XALIMANEWS-Le dernier rapport de la FIFPRO met en lumière les risques physiques auxquels sont confrontés les footballeurs professionnels, en raison de l’augmentation constante du nombre de matches. Alors que l’institution mondiale du football n’a pas encore réagi, les préoccupations grandissent au sein des clubs et, surtout, parmi les joueurs eux-mêmes.
Ce rapport, publié par la FIFPRO, syndicat international des joueurs professionnels, souligne l’inquiétude croissante quant à la surcharge de travail imposée aux joueurs, mettant en exergue comment les exigences toujours plus élevées des compétitions nuisent à leur santé et à leur bien-être. L’étude intitulée « Player Workload Monitoring » (PWM) pour la saison 2023-2024 révèle que certains joueurs disposent de moins d’une journée de repos par semaine, une situation en contradiction avec les normes internationales en matière de santé et de sécurité.
Pour illustrer cette problématique, la FIFPRO cite trois exemples concrets. Julián Álvarez a participé à 75 matches et reçu 83 convocations la saison passée avec Manchester City et l’équipe nationale d’Argentine. Takumi Minamino n’a bénéficié que d’un seul jour de repos après son dernier match avec le Japon en Coupe d’Asie, avant de reprendre immédiatement avec son club à Monaco. Quant à Cristian Romero, défenseur de Tottenham et de l’équipe argentine, il a parcouru plus de 162 000 kilomètres pour ses obligations professionnelles durant la saison 2023-2024, souvent à travers plusieurs fuseaux horaires.
Stéphane Burchkalter, secrétaire général par intérim de la FIFPRO, a appelé les instances du football à réagir sans délai et à adopter des mesures visant à protéger le bien-être des joueurs. « Nous demandons aux autorités de régulation d’intervenir de toute urgence pour instaurer des règlements et des procédures collectives garantissant le bien-être des joueurs. Leur santé physique et mentale doit devenir une priorité, si nous voulons préserver l’intégrité du jeu. La surcharge du calendrier pousse les joueurs à leurs limites et empiète sur leur vie privée. Il est impératif de limiter les déplacements, d’assurer des périodes de repos et de permettre une récupération adéquate, afin que les joueurs puissent maintenir leur meilleur niveau de performance », a-t-il insisté.
Le rapport PWM, qui s’appuie sur l’analyse de plus de 1 500 joueurs, indique que 54 % d’entre eux souffrent d’une surcharge de travail, et près d’un tiers participent à plus de 55 matches par saison. De plus, beaucoup ont dû enchaîner six semaines consécutives de matches sans interruption, ce qui complique sérieusement leur récupération. L’étude met également en lumière le rôle crucial des compétitions internationales dans cette pression croissante. Pour les joueurs les plus sollicités, 30 % des matches disputés sont des rencontres internationales, ajoutant à leur charge un engagement considérable hors des compétitions avec leur club. L’absence de contrôle adéquat sur les questions de santé et de sécurité au travail dans le football devient évidente. Le fossé entre ceux qui organisent les compétitions et ceux qui les disputent ne cesse de se creuser.
Les projections pour les saisons 2024-2025 et 2025-2026 prévoient une congestion encore plus marquée du calendrier, en raison de l’expansion des compétitions internationales, notamment avec la Coupe du Monde des Clubs. Le nombre de matches pour certains joueurs pourrait atteindre voire dépasser 80 rencontres par saison, comme ce pourrait être le cas pour Federico Valverde (Real Madrid/Uruguay), Nicoló Barella (Inter Milan/Italie) ou encore Phil Foden (Manchester City/Angleterre).
Alexander Bielefeld, directeur de la politique mondiale et des relations stratégiques de la FIFPRO pour le football masculin, a déclaré : « Le fossé entre ceux qui planifient les compétitions internationales et ceux qui les disputent n’a jamais été aussi grand, comme le montrent les récentes déclarations des joueurs et des entraîneurs en ce début de saison. Il est essentiel de réduire cet écart et de replacer la santé, le bien-être et la performance des joueurs au cœur des priorités. »
Afin d’appuyer ses conclusions, la FIFPRO a mandaté une étude indépendante auprès des chercheurs de l’Université KU Leuven en Belgique. Cette étude examinera de manière critique si, et comment, les normes de santé et de sécurité au travail sont appliquées dans l’industrie du football. Les résultats seront dévoilés dans les semaines à venir.