Revoilà la tigresse des podiums ! Fatou Niang, surnommée Fatoufine grâce à sa silhouette longiligne et gracile, n’avait plus fait parler d’elle depuis sa bagarre avec sa collègue Ndèye Ndack Touré. L’Observateur l’a retrouvée entre deux défilés. Le mannequin Sénégalo-mauritanienne s’est prêté au jeu de nos questions – réponses. Sans fards, ni artifices…
Que pouvez-vous nous apprendre sur vous ?
Je m’appelle Fatou Niang, plus connue sous le sobriquet de Fatoufine. C’est le styliste SoufIno Moda qui me l’a donné et depuis, cela m’est resté collé. Je suis Sénégalo- Mauritanienne. Je suis née à Diourbel, mais j’ai grandi à Rosso avant de revenir m’installer définitivement ici, il y a 5 ans. Je suis l’unique enfant de mes parents et je ne voulais pas m’éloigner de ma mère qui avait son propre business ici. Mais ce qui m’a le plus motivée à revenir sous nos cieux, c’est ma carrière de mannequin. J’avais démarré timidement à Nouakchott, mais ce n’était rien de bien sérieux. J’ai donc décidé de venir au Sénégal, histoire de me professionnaliser.
Quel a été le déclic pour vous ?
C’était en Mauritanie, un jour alors que le célèbre styliste Alphadi était dans le pays pour un défilé. Dès qu’il m’a vue, il n’a cessé de me complimenter. Il était, disait-il, fan de moi et prenait tout le temps des photos avec moi. J’ai donc compris que si un styliste de cette envergure était en adoration devant mon physique, c’est que je devais avoir quelque chose de plus. C’est ainsi que j’ai compris que j’étais faite pour les planches. Une fois au Sénégal, j’ai fait mes armes chez Moïse Ambroise Gomis. J’ai participé à l’émission «Stlyle et mode» pendant quelque temps. En un moment donné, je suis retournée à Diourbel, chez ma grand-mère paternelle. Sa maison et celle de Collé Sow Ardo faisaient face. C’est cette dernière qui l’a convaincue de me laisser faire carrière dans le mannequinat, car ma famille était un peu réticente au début. De retour sur Dakar, j’ai pris le taureau par les cornes. Ce n’était pas du tout évident, car ma mère était en Casamance à cette époque et j’ai dû habiter dans plusieurs maisons. Certains membres de ma famille n’arrivaient toujours pas à intégrer les contraintes liées à mon métier. Ils n’étaient pas convaincus que j’allais réellement aux défilés et pensaient plutôt que j’allais voir mon copain. C’était assez pénible pour moi, on ne se sent bien que chez soi. J’ai pris sur moi la décision de déménager et de me trouver une chambre.
Une jeune fille vivant seule, c’est plutôt mal vu…
C’est une triste réalité ! D’ailleurs, la première fois que j’ai aménagé seule, des personnes malveillantes sont allées raconter à la meilleure amie de ma mère que j’habitais dans un appartement avec un Blanc. Ce dernier m’aurait même acheté une voiture. Un beau jour, cette amie de ma mère a débarqué chez moi pour voir dans quelles conditions je vivais. Elle a été surprise de voir la petite chambre que je payais à 30 000 FCfa. Ce jour-là, je n’avais même pas de quoi manger. Elle avait 2 000 FCfa avec elle en venant, elle a payé le taxi à 1000 FCfa et avec le reste, nous avons acheté deux plats de riz. Je galérais comme pas possible, car je ne vivais pas encore du mannequinat. Je me contentais de petits défilés de temps à autres et de petits boulots à gauche et à droite. J’ai même écumé les marchés pour convaincre les gens d’acheter des produits. J’ai été hôtesse d’accueil, j’ai tout fait sauf vendre mon corps. Puisque j’avais arrêté mes études en classe de Première, j’ai ensuite suivi une formation chez Oumou Sy. Toutefois, je ne suis pas parvenue à récupérer mon diplôme, car il me fallait 100 000 FCfa et je ne les avais pas. Mon père m’avait prévenue que cela allait être dur. Il m’avait donné de quoi payer la caution. Mais pour ma survie et le loyer, il fallait que je me débrouille toute seule. Et c’est ce que j’ai fait jusqu’à ce que je réussisse à joindre les deux bouts. J’ai entendu toutes sortes d’insanités sur mon compte, des propos malveillants, des méchancetés. N’empêche, je ne me suis pas laissée atteindre. J’ai tout fait pour que ces gens qui colportaient des rumeurs sur moi, n’aient rien à me reprocher. Dieu m’a ouvert des portes. J’ai progressé dans le mannequinat et j’ai commencé à bien gagner ma vie. J’envoyais de l’argent à ma mère, progressivement, j’ai amélioré mon standing de vie. J’ai pris un studio et j’ai fait venir ma mère. Elle faisait des va-et-vient avant de s’installer définitivement avec moi. Après le studio où nous étions un peu à l’étroit, nous avons pris un appartement. Au fur et à mesure, j’ai économisé un peu d’argent que j’ai injecté dans les affaires de ma mère. Aujourd’hui, nous réussissons à tirer notre épingle du jeu et nous allons bientôt ouvrir un atelier. Aujourd’hui, je me suis fait un nom dans le mannequinat, les plus grands stylistes font appel à moi.
On dit que vous avez également fait une apparition dans un film…
Effectivement, j’ai joué dans un film comme figurante, mais je n’ai pas persévéré dans le cinéma. Par contre, j’ai fait plusieurs apparitions dans des clips de vidéo. J’ai aussi été «Miss Sahel 2007-2008». En 2011, j’ai été sacrée «Miss University Africa».
Avez-vous eu des difficultés à vous démarquez des autres mannequins ?
Non, pas vraiment ! Je pense que j’avais tous les atouts physiques pour pouvoir percer dans le milieu. Mon ascension s’est faite le plus naturellement du monde. Je n’ai pas eu besoin d’être pistonnée, je me suis imposée toute seule. A mon avis, il ne sert à rien de forcer les choses, car si tu as les prédispositions pour être mannequin, tu peux aller loin. Le tout, c’est d’avoir de la dignité et du caractère pour ne pas se laisser marcher sur les pieds. Je suis sympa avec tout le monde, mais je ne me laisse pas faire. Le mannequinat est un milieu assez dense et il faut garder la tête froide.
Que voulez-vous dire par là ?
Vous savez, dès que les gens savent que vous êtes mannequin, il vous colle aussitôt une étiquette : celle d’une fille facile. Il y a certains hommes riches qui pensent qu’avec leur argent, ils peuvent tout avoir, se payer du bon temps avec des filles connues, comme moi. Ces gens-là, moi, je ne leur accorde que du mépris.
Avez-vous vécu une pareille expérience ?
Oui, certains hommes ont essayé de vive voix, d’autres sont passés par des intermédiaires. Mais, ils en ont pris pour leur grade. J’en suis venue à avoir la réputation d’être une dure à cuire, si bien qu’ils n’osent plus m’approcher, encore moins me parler. Je ne veux même pas avoir affaire avec eux. Car, ces genres de personnes pensent être au-dessus de tout le monde. Le mannequinat est un métier noble, mais malheureusement, c’est à cause de certaines personnes qu’on nous taxe de n’importe quoi. En ce qui me concerne, je n’accepterai jamais qu’on me rabaisse. Mais dans toute règle, il y a des exceptions. Il y a des gens qui sont naturellement bons et qui ne pensent pas uniquement à vous accrocher dans leur tableau de chasse. Je pense à Romain, un bon ami à moi que je ne remercierai jamais assez.
Vous avez la réputation d’être une dure à cuire, cela s’est confirmé avec votre violente dispute avec Ndèye Ndack Touré (mannequin), lors du tournage d’un clip de Aby Ndour. Qu’est-ce qui vous a opposées ?
C’est du passé. Maintenant, nous avons enterré la hache de guerre.
C’est vous qui l’avez attaquée en premier. Pourquoi ?
Effectivement, j’ai été la première à l’attaquer, parce que je n’ai pas supporté qu’elle me rabroue devant tout le monde. Elle avait un problème à régler avec moi, je lui ai demandé d’attendre que je finisse de me maquiller, mais elle n’a rien voulu entendre. Elle me criait dessus, je me suis levée et je l’ai attaquée. Elle est certes mon aînée, mais je n’aime pas qu’on me manque de respect. Lorsque je l’ai attaquée, elle a riposté et nous nous sommes crêpées le chignon.
Quels comptes voulait-t-elle régler avec vous ?
Ce n’était rien de bien méchant, un petit malentendu entre nous. C’était à cause d’un casting pour un défilé que nous pilotions, elle et moi. L’une des filles qui s’étaient présentées n’a pas été prise. Elle est venue me voir et je lui ai dit d’aller voir Ndèye Ndack. Lorsqu’elle est partie, elle a dit à Ndèye Ndack que je lui ai confié que c’était à cause d’elle qu’elle n’avait pas été prise. Elle m’en a voulu, alors que les choses ne s’étaient pas passées de la sorte. Nous nous sommes revues plus tard et elle m’a demandé pardon et depuis, nous gardons de bons rapports.
Une petite projection dans l’avenir, comment vous voyez-vous dans 10 ans ?
Je souhaiterais progresser dans le stylisme et mon commerce. Dans 10 ans, je me vois comme une grande businesswoman. Bien entendu, je voudrais aussi avoir un mari et des enfants comme toute femme.
Avez-vous déjà trouvé chaussure à votre pied ?
Oui, j’ai un petit ami avec qui j’ai construit une solide relation. Tous les deux, nous projetons de nous marier. J’espère que le Bon Dieu nous aidera à accomplir ce projet dans les plus brefs délais. Je le souhaite de tout cœur…
PAR MARIA DOMINICA T. DIEDHIOU
gfm
je ne l’a connais pas, mais j’ai été touché par cet interview, bon courage et bonne chance, brave demoiselle !