La mer déchaînée n’a rien épargné. De la baie de Hann à celle de Saly, c’est un littoral ravagé par la houle et la pluie. A Sendou, petit village érigé en commune en 2011, le décor revêt celui d’une Venise tropicale.
La houle, qui s’est abattue lundi sur la Petite Côte, a apporté son lot de calamités sur la terre ferme. Pontons emportés, seuils de maisons défigurés et routes engluées sont légions sur cette partie du littoral national. Sans revêtir les caractéristiques d’une catastrophe sans précédent malgré les nombreux sinistrés, la furie maritime a transformé le décor d’habitude si langoureux de la route de Yenne. Autour du village de Sendou, c’est une véritable lagune qui a pris forme encerclant les villas par-delà la route du littoral qui désormais peuvent se targuer d’être «les pieds dans l’eau».
Sur le front de mer, prisé pour abriter les résidences secondaires de nombreux Dakarois, les maisons entretenues par leurs propriétaires ont tenu le coup à l’inverse de celles délaissées qui n’en finissent plus d’être défoncées par l’érosion lancinante. Jean-Paul Difolco, propriétaire depuis 1995 d’une petite maison sur la rive, est venu voir l’avancement de la digue qu’il a entreprise de renforcer il y a un mois. Se réjouissant d’avoir pris les devants d’un hivernage qui s’avère des plus rigoureux, il fait le constat suivant : «Au-delà du phénomène naturel, il y a la prévarication d’un certain nombre de propriétaires et d’entrepreneurs qui n’ont pas hésité à extraire des tonnes de sable des plages à coups de charrettes entières.» Ce pillage massif contribue à l’affaiblissement du littoral devant la furie de la mer qui avance sans cesse ne laissant comme défense que la construction de digues qui cèderont tôt ou tard. Installé d’ordinaire à Saly, l’homme se veut sans ambages : «Les hôtels de Saly ainsi qu’une grande partie des maisons de Mbour se sont construits avec le sable du rivage de la baie.» L’homme, venu lui prêter main forte, l’eau devient maîtresse d’un littoral de plus en plus submergé annonçant au fil des années l’imminence d’une catastrophe.
Le Quotidien
