Dès la première scène, le ton est donné. On la voit, micro au poing, voix haut perchée, qui chante … Dans ce nganda/maquis/débit de boissons, nombreux sont les hommes venus étancher leur soif, mais aussi admirer la belle Félicité. Elle est bien là, poitrine pigeonnante, ondulant doucement du bassin, ses yeux fixant loin l’horizon, indifférente à la foule d’admirateurs venus lui conter fleurette et qui se battent pour acquérir ses faveurs. Mais quels yeux ! Durant les 2h03 qu’a duré le film, je ne voyais que ses yeux .
En s’y plongeant, on y décèle la résilience, la combativité, le refus de se laisser dicter quoi que ce soit.
Seuls l’intéressent les billets de banque amassés et son fils unique. Mais le sort s’abattra sur elle, avec l’accident de moto dont sera victime son fils chéri. Elle se met à faire la tournée de ses débiteurs, et Félicité usera même de la force parfois pour rentrer dans ses fonds, car l’opération de son fils n’attend pas. Sinon, c’est l’amputation. Après une journée passée à réunir la somme nécessaire, elle arrive trop tard, la jambe abîmée a été coupée. Commence alors une nouvelle phase de sa vie, celle où elle doit tout gérer de front, avec le calme et la hargne qui la caractérisent.
Mais Kipanga a l’habitude. Revenue d’entre les morts, alors qu’elle était sur le point d’être enterrée, elle portera le nom de Félicité …
Cette femme fière et digne tentera tout le long du film de contourner les tentacules de cette immense ville qu’est Kinshasa, car à Kin la Belle, soit on survit, soit on est bouffé. Et ça Félicité l’a bien compris !
Alain Gomis a fait un film puissant, réaliste, mais surtout humain. Car je crois qu’il y a un peu de Félicité en chacun de nous, dans notre aptitude à faire face aux vicissitudes de la vie.
Et que dire de la bande son ! Elle est d’une beauté à couper le souffle !
NFK