Avec 2,3 millions de personnes détenues dont 300.000 femmes, le système carcéral américain est devenu une industrie en pleine expansion, à l’instar du complexe militaro-industriel. Le problème, c’est que cette croissance est réalisée majoritairement sur la population noire des Etats-Unis.
Dans son livre The New Jim Crow: Mass Incarceration in the Age of Colorblindness, Michelle Alexander fait un constat stupéfiant:
«Il y a aujourd’hui plus d’hommes africains-américains en prison ou en détention, en liberté surveillée ou liberté conditionnelle, que de noirs qui furent soumis à l’esclavage en 1850 avant que la guerre civile ne commence.»
Pourtant, le taux de criminalité est à un niveau historiquement bas. Le facteur déterminant repose sur la guerre contre la drogue, qui frappe essentiellement les minorités ethniques les plus pauvres du pays.
«Dans certaines quartiers noirs du centre-ville, quatre Noirs sur cinq sont susceptibles de tomber dans les filets du système pénal au cours de leur vie», rapporte LA Progressive.
Et en sortir s’avère une mission des plus ardues, dans la mesure où ils se retrouvent privés de nombreux droits, dont celui de vote, de bénéficier d’un logement social, et sont également discriminés à l’embauche, exclus des listes de jurés et privés d’opportunités en matière de formation.
Quel avenir pour ces prisonniers? Ancienne assistante du juge de la Cour suprême, Michelle Alexander répond sans ambages:
«70% d’entre eux retournent en prison dans les deux ans qui suivent, voilà ce qui les attend.»
Elle observe que l’Amérique est devenue dépendante de cette guerre contre la drogue, qui s’est transformé en une véritable industrie qui fait vivre plus d’un million de personnes et brasse des milliards de dollars.
Le poids hors norme du système carcéral aux Etats-Unis a de lourdes conséquences sur la société dans son ensemble. En premier lieu, l’effritement de la diversité des électeurs puisque qu’une minorité d’entre eux héritent d’un poids électoral plus important.
En outre, le contribuable américain est lourdement affecté par les 60 milliards de dollars annuels (42,23 milliards d’euros) nécessaires au fonctionnement du système carcéral selon The Sentencing Project. Ce think tank spécialiste de la justice pénale confirme la surreprésentation des noirs en prison, qui forme 35,4% de l’ensemble des détenus, alors que cette minorité ne représente que 10% de la population totale.
source:Progressive