(APS) – Les syndicats sénégalais ont entamé samedi diverses manifestations notamment des défilés à pied ou motorisés au centre-ville de Dakar, tandis que d’autres mènent dans leur coin la réflexion, pour célébrer la fête du travail, a constaté l’APS.
Sur le boulevard de la République qui mène au Palais présidentiel, les syndicats d’éboueurs ont ouvert la marche. Bruyamment, ces travailleurs ont à coups de klaxons marqué leur passage par une procession de camions de ramassage.
Ces derniers temps, des protestations ont surgi dans le secteur du nettoiement. Après les contrats de travail et le paiement des salaires des travailleurs, leurs patrons, des concessionnaires locaux se sont fait entendre pour dénoncer une discrimination à leur égard.
Dans un amphithéâtre de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, la Confédération des syndicats autonomes (CSA), la Fédération générale des travailleurs du Sénégal (FGTS) et l’Union des travailleurs du Sénégal (UTS) sont ensemble pour échanger sur la précarisation de l’emploi.
La fête du travail est célébrée cette année dans un contexte de suspicion entre partenaires sociaux, en raison du débat anticipé sur la modification du contrat à durée déterminée (CDD), un projet de réforme prêté au gouvernement.
A ce niveau, aucun démenti clair sur les intentions des autorités n’a fait jour pour lever les équivoques sur une réforme qui viserait certaines dispositions clés du Code du travail : la limitation du nombre de renouvellement du contrat à durée déterminée.
Une révision du Code du travail obéissant à la logique de ‘’la flexibilité de l’emploi’’, en vue d’attirer l’investissement privé surtout étranger dans le pays, est cependant considérée par les syndicats de travailleurs comme de nature à fragiliser l’emploi salarié au Sénégal.
Pour sa part, le ministre de la Fonction publique, du Travail, de l’Emploi et des Organisations professionnelles, Diakaria Diaw est intervenu vendredi soir sur la RTS1, la télévision publique, pour préciser qu’il n’y a rien d’arrêter dans ce débat.
Ces derniers mois, le Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, a multiplié les audiences avec les partenaires sociaux, en particulier les syndicats de travailleurs et les organisations patronales pour renouer le dialogue social, en panne depuis quelques années.
Toutefois, dans plusieurs déclarations, les autorités sénégalaises, le président de la République, Abdoulaye Wade, en particulier ont fait part de leur volonté de vivre une année avec ‘’zéro turbulence sociale’’.
De leur côté, les syndicats appellent au respect des engagements gouvernementaux. Les secteurs les plus agités sont notamment ceux de l’éducation, de la santé, des hydrocarbures, de la justice. Ironie du sort, les inspecteurs et contrôleurs du travail donnent de la voix.
Souvent, les centrales syndicales sénégalaises couvrant ces secteurs socio-professionnels ont rappelé la nécessité pour l’Etat de respecter ses engagements en appliquant les accords que ses représentants ont signés, les concernant.
En Afrique subsaharienne, le Sénégal bat des records en terme de ratio montrant une forte agitation syndicale à cause de la prolifération des syndicats d’employés : une vingtaine de centrales syndicales, plus de 252 syndicats et quelque 200.000 emplois salariés.
Par ailleurs et pour diverses raisons alléguées de part et d’autre, entre l’Etat et les syndicalistes, les élections de représentativité syndicale ressemblent à un serpent de mer : annoncées à maintes reprises, mais jamais tenues.