A travers son billet «Afro», l’artiste plasticien Mansour Ciss Kanakassy entrevoit l’unité du continent africain. Cette monnaie unique appelée « Afro » est au coeur de l’exposition dressée jusqu’au 31 décembre 2011 au Raw Material Company.
« Les Etats Unis d’Afrique : Utopie ou réalité » ? C’est la thématique que l’artiste plasticien sénégalais Mansour Ciss Kanakassy aborde dans son exposition au Raw Material Company (Centre pour l’art, Sicap Amitié 2).
L’artiste qui vit en Allemagne, n’est pas à Dakar pour le moment, mais son exposition est présentée par le commissaire Koyo Kouoh de Raw material. A travers des spécimens de billets de banque imprimés sur des plaques en aluminium, l’artiste entrevoit l’unité africaine avec la création d’une monnaie unique sur le continent : l’ « Afro ».
Il s’inspire des grandes figures du panafricanisme telles que Nelson Mandela, Kwameh Nkrumah, Cheikh Anta Diop, Thomas Sankara, Patrice Lumumba, entre autres.
Basé à Berlin, Mansour Ciss crée un laboratoire d’Art en 2002 appelé Laboratoire de « Déberlinisation ». Autrement dit, « déberliniser » l’Afrique c’est-à–dire, « reconstruire l’Afrique », suite au partage systématique et arbitraire de l’Afrique, explique Koyo Kouoh, commissaire de l’exposition. Le plasticien s’inspire du Congrès de Berlin de Novembre 1884 à Février 1885. Conscient des obstacles insurmontables qui retardent l’arrivée d’une monnaie unique pour la mobilité des échanges, Ciss et d’autres artistes comme Pascale Marthine Tayou se substituent à l’Etat pour la réalisation de ce qui paraît être utopique. C’est ainsi que l’Afro, qui est une monnaie unique imaginaire pour l’Afrique, est une réponse artistique aux politiques en faillite après les indépendances. L’exposition est composée de six plaques de monnaie imprimées sur de l’aluminium, en plus d’une vidéo de l’artiste faite par David Cadasse, des textes, des photographies et des coupures de billet « Afro ».
Selon Kanakassy, l’Afro est née en 2000 à Berlin, là où est partagée l’Afrique et non pas en Afrique. L’Afro est destinée à la science et à la recherche artistique : c’est une dynamique, dit-il, dans une vidéo.
« Avec l’Afro on peut arriver à une autonomie non existentielle, devenir plus riche que la banque mondiale, il fallait que je crée l’afro » déclare-t-il. Créée par le Sénégalais Mansour Ciss Kanakassy et le Canadien Baruch Gottlieb, l’Afro se présente comme la première monnaie continentale, elle est une œuvre d’art et un concept artistique fort à la gloire du panafricanisme. Symbole d’espoir, cette devise symbolique ne laisse personne indifférent. Sous le thème : les « États-Unis d’Afrique : utopie ou réalité », l’exposition se poursuit jusqu’au 31 décembre 2011 avec une série de conférences sur la problématique de l’unité africaine.
Né en 1957 à Dakar, Mansour Ciss Kanakassy a fait ses études en sculpture à l’Institut des Arts de Dakar de 1973 à 1977. Artiste sénégalais, ses expositions collectives et individuelles ont fait le tour de l’Afrique et de l’Europe, notamment à la Biennale de Dakar.
Kanakassy dessine l’« Afro », la monnaie africaine
Date:
Exposition au Raw Material Company : Mansour Ciss Kanakassy dessine l’« Afro », la monnaie africaine