« Nous avons contacté les partis de la mouvance présidentielle, de l’opposition et de la société civile. A l’issue de ces rencontres, nous avons vu qu’il y avait une attente d’intervention des experts internationaux extérieurs pour regarder et mettre de la sérénité dans la préparation des prochaines élections. Et on a demandé aux USA de s’associer à cet exercice ». Dixit Gilles Hervio, représentant de l’UE à Dakar dans l’édition du Pop d’hier, jeudi 06 Mai 2010. N’y a-t-il pas d’experts nationaux ?
Quand je suis tombé sur cet article, et particulièrement sur ce passage, je suis tombé sur le c… Parce que naïvement, j’avais toujours crû ce que les historiens politiques nous bassinent depuis des décennies, à savoir que le Sénégal vote depuis 150 ans, (donne- moi la date précise professeur Iba Der Thiam).
Je crois aussi me rappeler qu’en 1991, une table ronde organisée par le Sénégal, avec des experts et politiciens sénégalais, avec la modération de Kéba Mbaye, avait abouti à un « code consensuel » On n’avait pas alors fait appel à la supposée expertise européenne et américaine. A l’époque, la quasi-totalité des acteurs politiques d’aujourd’hui, avaient été acteurs de cette refonte du code électoral. Consensuellement.
Je crois aussi me rappeler qu’à la veille de la présidentielle de 2007, un audit sur le fichier avait été organisé et personne n’avait eu à en redire jusqu’à la « victoire mystérieuse » du président Wade. L’opposition traumatisée, boycottera les législations, mais participera aux municipales du 22 Mars 2009 avec la victoire que l’on sait. Avec pourtant le même fichier électoral. Le Sénégal, (« l’exception sénégalaise »), n’est pas à une reculade (contradiction) prés. Plus qu’une reculade, il s’agit d’un déni de confiance aux sénégalais, aux ressources humaines sénégalaises, mais surtout, au « complexe du blanc » : « Ils peuvent tout, nous on ne peut rien ». Sinon, nom de Dieu ! N’y a-t-il pas au Sénégal d’experts, de techniciens en informatique, pour traquer (« surfer »), débusquer les pièges éventuels du fichier électoral ?
Ceux qui avaient procédé au toilettage du fichier électoral sous le régime des socialistes à la satisfaction de tous, sont-ils tous morts ? Depuis (plus d’une vingtaine d’années) le Sénégal n’a-t-il pas produit d’autres experts des NTIC ? Pourquoi toute la « classe politique » confondue fait-elle plus confiance en un Béninois, un canadien, et un congolais, plus qu’à des sénégalais ? Des compétences sénégalaises. Parce que simplement ? Ces messieurs-là, son originaires de l’Union Européenne et de l’Usaid ? Des peuples élus et donc intelligents.
Cela ne me fait absolument pas rire. Parce que je suis un panafricain convaincu et un internationaliste tout aussi convaincu. Je suis absolument opposé au slogan des « nationalo-racistes » de la « préférence nationale ». Mais diable, quand on a des compétences nationales sous la main pour faire un travail, je trouve que c’est un manque de respect et de considération pour ces compétences que de faire appel à la « communauté internationale ». Nous savons ce que cette formulation recouvre : des rapports de force avec une application à géométrie variable. Nous ne sommes pas en guerre que je sache avec la nécessité d’une « force d’interposition » militaire.
Combien de fois des « observateurs » de l’UE et /ou internationaux, ont supervisé des élections en donnant un « quitus favorable », même s’ils ajoutent : « les dysfonctionnements contractés ne sont pas de nature à entacher le scrutin ». Les semaines et les mois suivants, on se retrouvait avec des crises, voire des guerres civiles.
Ce qui me désoler le plus, c’est que semble t-il, on fête le cinquantenaire de notre indépendance, de notre souveraineté nationale. Semble-t-il. J’ignorais qu’être souverain signifiait être incapables d’utiliser ses compétences nationales pour « toiletter » un fichier électoral. Je ne comprends pas pourquoi l’Union européenne et l’Usaid pourraient mieux solutionner le problème de l’état civil des sénégalais que l’Etat sénégalais et les compétences sénégalaises.
Je suis surtout meurtri par le fait que nos leaders politiques (opposition et pouvoir à géométrie variable) puissent retomber dans cet infantilisme de « d’euro-dépendance » au moment où on est supposé célébrer le cinquantenaire de notre supposée indépendance ? J’ai mal à mon pays. J’ai mal à mon continent.
Allez, on aura compris que ce n’est pas le temps de la brisure du rapport du Maître et de l’esclavage. Mais il fera jour demain. Et au petit matin, une autre génération décomplexée, parce que sûre de sa mission et jalouse de son honneur, se lèvera.
Allez, super intelligents Blancs d’Europe et d’Amérique, dites –nous comment voter. « Y a bon banania ».