Après cinq ans au poste de manager général de Génération Foot, Olivier Perrin a passé le témoin au duo Emmanuel Beauchet et Demba Mbaye. Avant de rejoindre le FC Metz où il est promu directeur technique des structures de formation du club, il nous a accordé une interview. Dans cet entretien, il revient sur son passage au niveau de l’équipe basée à Déni Biram Ndao, mais également l’évolution du football sénégalais ces dernières années.
Quel bilan pouvez-vous tirer de vos cinq années en temps que manager général de Génération Foot ?
Quand on est nommé dans une structure comme Génération Foot, c’est compliqué de parler de son bilan. Il faut laisser le soin à son président ou aux gens extérieurs. Mais on peut tout de même parler d’une nette amélioration en termes de chiffres. Quand on est arrivée il y’a cinq ans, l’équipe était en national. Aujourd’hui, on a fait deux saisons pleines en Ligue 1, avec un titre de champion (2017) et de vice-champion (2018). On a monté quatre échelons, on a gagné deux titres de coupe du Sénégal, le trophée des champions (2017). On a participé a deux compétitions africaine (coupe Caf et ligue des champions). On a formé des joueurs comme Ismaïla Sarr qui sont vite devenus titulaires en première division en Europe. Je pense que c’est une première qu’une équipe africaine forme des joueurs qui deviennent titulaires en Europe et qui arrivent aussi à disputer une coupe du monde. On a pu avoir une école avec des professeurs à temps plein et un personnel administratif. Et y a aussi 72 gamins scolarisés, une centaine au centre de formation.
Qu’est ce qui a motivé votre départ, après deux saisons pleines en Ligue 1, couronnées de trophées ?
On avait décidé avec Abdoulaye Sarr (directeur technique de l’académie) que je me retire de l’entrainement pour revenir à mon rôle de manager général. Ce qui me permettrait de m’occuper plus de la structure à tous les niveaux (éducation, médical, transfert, projets, structuration sportive, financière, administrative). Il y’a eu aussi des mouvements imprévues a Metz. Il a fallu donc prendre des décisions importantes que l’on devait prendre, trois ans plus tard. Il y’a un mois et demi que j’ai su qu’il devait avoir des changements a Metz. Pour mutualiser les trois structures (Metz, Génération Foot et le club belge de Serin), les présidents Bernard Serin et Mady Touré ont décidé de me promouvoir comme directeur technique de la formation, afin qu’on puisse étendre ce qu’on faisait de bien à Génération Foot sur les trois structures. C’est un challenge qui demande beaucoup plus de travail et d’organisation. Car l’idée c’est qu’à Metz, on doit avoir un club de Ligue 1. Avoir un club performant dans le football local, capable de s’aligner dans la scène africaine et de se servir du troisième club belge, pour permettre a nos joueurs de s’aguerrir. Car tout le monde ne peut pas jouer en Ligue 1.
Des échos relatent qu’il y’a eu des problèmes en interne avec certains joueurs comme le capitaine Sidy Bara Diop. Est-ce que cela a précipité votre décision ?
Non pas du tout, il n’y a pas eu de problèmes en interne. Vous savez, la vie d’un groupe n’est jamais un long fleuve tranquille. Quand vous avez un groupe de 40 joueurs, il y’a des fois des joueurs qui se sentent plus mal pour x raisons, par rapport au choix de l’entraîneur. Pour moi, il n’y a jamais eu de problème. Peut être lui (Sidy Bara) pense autrement. La vérité en football se passe sur le terrain. Et au regard des résultats qu’on a eu sur le terrain, il y’a eu une bonne gestion des joueurs.
– «LA DERNIÈRE JOURNÉE DE CHAMPIONNAT M’A LE PLUS SÉDUIT … »
Quels sont les moments forts qui ont marqué votre passage à la tête de l’équipe de Génération Foot ?
Il y’a eu plein de moments forts, comme la victoire en coupe du Sénégal qui était un moment exceptionnel puisqu’on était amateur. Mais pour moi, le dernier match de cette saison contre l’US Ouakam (5-0), m’a le plus séduit. J’avais donnais aux joueurs comme consigne de terminer meilleure attaque du championnat et d’aider Amadou Dia Ndiaye à devenir le meilleur buteur de la saison. Et le fait que toute l’équipe, même les joueurs qui devaient partir en fin de saison, soient capable de se motiver pour atteindre cet objectif. Pour les gens, cela ne représente rien. Mais moi en temps qu’éducateur, voir cette joie et cet état d’esprit chez les joueurs m’a rendu très fier. J’ai une capacité d’oublie sur les moments difficiles. Donc j’ai beaucoup oublié sur ce qui s’est passé sur les moments difficiles. J’en ai juste tenu compte pour faire avancer la structure.
N’y a-t-il pas eu un gout d’inachevé ?
Quand vous décidez de prendre une décision importante très vite, alors que je m’étais projeté sur un projet de deux ou trois ans pour finir ce qu’on avait à faire, on peut dire que c’est un gout d’inachevé. Mais ce n’est pas achevé puisque je reste responsable de Génération Foot. Je vais revenir régulièrement pour m’assurer qu’on est toujours dans la bonne voie. Je sais qu’au Sénégal, avec ce qu’on a mis en place, on a une maison qui tient debout avec l’encadrement technique qui reste en place. Ce n’est pas une rupture, mais une continuité avec Demba Mbaye qui est depuis un an chez nous et qui connait bien la philosophie du club. Emmanuel Beauchet aussi a toute ma confiance. Donc, je ne suis pas inquiet. C’est normal qu’il y ait un peu de nouveauté, d’enthousiasme et de peps pour garder une dimension dynamique du projet, avec des cadres comme le président et Abdoulaye Sarr qui seront les garants de cette continuité.
«LE SÉNÉGAL N’EST PAS AU NIVEAU OU IL DEVRAIT ÊTRE DANS LE FOOTBALL AFRICAIN»
Sur vos cinq années, que retenez-vous du Sénégal et de son football en particulier?
J’adore le Sénégal. C’est une douceur de vivre, les gens ici sont sympas et très accueillants. Dans la vie professionnelle, j’ai découvert qu’il y’a eu très peu d’évolution du football sénégalais. C’est un regret puisqu’il y’a un potentiel fantastique en terme de footballeurs. Donc, j’aimerais que le football sénégalais progresse beaucoup plus vite. Mais il y’a un gros travail à faire au niveau de la structuration et en terme d’infrastructures. Il faut donc y aller plus vite parce que je pense que le Sénégal, au vu de son potentiel et de par la qualité de ses joueurs, n’est pas au niveau ou il devrait être dans le football africain.
Est-ce qu’un retour au Sénégal sous une autre casquette est envisageable
Je ne pars pas du Sénégal. Je serais ici un mois sur deux. Dans ma vie privée, j’aimerais rester ici parce que j’ai rencontré des gens que je voudrais garder dans ma sphère. Il y’a trois mois, j’étais dans un projet d’acheter une maison à Saly.
Quelles sont les perspectives dans votre carrière d’entraineur ou de manager ?
Je n’ai jamais eu de plan de carrière dans mon travail. On peut faire des rencontres à chaque moment. Donc, je ne sais pas de quoi sera fait l’avenir sur le plan sportif. Mes ambitions, c’est juste d’être heureux dans mon travail, que ça soit dans la formation ou dans un autre rôle.
Un avenir comme sélectionneur national est-il envisageable ?
Pour le moment, ce n’est pas d’actualité. Mais avec toutes les exigences que j’ai fait cette saison, bon nombre de gens ne pensent pas comme vous. Je n’ai pas un double langage. Je suis quelqu’un qui dit ce qu’il pense. Donc, parfois ça peut heurter les gens. Ce n’est pas de la méchanceté. C’est juste que j’aimerais que les choses avancent. J’en suis désolé si des gens l’on parfois mal prit.