En intégrant la police, Fatou Diabong Sèye a vu son rêve le plus cher se réaliser, marchant ainsi sur les empreintes de son père. Issue de la 37e promotion de l’école de police sortie en 2006, elle fait partie des premières femmes à intégrer les forces de sécurité au Sénégal.
« Mon grand-père et mon papa sont passés par là. Je suis née et j’ai grandi dans la tenue. Devenir comme mon père était mon rêve de tous les jours, depuis mon enfance », explique Amy Diabang Sèye, agent de police dont l’incorporation dans la police nationale ne relève pas du hasard. Elle a toujours voulu marcher sur les traces de son père qui fut lui-aussi agent de police. Tel père, telle fille. Elle verra ainsi son rêve se réaliser en 2006 lorsqu’elle se présenta au concours d’entrée à l’école de police à l’issue duquel elle réussit avec brio.
L’amour pour la tenue aura donc raison sur tout. Née à Latmingué, village situé dans la région de Kaolack, cette trentenaire au teint clair et à la silhouette moyenne a préféré mettre un terme à ses études universitaires, après avoir trimé pendant deux ans dans les amphis de la faculté de droit de l’université Cheikh Anta Diop. «Après ma réussite au concours de la Police, je n’ai pas hésité à abandonner les études au profit de la formation», dit-elle. S’il y a aujourd’hui quelque chose qui fait la fierté de cette jeune femme, c’est bien sa tenue. «Je ne suis pas une femme, mais une femme plus quelque chose», souligne la policière. Une façon pour elle de dire qu’elle est totalement différente des femmes civiles parce qu’ayant subi une formation militaire à l’image de ses collègues hommes.
Sur le chemin qui l’a menée à la police, elle n’a jamais lâché du lest en dépit de la corvée qu’exige la formation. «C’était dur, mais formidable», se rappelle-t-elle, d’une voix chancelante donnant une expression à la fois digne et débonnaire. Depuis son incorporation dans la police, Mme Sèye, en service au commissariat des Parcelles assainies, est passée du secrétariat aux enquêtes en passant par la régulation de la circulation routière.
Au début, à l’en croire, le fait que des policières soient mises à la circulation a suscité la curiosité de nombreux conducteurs. « Ils n’en revenaient pas. C’était, pour eux, un peu surréaliste de voir une femme en tenue, au milieu de la circulation».
Elle a trouvé mari dans la police
Mais, notre interlocutrice ne se sentait guère ébranlée par une telle attitude. « Je corrigeais souvent certains sur le coup», laisse-t-elle entendre en riant sous cape. Seulement, admet-elle, c’était très difficile au début avant que les hommes ne se familiarisent à cette nouvelle donne. Mme Sèye confie par ailleurs qu’elle n’a jamais joué le jeu de ceux qui tentaient de la détourner de son objectif, moyennant des billets de 1.000 ou 2.000 de francs Cfa. Amy Diabong, à l’image de bon nombre de ses collègues, ne veut pas faire exception à la règle selon laquelle les femmes de tenue doivent se marier avec des hommes de tenue. C’est ainsi qu’elle a trouvé mari dans la police, il y a de cela un an. Une manière pour elle d’avoir plus de compréhension dans son ménage.
Quid des civils ? Elle soutient qu’ils n’osaient même pas s’approcher d’elle. (rires) L’air très coquette, en bonne «Niarrel» (deuxième épouse) elle dit bien s’occuper de son époux. « Comme toute femme, je change complètement de caractère à la maison. Chez moi, je suis Mme Sèye et non un agent de la police». Aujourd’hui, après seulement quelques années de service, Amy Diabong cisèle avec patience l’outil de son ambition et elle veut devenir commissaire de police. Entre la rampe et les concours, elle compte allier les deux pour aller très vite. Le rêve est bien permis pour cette femme ambitieuse doublée d’une redoutable policière.