Excellence, Monsieur le Président, il faut sauver ces enfants sans défense de la République

Excellence, Monsieur le Président, il faut sauver ces enfants sans défense de la République
Excellence, Monsieur le Président, chaque jour que Dieu fait, dans toute la quasi-totalité des lieux publics et privés des grandes villes de notre pays, souvent dès l’aube, jusqu’aux heures les plus avancées de la soirée, on rencontre de très jeunes enfants qui, visiblement, se plaisent mieux dans la rue qui leur sert de refuge. Ils sont devant les super marchés, les commerces, les stations d’essence, les bureaux, les écoles de formation, les gares routières, les stations radio etc. Ils sont trop visibles.
Monsieur le président, les heures pendant lesquelles on rencontre ces enfants sont des moments d’étude et de repos. Dans les familles, en ces heures, leurs frères de même âge sont obligés d’aller se coucher pour mieux être sous la protection de leurs parents.
Pendant ce temps, ces mendiants sans maîtres ni parents connus et visibles errent et sont à la merci de personnes les plus irresponsables de notre société. Ils sont exploités, soumis aux pires formes de travail, souvent abusés dans le silence. Ils sont souvent égarés ou fuguent de peur d’être châtiés par un maître qui n’est préoccupé que par le gain journalier qui ne dépend que d’un coup de chance. Ils sont sans refuge ni défense. Ils n’ont ni le temps d’apprendre, ni le temps de se reposer encore moins celui de jouir d’un de leurs droits les plus élémentaires : celui de se sentir aimé.
Monsieur le Président ces enfants, dans la vie, ne partent pas à chance égal avec leur frère. Pour preuve, pendant que les autres enfants des Dara modernes collectent les prix sur la base de la maitrise du coran, eux, sont dans la rue en quête perpétuelle de la pitance du jour. Ils sont au bord des vendeurs d’aliments et la manière avec laquelle ils se jettent sur les restes des clients prouvent, si besoin en était, à quel point ils sont affamés.
Ils sont injustement handicapés par une société coupable de non assistance en personne en danger, discriminés, marginalisés, oubliés. Ils sont quotidiennement victimes de traitements très dégradants, pour la plupart d’entre eux dans leur propre pays.
Monsieur le Président, en tant que président de tous les sénégalais, garant des droits fondamentaux en particulier ceux des enfants, je vous supplie respectueusement de commanditer une enquête sur les lieux fréquentés par ces enfants, les heures d’arrivées et de retour au prés de leur maître coranique. Il faut chercher à savoir qui sont ces enfants ? D’où viennent-ils ? Quels sont les risques qui pèsent sur eux ? Qui sont ces maîtres coraniques ? Qui sont les parents de ces enfants ? Qu’ont-ils appris ? etc
Le résultat d’une telle enquête vous permettra, j’en suis sur, de rétablir ces enfants sur leurs droits bafoués. Ils ont les mêmes droits que les autres enfants de notre société et n’ont malheureusement aucun moyen d’arracher ces droits.
Excellence, je vous prie de donner suite à cette correspondance qui veut toucher du doigt la face hideuse de notre cher pays et défigure notre belle image de pays de Teranga. Notre pays ne doit pas se distinguer si tristement dans le concert des nations qui doivent protéger leurs enfants.
La plupart de ces enfants, paraît – ils, nous viennent des pays limitrophes, selon l’étude cartographique qui a été faite dans la région de Dakar. Il convient toutefois d’approfondir cette étude dans le pays profond. Il est possible de prendre en charge les maîtres coraniques et leurs talibés mendiants qui ont les mêmes droits que nous dans les ressources du pays. A mon avis on ne saurait les en priver parce qu’ils n’ont pas été à l’école formelle.
Je voudrai terminer juste en rappelant les observations formulées par le comité des nations unies lors de son dépôt des rapports en 2006. Le Sénégal était encore interpellé sur son indifférence face à cette situation préoccupante. Le Sénégal était attendu en 2016 pour donner un deuxième rapport avec des réponses concrètes sur les observations qui ont été faites.
Mamadou Ndiaye dit Ndiaye Dara