Bachir Saleh, soupçonné par Mediapart d’être l’intermédiaire entre l’ancien président français et le colonel Kadhafi dans l’affaire du financement de la campagne de 2007 et recherché par l’organisation de coopération policière internationale Interpol, a été aidé par les autorités françaises de diverses manières, et ce, jusqu’à son départ du pays début mai. Les sites Internet L’Express et Mediapart publient de nouveau documents qui accréditent cette idée.
Bachir Saleh ex-directeur de cabinet du colonel Kadhafi, se trouvait, comme nous l’expliquions dans nos colonnes, en France et sous protection policière fin avril. Selon L’Express, il aurait quitté Paris début mai « sans être inquiété » grâce à un passeport diplomatique de complaisance établi à la demande des autorités françaises alors qu’il faisait l’objet d’une notice rouge diffusée sur Internet par Interpol.
Un passeport « à la demande du gouvernement »
Selon l’hebdomadaire qui cite deux sources nigériennes « très informées » le passeport fourni est un « titre fictif ». Il est écrit que Saleh est « conseiller à la présidence du Niger », une fonction qui ne correspondrait selon les deux sources à aucun poste réel. Il aurait par ailleurs été établi « à la demande du gouvernement français ».
Nicolas Sarkozy avait assuré, le1er mai, que l’ex-dignitaire libyen serait arrêté « s’il est recherché par Interpol », et trois jours plus tard, Claude Guéant avait annoncé qu’il serait arrêté « dès qu’il serait découvert ». Mais le jour même des promesses de Sarkozy, Bachir Saleh discutait dans les salons de l’hôtel Ritz avec Dominique de Villepin et Alexandre Djouhri, un autre personnage sulfureux.
Partenariat stratégique entre la France et la Libye
Mediapart affirme de son côté que l’Élysée serait intervenu en faveur de Bachir Saleh pendant l’été 2008, pour faciliter la naturalisation de sa femme, en dépit du fait qu’elle ne remplissait pas les conditions nécessaires. Kafa Kachour aurait acquis la nationalité française en trois mois grâce à l’intervention répétée d’abord de Boris Boillon, à l’époque conseiller du Président de la République pour la zone Afrique, Proche et Moyen-Orient, puis de la présidence de la République elle-même.
A l’appui de ses révélations Médiapart publie plusieurs documents, dont plusieurs lettres de la fonctionnaire chargée d’instruire les dossiers de naturalisation et qui fait part de ses réticences quant à la validation de ce dossier, ainsi qu’une lettre du sous-préfet de l’Ain Olivier Laurens-Bernard adressée à l’Elysée et qui fait part des mêmes réticences. Mediapart publie enfin la note de la présidence de la république, qui recommande « d’étudier avec bienveillance le dossier de Mme Bachir (…) en raison de l’importance du partenariat stratégique entre la France et la Libye ». La naturalisation sera finalement prononcée par décrêt le 12 novembre 2008.
huffington post