criminalisent le harcèlement, l’application de la loi reste faible. Un cadre juridique plus solide, combiné à des mécanismes en milieu de travail comme les canaux de signalement anonymes et des politiques solides en matière de ressources humaines, est crucial.
Des progrès sont réalisés. Il existe par exemple des ONG comme la Synergie des Organisations de la Société Civile pour l’Élimination des Violences Basées sur le Genre (SYSC) qui est une plateforme composée de 35 organisations travaillant ensemble pour lutter contre les sexospécificités. Le Comité de lutte contre les violences faites aux femmes (CLVF), créé pour soutenir et assister les femmes victimes de violence domestique qui opère dans plusieurs régions du Sénégal, Fournir des services et collaborer avec les autorités locales pour lutter contre les diverses formes de violence à l’égard des femmes, sensibiliser la population et offrir des services de soutien.
En outre, des ateliers dirigés par l’UNESCO et l’Institut Panos aident les journalistes à plaider pour des environnements de travail plus sûrs. On peut également tirer des leçons d’autres pays : en Afrique du Sud, les médias qui ont mis en œuvre des politiques de tolérance zéro à l’égard du harcèlement ont constaté des améliorations mesurables dans la culture du lieu de travail.
Les experts soulignent toutefois que la véritable transformation exige un changement culturel. “Sans démanteler les préjugés profondément enracinés et favoriser le respect, les lois ne suffisent pas “, explique un militant. Il est essentiel de mettre en place des mécanismes de signalement 24 heures sur 24 et des systèmes d’aide d’urgence pour les femmes journalistes.
Briser le silence
Les femmes commencent à se mobiliser. Des ateliers de formation et de sensibilisation, organisés avec des partenaires tels que l’UNESCO et l’Institut PANOS pour l’Afrique de l’Ouest, contribuent à aborder ouvertement ces questions et à explorer des solutions durables. La pression du public pourrait encourager les autorités sénégalaises à renforcer les mécanismes de plainte et à exhorter les médias à adopter des politiques de tolérance zéro sur le harcèlement. Cependant, sans un changement fondamental des attitudes et une plus grande implication de l’État, la lutte contre le harcèlement et la violence en milieu de travail au Sénégal peut rester inefficace.
Les restrictions légales fondées sur le sexe limitent encore l’accès des femmes à l’emploi et à l’entrepreneuriat dans 155 pays. Dans 18 pays, les hommes ont même le pouvoir légal d’empêcher leurs épouses de travailler. En outre, seuls 67 pays ont des lois interdisant la discrimination sexuelle dans les pratiques d’embauche.
« Pour permettre aux femmes de réaliser pleinement leur potentiel économique, il est essentiel que les pays démantèlent toutes les formes de discrimination légale à leur égard, conformément à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femme s. Ce traité engage les pays signataires à prendre des mesures concrètes pour promouvoir l’avancement des femmes dans les sphères publique et privée », explique *Sokhna, journaliste indépendante.
La lutte contre le harcèlement dans les salles de rédaction du Sénégal ne se résume pas à des histoires individuelles : elle consiste à refaçonner toute une industrie pour refléter ses valeurs fondamentales de vérité, de justice et d’égalité. Depuis trop longtemps, les femmes journalistes comme Aïcha subissent des abus en silence, mais le vent commence à tourner. À travers le Sénégal, les mouvements populaires et les organisations internationales se mobilisent pour créer des lieux de travail plus sûrs.”
Les médias commencent à explorer des étapes transformationnelles : mettre en place des mécanismes de plainte indépendants, mettre en œuvre une formation obligatoire sur la sensibilisation aux questions de genre et ouvrir des voies pour que les femmes accèdent à des rôles de leadership. Ces changements ne sont pas seulement une question de politique; ils visent à démanteler une culture toxique et à la remplacer par une autre où la dignité et le respect ne sont pas négociables.
Pour que le secteur des médias du Sénégal prospère, il doit assurer un environnement sûr où chaque journaliste, quel que soit son sexe, peut travailler sans crainte de harcèlement ou de représailles. Les femmes journalistes qui brisent le silence exigent non seulement de la justice, mais aussi une nouvelle conception de la salle de rédaction : un espace où prévalent l’intégrité et l’égalité.
Assurer l’égalité des sexes dans les médias n’est pas seulement un impératif moral, c’est essentiel pour préserver la crédibilité du journalisme lui-même. Chaque histoire racontée et chaque silence rompu par ces femmes courageuses est un appel pour nous tous à exiger mieux, La lutte contre le harcèlement dans les salles de rédaction du Sénégal ne se limite pas à protéger les femmes, elle consiste à défendre les principes de justice et d’égalité que le journalisme défend. Comme le dit Aïcha, “ il est temps d’arrêter de persévérer et de commencer à exiger des changements”.
Cet article a été réalisé par l’Africa Women’s Journalism Project (AWJP) avec le soutien du Centre International des Journalistes (ICFJ) dans le cadre de la Bourse Reportage pour les Journalistes Femmes en Afrique Francophon.
Article trop long, le journaliste doit aider le lecteur en tirant d’un article lié a des etudes ou à un projet sa quintessence et non pas balancer tout l’article.
En résumé je dirais que cet article vient corroborer ce que sont les hommes sénégalais : macho et obnubilé par le sexe. Cet article vient confirmer aussi pourquoi d’abord de religieux sénégalais puis ensuite l’état sénégalais sont montés au créneau pour fustiger la volonté des féministes sénégalaises d’organiser une marche nue contre le viol. Aujourd’hui au Sénégal beaucoup de viols et des actes de pédophiles sont commis dans les milieux de daara c’est-à-dire là où on est supposé enseigner la religion musulmane. En même temps ce sont ces pseudo religieux qui marient et encouragent cette polygamie illimix où dès fois les femmes sont juste utilisées pour un temps pour satisfaire une libido puis abandonnées comme des chiffons lorsque son obsession est satisfaite. C’est pourquoi ces lobbies religieux vont toujours être les premiers à vouloir réprimer toute contestation de la gente féminine contre le viol. Les lobbies religieux ont juste un mot d’ordre : taisez-vous on a acquis le droit de violer. Alors ce n’est pas surprenant de voir en cette fin d’années des actes inouïe de viol avec violence ayant entraîné la mort surtout celui sur une jeune fille de 13 ans.
L’histoire récente au Canada a aussi finit de révéler comment les religieux catholiques ont abusés de la jeunesse des premiers nations autochtones du Canada sous le couvert d’une supposée éducation religieuse. Des religieux canadiens ont viole puis tué des milliers d’enfants autochtones et même enterré dans des fisses communs. C’est dire que la religion a toujours prêché le faux pour abuser du peuple.
S’agissant du monde de la presse je dirais que ce n’est pas une surprise. Voilà un milieu gangrené pour le faux : argent facile et sexe. L’arrivée des régimes libéraux et surtout la prolifération de l’industrie des médias ont ouvert la porte à tous les abus. Les journalistes et surtout les patrons de presse sont aujourd’hui juste des chasseurs de primes. Je dirais plutôt de chasseurs de prime de mensonges et de manipulation tarifés au plus offrant. On ne peut pas non plus astreindre les femmes de ce milieu de la presse. Voilà une gente féminine totalement obsenes qui se présente devant les caméras pour se vendre comme des prostitués dans une rue. Elles sont toutes au xessal, à la depigmentation et des aparences comme pour s’offrir aux hommes. Les histoires de mariages récents des jeunes filles du site Sans Limites Ngone Saliou et Salma Fall en sont révélatrices. L’histoire de Aissatou diop fall avec l’homme politique Farba ngom (dama lay diouteul ) est un exemple patant de ce que sont devenues les femmes dans ce milieu. Mais il faut revenir à la raison un patron (ou une patronne) ne doit en aucune façon profiter de sa position d’autorité pour solliciter des faveurs sexuels à son employé ou stagiaire.