Marième Faye Sall, Diary Sow, Kamala Harris. La première nommée est la Première Dame du Sénégal. La troisième est la Première femme Vice-présidente des États-Unis, doublée de première citoyenne américaine d’origine noire et asiatique à accéder à cette fonction. La seconde, « Première élève du Sénégal », est entre les deux. Diary Sow dans un tiercé gagnant avec Marième Faye Sall et Kamala Harris ? C’est tout le mal qu’on souhaite à celle que nous appelons affectueusement « la petite Diary ».
Kamala, Marième, Diary : difficile d’échapper aux trois, cette semaine. Trois femmes que tout sépare. Que tout unit également. Trois femmes « puissantes », chacune dans son rôle, dans sa fonction et à sa manière avec des fortunes diverses. L’épouse du président de la République du Sénégal s’est illustrée dans un entretien de clarification avec la chaine de télévision publique, RTS. Un message semblait lui tenir à cœur face à notre consœur Seynabou Diop. Marième Faye Sall s’évertuait à dire qu’elle n’en pouvait plus d’être le prétexte d’un trafic d’influence par le biais de sa fondation Servir le Sénégal. Et plus grave, de faux comptes sur les réseaux sociaux. Même son état de santé mentale n’a pas été épargnée. La First Lady sénégalaise n’a pas manqué de le relever et de s’en offusquer. Avec le sourire, s’il vous plaît. Quant à la benjamine, Diary Sow, elle continue d’être au centre de toutes les supputations depuis que son absence a été constatée par son école en France. Plus chanceuse que les deux Sénégalaises, l’ancienne Procureure de Los Angeles, Kamala Harris a été investie comme Vice-présidente des États-Unis aux côtés de son colistier, le Président Joe Biden. Ils forment ainsi le nouveau couple démocrate à la Maison blanche en remplacement de l’infernal tandem républicain, Donald Trump-Mike Pence.
Deux grandes dames et une jeune fille à l’envie commune : être maîtresses de leur présent et de leur destin. Pour Kamala Harris, l’heure est aux éloges et au déroulement du tapis rouge. En revanche, pour Marième Faye Sall et Diary Sow, on a envie de dire : lâchons-leur les baskets maintenant ! Et souvenons-nous des propos graves dans des circonstances graves d’un certain François Mitterrand : « toutes les explications du monde ne justifieront pas qu’on ait pu livrer aux chiens l’honneur d’un homme et finalement sa vie… » On est loin de vivre un tel drame dans notre pays. D’ailleurs, prions de ne jamais le vivre. Gardons-nous cependant de salir « l’honneur d’une femme ». Cela peut mener très loin.
Le drame de la femme, c’est qu’elle est encore considérée dans de nombreux pays comme un faire-valoir si elle n’est pas tout simplement un instrument de mesure pour les hommes. Chez nous, cette femme continue d’être stigmatisée. N’a-t-on pas entendu tout récemment un député défendre, sans ciller et avec une hargne déplacée, en parlant de l’ancienne Premier ministre Aminata Touré, que jamais au Sénégal une femme ne sera présidente de la République ! Et pourquoi ? Parce qu’elle est femme, tranche le parlementaire comme une sentence. Un honorable député qui a sans doute oublié que c’est l’Assemblée nationale qui a elle-même voté, il y a quelques années, la loi instaurant la parité absolue homme-femme dans les institutions électives ou semi-électives. Un acquis majeur qui sanctionne la longue marche des femmes, telles Caroline Faye, Maïmouna Kane, Mantoulaye Guène, Adja Arame Diène et autres Marie-Angélique Savané. Donc, les femmes sont rarement jugées pour leurs compétences et pour ce qu’elles sont mais toujours par rapport aux hommes ou à des situations. Le 8 Mars viendra et on fera encore semblant de les célébrer.
Mamoudou Ibra Kane
Journaliste