Abdou Ndukur Kacc Ndao
Notre République dans une hypocrisie mal feinte a fini de sacrifier Lamine pour ne pas s’approprier le Diack-pote. Elle est devenue subrepticement si oublieuse de ses transactions souterraines connues de tous les cercles de la classe politique et civile. Il est vrai que le déni de la réalité relève aussi d’une real politique toujours capable de sacrifier sur l’autel les plus imprudents. Diack a eu le Diack-pote. Pour lui-même. Sans doute. Mais aussi pour ses potes qui ne veulent pas subitement être associés aux pots aux roses. La conglomération des initiés saura prodiguer les sacrifices nécessaires pour que le pot aux roses des potes soient circonscris aux Diack.
C’est sans compter avec les dossiers brulants que détiennent les Diack qui, comme un juge d’instruction, mettent progressivement aux défis, des délinquants momentanément amnésiques de leurs forfaitures. Diack père a suffisamment de relais pour se rappeler aux bons souvenirs d’une classe politique décidée à jouer aux immaculés.
En cinquante ans de présence, les cercles majoritaires de la classe politique actuelle savent que le financement de leurs partis politiques a souvent pris des chemins peu vertueux. Il est évident que leurs alto égo de la société civile ne sont pas si exempts de tortuosité. Le débat attendu et maintes fois repoussé sur le financement des partis ne peut pas être une opposition manichéenne entre Dieu et le diable, la société politique et civile, les partis politiques et les associations caritatives religieuses. L’opacité reste le critère déterminant qui touche les plus caciques, prompts à crier à la transparence au moment où personne ne sait d’où viennent leurs financements. Le débat gagnerait en clarté et utilité si nous arrêtions de tirer seulement sur les « cadavres politiques ». Les boulevards souterrains sont si larges et tentaculaires qu’ils ont fini d’enrôler des classes politiques, civiles, religieuses chantres de la droiture.
Dans le passé, le présent récent, ailleurs, sans doute ici, nous avons des exemples de collision entre des révolutionnaires marxistes ou d’autres obédiences idéologiques et la CIA, la DSGE, et autres services occultes. Des partis continuent d’être financés à travers le monde par l’argent de la drogue et du terrorisme, loin des indiscrétions et naïvetés de peuples manipulés et relégués à la périphérie. Notre dernière campagne électorale présidentielle nous a révélé subitement des candidats riches comme Crésus. Pourtant, quelques années auparavant, ils vivaient dans la promiscuité, dans des appartements dakarois de bas de gamme. S’ils étaient connus comme des hommes d’affaires, créateurs de richesses, les imaginaires auraient accepté ces richesses insolentes qui exercent une grande violence symbolique sur des gorgorlous en quête de DQ sur fonds de rêve illusoire d’autonomie résidentielle à 50 ans révolus.
Notre classe politique, civile, religieuse peut toujours feindre d’être vertueux dans le financement de ses activités. En réalité, la bombe lancée par Diack est une véritable lapalissade connue dans ses moindres détails par l’ancien président déchu, Abdoulaye Wade. Dans le secret de sa conscience républicaine, il aurait pu aussi éclabousser une république de voyous qui adorent le fric. Diack en se dédisant dans des termes qu’il faudra valider après lecture de la totalité du PV et de l’évolution de l’enquête nous a rappelé les limites morales de la politique.
La lapalissade de Diack dépasse objectivement le président Macky qu’il soit ou non lié à cet événement. Elle engage toute la société civile y compris le financement des assisses nationales chantre d’une république nouvelle vertueuse. L’argent sale de Diack a-t-il été mis dans cette « entreprise de vertueux » ? La question concerne tous les autres segments d’une classe politique et civile qui joue sa crédibilité. Sinon, nous passerions d’un système de financement vertueux à un ver tueur. Car le ver est vraiment dans le fruit. De toute façon, si tel est le cas, Diack ne nous aura rien appris. Sinon confirmer que les salauds sont encore bien au cœur de nos appareils.
ANKN