NEW YORK (ETATS-UNIS). C’est devenu une obsession. Elle consomme toute son énergie. Elle fait grisonner chaque jour davantage ses cheveux. Elle ? La réforme de l’assurance santé. Depuis plusieurs semaines, c’est devenu l’unique sujet de préoccupation de Barack Obama. Des milliers de personnes manifestaient hier à Washington pour s’y opposer.
Aujourd’hui, la Chambre des représentants doit voter pour adopter ou rejeter le projet de loi approuvé par le Sénat, le 24 décembre. La réforme devrait permettre de fournir une couverture maladie aux 32 millions d’Américains non assurés, et son coût est estimé à 940 milliards de dollars sur dix ans.
64 entretiens dans la semaine
Ce vote permet de tester l’autorité du président américain sur un parti démocrate toujours aussi versatile ; 216 voix sont nécessaires pour faire passer la loi. Or, hier soir, les démocrates disposaient de seulement 206 voix en faveur du projet. Quelque 21 élus démocrates, ceux que l’on désigne comme des démocrates « conservateurs », étaient encore indécis. Ces édiles du Capitole, originaires pour la plupart du centre-ouest du pays, c’est-à-dire de l’Amérique conservatrice et fervente chrétienne, s’inquiètent de voir l’argent fédéral utilisé pour financer les procédures d’avortements. D’autres exigent la garantie d’une vraie cohérence au niveau national dans la facturation des actes médicaux. « Une opération de l’appendicite ne doit pas coûter trois fois plus cher à Miami qu’à Portland, a protesté le représentant de l’Oregon. Ce genre de problème doit être réglé. » Afin de convaincre ces élus indécis, Barack Obama a entrepris un intense exercice de lobbying. Cette semaine, le président, qui a spécialement reporté une tournée en Asie, a eu 64 entretiens avec ces représentants de la Chambre. Certains ont même été reçus personnellement dans le bureau ovale de la Maison-Blanche. Lors d’un discours prononcé sur le campus de l’université George-Mason (Virginie), dans la banlieue de Washington, Obama a martelé devant une foule de 8 500 personnes sa volonté de faire passer cette réforme. « Nous sommes à un point où nous allons réussir quelque chose d’historique ce week-end, a-t-il lancé. Teddy Roosevelt, un républicain, a été le premier à demander la mise en place d’une couverture sociale pour tous. A chaque décennie, nos présidents, républicains comme démocrates, de Harry Truman à Richard Nixon, en passant par JFK ou encore Lyndon Johnson, tous ont dit qu’il fallait améliorer notre système de santé. » Mais aucun n’y est vraiment arrivé. Obama y parviendra-t-il ?
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