Fabuleuse remontée dans les cœurs : Quel est ton secret, Karim?

Il y a trois ans (2009), Karim Wade, fils de l’ancien chef de l’Etat, était accusé d’avoir fait perdre au PDS la petite commune d’arrondissement du Point E. Il y un peu plus d’un an également, le 23 juin 2011 précisément, il était soupçonné d’être le bénéficiaire éventuel – et même sûr – du projet de Loi de ticket président/vice-président pour la magistrature suprême ; ce qui avait plongé le Sénégal dans une sorte d’insurrection populaire, orchestrée par les actuels tenants du pouvoir.

Pourquoi, en début 2013, celui que l’on appelait compendieusement comme «le ministre du ciel et de la terre», quasiment vomi des Sénégalais, parce que présenté comme «l’héritier du trône de son père», ou encore «le petit fils de colon qui ne parle même pas Ouolof», a-t-il subitement conquis le cœur de ses compatriotes, dont certains le préfèrent déjà au « brillant vainqueur » de la dernière Présidentielle avec ce score éloquent de 65% ?

Le sondage réalisé par Intecom place Karim Wade, en effet, à la position stratégique de premier et très sérieux challenger du chef de l’Etat, Macky Sall. Qu’est-ce qui explique une telle remontée dans le cœur des Sénégalais pour quelqu’un qui, jusqu’ici, n’a rien demandé, pas même la direction de son propre parti ?

Ses réalisations sous le magistère de son père, son effacement qui en tromperait plus d’un sur son efficacité, son affabilité et tant d’autres vertus que lui prêtent ses proches, ajoutés à la persécution aveugle dont il est victime, sans jamais déroger à ses obligations citoyennes, sans même émettre ou laissé apparaître le moindre signe de faiblesse, ont certainement contribué à cette remontée fulgurante dans les sondages.

On pourrait également lier la formidable percée du parrain de la «Génération du Concret» à l’absence du territoire national de cette bête politique qu’est son père de président. Me Wade, en effet, aurait éclipsé tous les hommes politiques sénégalais, par sa seule présence à Dakar, où il aurait constamment fait la « Une » de l’actualité. Le séjour prolongé de l’ancien président de la République dans l’Hexagone est-il une rampe de lancement pour «l’enfant prodige»?

Enfin, autre explication plausible quant à la montée en puissance de «l’homme des infrastructures modernes» –ceux qui ont été au Magal de Touba, qui ont emprunté ces bonnes routes, franchi des ponts ou emprunté des tunnels conviendront avec nous de ce surnom–, les engagements non encore respectés du président Macky Sall, la cherté de la vie et le désespoir qui s’installe progressivement, neuf mois seulement après son élection.

Et les plus farouches défenseurs de la cause libérale ne voient pas d’autre continuateur de l’œuvre du « Pape du Sopi » que ce fils qui, à leurs yeux, «a appris à bonne école et n’a jamais trahi la cause et les espoirs». Un bon étalon (pas comme celui que l’on a vu sur le bulletin d’un certain parti, lors de la dernière Présidentielle) pour le concours de saut d’obstacles de 2017. Et ses proches lui prédisent déjà un succès plus éclatant que ces 65%, dus à une alliance circonstanciée et contre nature.

SERIGNE MOUR DIOP