Faire une place sincère à la femme
Extrait du dernier livre de l’auteur « Un autre Sénégal est possible »
« La vraie République : aux hommes leurs droits et rien de plus, aux femmes leurs droits et rien de moins » écrivait Susan Anthony dans Révolution.
Au Sénégal l’article premier de la constitution dispose en son alinéa 1 « La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion. Elle respecte toutes les croyances. »
Récemment par une disposition légale, le Parlement a voté une loi sur la parité absolue homme-femme dans toutes les institutions totalement ou partiellement électives,
Ecrire dans les lois et règlements des dispositions pour aller vers la parité absolue dans les institutions électives n’est pas une mauvaise chose en soit. Cela pourrait même être une façon très symbolique et pédagogique de dire que la femme est égale à l’homme en droits et devoirs. Mais il faut rendre cette loi conforme au texte constitutionnel d’abord. Le promoteur de la loi sur la parité avait sans doute des raisons plus calculées qu’irréversibles.
D’ailleurs, fallait-il réduire l’approche genre (par essence transversale) à la simple fonction élective ?
Il faut dépasser le symbolisme des actions d’éclat et oser aller dans une démarche planifiée vers une véritable politique de promotion de la femme pour régler au moins les questions de fond comme :
la scolarisation des filles et des femmes en général,
l’accès de la femme rurale à la terre avec les mêmes droits que les hommes,
la promotion de l’accès de la femme au secteur de l’emploi moderne,
l’égalité avec les hommes dans le traitement des salaires et autres émoluments,
la promotion sanitaire de la femme notamment la lutte contre la mortalité maternelle,
l’instauration au besoin de quotas de promotion des femmes dans les secteurs à trop forte prédominance masculine.
Ce que nous devons savoir c’est que la loi sur la parité n’est pas un sésame. Elle semble révolutionnaire mais loin est la fin du combat légitime pour une véritable promotion de la gente féminine. La révolution est d’abord dans les mentalités qu’il faut façonner pour faire accepter l’égalité en droits et la complémentarité en actions entre les inséparables que nous sommes. Cette révolution ne doit pas se faire dans une sorte de confrontation sociologique qui fera prendre la couronne pour le pouvoir véritable et réel d’autodétermination libre et citoyenne des femmes.
L’approche genre doit être transversale dans les prises de décisions sans toutefois tomber dans le simple vernis électoraliste. Libérer la femme signifie combattre les pires formes de son exploitation sur des bases strictement charnelles comme la prostitution et le harcèlement sexuel. L’approche genre n’est pas antagonique de nos valeurs culturelles et spirituelles.
Nous devons savoir que nous ne développerons jamais ce pays en laissant la femme dans un statut de simple spectatrice accompagnante. Elle est et doit être pleinement une actrice d’égal rôle et de même part sur le chemin du développement national. Pour y arriver, il nous faut corriger les discriminations de droit et de fait qui sont trop nombreuses. Cependant, il faut explique et s’entendre sur l’approche genre dans sa globalité pour éviter une sorte de cristallisation sur des débats de simple représentation des femmes.
L’approche genre n’est pas une coquetterie intellectuelle. C’est une nécessité dans ce Sénégal où les femmes qui se lèvent tôt et se couchent tard sont souvent plus nombreuses que les hommes. Cette vision genre doit traverser toute la politique globale. Elle doit être sincère en corrigeant tout de suite les inégalités de droit et de perception collective. Elle doit être globale et non partielle de simple promotion d’un leadership féminin électif.
Mamadou NDIONE
Economiste-Ecrivain-Logisticien
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