Elle s’est distinguée en musique dans les années 90 avec la sortie de son premier album « Mbéri ». Un succès, qui, au fil du temps, a fini par s’estomper. Aujourd’hui Fatou Mbaye Diop, épouse de l’artiste thiessois Ibrahima Seck dit « Dialy bou nioul », a presque disparu de la scène musicale. Rencontrée à Dakar, la cantatrice sort de son mutisme pour ouvrir des pages de sa carrière et de sa vie.
Rencontrée par hasard dans le quartier de la Liberté 4, à Dakar, Fatou Mbaye Diop a accepté d’ouvrir, dans nos colonnes, les pages d’une carrière musicale entamée dans les années 1980. Tout comme Maty Thiam Dogo, Fatou Mbaye, est passée par l’école du « père » Ouza Diallo. « Avant de chanter avec mon mari, Ibrahima Seck dit «Dialy bou nioul », j’ai d’abord fait mon chemin avec une cantatrice qui se nommait Oulèye Dieng. Grâce à elle, j’ai fait ma première sortie à la Télévision nationale. Et c’est de là qu’Ouza m’a vue et a fait appel à moi. Nous avons travaillé pendant des années avant que je ne débute la deuxième partie de ma carrière avec mon mari », raconte-t-elle avec un air nostalgique. De son époux, la chanteuse confie qu’ils se sont rencontrés à Touba où ils ont scellé leur union. Le couple Fatou Mbaye Diop et Ibrahima Seck « Dialy Bou nioul » va par la suite cartonner avec son chansons traditionnelles dans les années 90. Cinq cassettes ont été mises dans le marché, notamment « Mberi », « Forage-Moulin », « Diamono », etc.
« Mbéri » a été l’album phare de ce couple car il a propulsé le duo qui a séduit les mélomanes à cette époque. « Ma première cassette « Mberi » a été produite par Youssou Ndour. La cassette a ensuite fait l’objet d’une tournée musicale en Suède et elle avait une grande promotion », se rappelle-t-elle. Elle poursuit, « Avant, on n’était pas connu du grand public. A part nos prestations et chants laudatifs dans les cérémonies de mariages et de baptêmes, personne ne savait qui était Fatou Mbaye et Dialy bou nioul. C’est lors du baptême d’un enfant du journaliste Amadou Mbaye Loum de la RTS, qu’on a rencontré Youssou Ndour et qui a accepté volontiers de nous produire. N’eût été lui, nous n’aurions jamais des millions. Nous lui devons une fière chandelle ».
Cette notoriété du couple Fatou Mbaye-Dialy bou nioul ne fera pas long chemin car ils finiront tous les deux par disparaître de la scène musicale sénégalaise créant chez certains fans un vide. Depuis 2000, le couple a observé un silence radio à tel point qu’on se demandait si tout marchait comme sur des roulettes. Le doute et l’inquiétude dans l’esprit de bon nombre de mélomanes sont levés ici par Fatou Mbaye.
Séparation et silence radio
« Ma longue maladie, ma séparation avec mon mari, je pèse bien mes mots, je parle de séparation et pas de divorce car aucune procédure de divorce n’a été entamée avec Ibrahima Seck, la perte de deux de mes enfants m’ont plongée dans ce mutisme. Et je me suis trouvée dans l’obligation de me retirer pendant un bon bout de temps de la scène musicale », indique-t-elle, le visage meurtri. Ces événements précités l’ont éloignée ainsi de la scène musicale. Ils restent également aussi des épreuves et événements marquants de sa vie.
« La disparition de mes enfants m’a brisé le cœur. A cela s’ajoute aussi ma séparation avec Dialy bou nioul, il y a de cela quatre ans sans qu’il ne me fournisse aucune explication », se désole-t-elle. Elle ne parle que d’abandon car aucune procédure de divorce n’a été entamée jusque là et que Ibrahima Seck, son époux, vit paisiblement à Thiès et que, elle, demeure à Dakar dans le quartier de Pikine. « J’avoue en toute franchise que cette séparation a beaucoup influé sur ma carrière musicale. Je ne voulais même plus faire des sorties dans les medias aussi bien à la radio qu’à la télévision », dit-elle. Avant de poursuivre, « Actuellement je me contente tout simplement d’aller dans des cérémonies comme les mariages et les baptêmes de certains proches et connaissances pour faire des chants laudatifs, « samba mbayane » en langue wolof. Il m’arrive aussi d’aller dans les boites où, lorsqu’un artiste fait une pause, me permet, par gentillesse, de chanter. Ceci me permet de gagner au moins un peu d’argent pour subvenir à mes besoins et à ceux de mes enfants ».
Ainsi, poursuit la chanteuse, il lui arrive souvent de se décourager et de se lasser de cette vie. Mais, ajoute Fatou Mbaye Diop, grâce au soutien sans faille du Bureau des droits d’auteurs du Sénégal (Bsda), lors de sa maladie et de la disparition de es enfants, elle se sent réconfortée. « Cela me redonne le courage de reprendre et d’aller de l’avant », admet-elle résignée.
Donnant son point de vue sur les nouvelles chanteuses en musique traditionnelle, Fatou Mbaye se prive de faire des commentaires ou une quelconque critique. « Chaque fan aime et apprécie son chanteur, je ne peux donc en aucun cas me mettre à critiquer les œuvres ou produits des gens », soutient-elle. Avant d’ajouter : « Ce que les Sénégalais appellent de la pure musique traditionnelle avec comme matériels musicaux de composition, le sabar et le xalam, il n’y avait qu’Ibrahima Seck « Dialy bou nioul » et moi qui l’assurions bien. Pour preuve, tout les Sénégalais aimaient ce que nous faisions », s’enorgueillit l’artiste.
Aujourd’hui Fatou Mbaye Diop n’aspire qu’à une chose, redorer à nouveau son blason. Quitte à le faire sans son Roméo de Dialy. « Je ne demande pas d’argent mais je veux juste un producteur pour refaire plaisir à mes fans et montrer à nouveau au peuple sénégalais mon talent et ce dont je suis capable », prie-t-elle.
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