Ville bunker, ville bazar, cité de tous les excès… les mots ne sont pas de trop ; comme les maux. Et, c’est à croire que la ville de demain est sans avenir. A la moindre catastrophe, tout est bloqué. En cas d’alerte climatique, de tempête, de séisme, c’est le grand affolement. A Dakar comme à Johannesburg, les problèmes face à une planète en folie sont les mêmes. Les réponses bien maigres. Comment faire dans ce contexte pour modeler et restructurer le Dakar de demain ?
Une dynamique essentielle est aujourd’hui devenue une dure réalité à prendre en compte en matière d’urbanisation, à savoir que depuis des années, les villes concentrent plus de la moitié de la population mondiale. Et à l’horizon 2050, les espaces urbains devraient réunir près ou plus 2/3 de la population mondiale ; ce qui devrait générer encore quelque 70% des émissions de gaz à effet de serre. Que va faire l’humanité face à un tel phénomène ?
Pour rappel, le dernier Forum urbain mondial qui s’est tenu à Rio de Janeiro du 21 au 26 mars 2010 a reposé le problème de la nécessité d’un éveil des consciences. Celui de Nanjing en Chine en décembre 2008, à l’initiative de l’Organisation des Nations Unies pour les Etablissements humains, aussi a essayé de poser les bonnes questions face à une problématique inévitable. Tous les deux forums ont permis d’insister sur un appel qui dérange encore groupes et lobbies de la ville gigantesque ouverte à toutes les formes de modernité sans contrôle. La ville de demain, c’est encore loin pour eux. Celle d’aujourd’hui, malgré ses traits modernes n’est pas aussi mal qu’on ne le pense. Alors que faire ?
Surtout éviter les rafistolages du genre qui servent à préparer le III ème Festival mondial des arts nègres qui veut rafraîchir le temps d’un mois les façades pourries de la vieille ville. Une véritable gageure. On peint à tout va un peu partout. On change les murs, du côté du centre culturel Blaise Senghor, chez Léopold Sédar Senghor, une villa avec son mur secoué par les fortes pluies de ces dernières années. Une vision qui illustre aussi la mémoire courte des autorités sénégalaises qui préfèrent le folklore du neuf à la maintenance des ouvrages du passé.
A Dakar, comme dans nombre de villes ouest-africaines, cette question risque de ne pas trouver une bonne réponse. Dans le court terme, non sans doute. Dans le moyen terme, les études n’existent pas encore ou sont très parcellaires. Obsédés par le projet des Objectifs du Millénaire pour le Développement (Omd), les villes africaines et leurs élus n’arrêtent plus de s’essouffler. Dire que les effets déjà perceptibles du changement climatique ne les préoccupent pas serait faux.
Que font les pouvoirs publics face à ces fléaux ? Peu de choses. La ville intelligente n’est de notre monde, il semble. Il ne fait pas partie d’aucun projet des élus. Et dans une ville comme Dakar, l’Etat fait ce qu’il veut des espaces de vie. Il y a quelques mois d’ailleurs, l’Etat a soulevé une autre grosse pierre pour faire dans la mode environnement, avec la création future des éco-villages. A quoi devraient-ils servir ? Quelle est leur fonction ?
Pour certains, là n’est pas le vrai problème de la ville. En réalité, cette histoire d’éco-village ressemble à une farce dont le lancement souvent différé depuis six mois, en dit long sur la bonne foi des concepteurs du projet.
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