Professeur Alpha Amadou SY, pouvez-vous vous présentez aux lecteurs de Xalima.com ?
Philosophe de formation, Formateur au Centre Régional de Formation du Personnel de l’Education de Saint-Louis, auteur de plusieurs livres, je suis le Président du Comité de pilotage du Festival international de poésie
Le Cercle des écrivains de Saint Louis compte organiser du 01 au 03 décembre 2011 la cinquième édition du Festival international de poésie de Saint Louis. Où en sont les préparatifs ?
Pour l’essentiel, nous négocions bien les différentes étapes qui doivent nous mener au 01 décembre. Nous avons élaboré un programme assez bien ficelé, nous avons rencontré les sponsors et surtout les différents chefs d’Etablissements de la commune de Saint-Louis. Ce dernier aspect est déterminant car nos cibles sont principalement dans les écoles, dans les lycées et à l’université. Mais, comme vous le savez, la difficulté c’est que le plus souvent les partenaires réagissent avec un peu de retard. Avec l’expérience acquise, nous faisons avec.
Justement, pourquoi un Festival international de poésie à Saint Louis ?
En vérité, nous avons hérité ce banquet de notre ami, le poète et éditeur camerounais Paul Dakeyo, initiateur du Festival Itinérant de Poésie Internationale en Afrique. Pour avoir réussi la première édition, en 2006, au Sénégal notamment à Saint-Louis, la rencontre est devenue biennale. Les années paires, c’est la fête du Livre, et les années impaires le Festival de poésie. L’objectif est de célébrer la poésie, de permettre aux élèves et enseignants de mettre à profit la présence d’écrivains en chair et en os et de redonner à cet art la place qui lui revient dans une société qui perd de plus en plus le sens du rêve et de l’utopie.
Quelles sont les délégations que vous attendez ?
Grâce à l’appui du Haut-Commissaire de l’OMVS, nous avons pu inviter des écrivains et hommes de lettres du Mali, de la Guinée et de la Mauritanie. Nous aurons aussi la participation de poètes français. Au niveau national, nos amis Sokhna Benga, Amadou Lamine Sall, Marouba Fall , Ely Charles Moreau, Colonel Moumar Guèye et Tafsir Ndiké Dièye, entre autres, nous ferons le plaisir de partager avec nous ces bons moments dans la vieille cité portuaire.
Pouvez-vous nous faire un résumé du programme de cette grande rencontre littéraire et artistique ?
Le moment le plus déterminant est la rencontre élèves- étudiants/ poètes dans les salles de classes. C’est un moment d’échange sublime durant lequel les maîtres du verbe sont face à des adolescents souvent convaincus qu’il n’existe pas d’écrivains vivants. Je revois encore l’émotion des élèves de Saint-Louis en face d’un géant, aussi par la taille que par le talent, comme Paul Dakeyo, déclamant, les larmes aux yeux, Soweto. Je revois le poète japonais Tadjin Tendo, dont la prestation artistique est un spectacle total au cours duquel les mots font chorus avec le mouvement du corps en imprimant au discours une émotivité qui participe d’une subjectivité pas empirique encore moins individuelle mais bien universelle.
Ce programme de rencontres est renforcé par des ateliers d’écriture, des séances d’animation et des concours de poésie, de littérature et de diction.
Professeur, pourquoi avez-vous choisi l’écrivain(e) Aminata Sow Fall comme marraine de cette édition de 2011 ?
ü La tradition instaurée à Saint-Louis a consisté à mettre à profit les différentes rencontres culturelles pour rendre hommage à ceux-là qui, par leur talent et leur sens du partage, ont, à leur manière, contribué à magnifier la liberté et la créativité. Nous avons eu, dans cet esprit à faire de Césaire, Senghor, David Diop, Birago Diop et Damas nos parrains .Mais édifiés par la fin tragique de ce génie des planches que fut Douta Seck, nous avons pris l’initiative de célébrer de leur vivant les créateurs. Ainsi, après Paul Dakeyo, Fatou Niang Siga a été célébrée en 2009. Le choix de Aminata Sow Fall , une des figures de proue de la littérature africaine, native de Saint-Louis, s’inscrit dans cette dynamique consistant à rendre hommage à ces femmes et hommes assez généreux pour prendre le temps de consigner pour la postérité leur lecture certes des angoisses de l’Être humain mais aussi de ses espérances. Qui plus est, elle s’est toujours évertuée à prodiguer des conseils aux membres du Cercle et à les impliquer dans toutes ses initiatives culturelles et intellectuelles, souvent abritées par le CIRLAC (Centre International de Recherches en Littérature, Art et Civilisation).
Qu’est-ce que le milieu scolaire et estudiantin peut tirer de cette rencontre poétique international ?
C’est d’abord un autre mode d’acquisition du savoir qui met l’apprenant en rapport direct avec l’auteur. Il est évident que cette rencontre dans une salle de classe va non seulement rester gravée dans la mémoire de l’élève mais peut l’inciter à s’ouvrir des perspectives dans le domaine de la création. Pour s’en convaincre, il convient de se demander combien d’apprenants ont eu, durant leur cursus, la chance de commercer avec des auteurs.
Il s’agit aussi, pour le CEPS, de joindre l’utile à l’agréable. Ainsi, nous saisissons cette opportunité pour atténuer la difficulté que les enseignants peuvent rencontrer dans l’enseignement des auteurs au programme. Ce souci trouve son expression la plus éloquente dans l’organisation d’une table ronde sur Victor Hugo et Léopold Sédar Senghor des auteurs au programme en terminales.
C’est ce qui explique certainement l’intérêt que la ville de Saint Louis et vos autres partenaires accordent à cet événement… n’est-ce pas Professeur ?
Ah Oui ! Nos initiatives contribuent à prouver le fait que la poésie, loin d’être un art mort, a encore ses inconditionnels. Les personnes qui sont fidèles à ce banquet de ces hommes qui savent dire « ce qui plait au cœur et aux oreilles », pour reprendre Senghor, le nombre considérable de participants au concours de poésie et aux ateliers d’écriture attestent de cet intérêt. Pour nos partenaires, l’engagement est fondé sur la conscience de cette dimension tout à fait positive de notre entreprise. A ce propos, l’appréciation de Monsieur le Haut-Commissaire de l’OMVS, M. Merzoug, est fort révélatrice du rôle que la culture en général et, la poésie en particulier peut jouer dans cette stratégie de mutualisation des énergies des différents peuples de la Sous-région dans la perspective pas seulement d’une croissance, mais aussi d’une élévation de la qualité de vie des populations. Et si nous avons choisi comme thème, cette année, Chants pour le fleuve Sénégal, c’est pour nous inscrire davantage dans cette dynamique
Comment est structuré le Cercle des écrivains de Saint Louis ?
Très légèrement avec un Président, un trésorier et un secrétaire général. Mais, pour les manifestations d‘envergure mes amis me chargent de piloter le Comité d’organisation. Nous allons, sous peu, tenir une assemblée générale pour revoir tout cela car le Cercle est en train de s’agrandir, ce qui impose un renouvellement des instances à la lumière de l’expérience acquise au cours de cette dernière décennie.
Organise-t-il d’autres événements culturels en dehors du Festival international de poésie ?
Comme dit, plus haut, le Cercle organise le Festival, en alternance avec la Fête du livre, et ce depuis 2008. Ce salon du livre, qui se tient en plein air au cœur de la ville de Saint-Louis, est un autre moment de communion des populations avec le livre et l’écriture. Cette activité est organisée en partenariat avec nos amis de l’Association Colères du présent, qui sont d’Arras dans la région Nord- Pas de Calais. Aujourd’hui, nous attendons l’aval du Conseil Régional de Saint-Louis pour signer une convention qui nous dispensera de devoir, chaque année, formuler une demande de soutien ou de courir derrière des sponsors. Par ailleurs, le CEPS, en collaboration avec le Centre Culturel régional, organise des activités culturelles à l’occasion de la journée du livre et de celle de l’écrivain africain. On peut aussi mettre à l’actif du CEPS l’organisation de séances de dédicaces pour non seulement les auteurs de Saint-Louis mais aussi pour ceux qui nous font l’honneur de nous associer à la promotion de leurs ouvrages dans notre ville. L’année dernière nous avions initié le projet consistant à inscrire dix élèves choisis parmi les établissements les plus assidus à nos manifestations, à la médiathèque de l’Institut français de Saint-Louis qui demeure l’un de nos partenaires privilégiés. Nous envisageons aussi de former nos différents membres dans le travail d’encadrement des ateliers d’écriture.
Professeur Alpha Amadou SY, Xalima.com vous remercie.
Mes remerciements à Khalima !